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Afdi : quels enjeux pour l’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest ?

Le 9 mai dernier, des étudiants d’UniLaSalle intervenaient sur la question de la sécurité alimentaire en Afrique de l’Ouest. Retour.

De gauche à droite : Francis Willequet, Mambo Akoun, Julien Zamuangana et Abdoulaye Diakite.
De gauche à droite : Francis Willequet, Mambo Akoun, Julien Zamuangana et Abdoulaye Diakite.
© F. G.


Qu’est-ce qui se cache derrière le terme sécurité alimentaire ? Selon la définition donnée lors du Sommet mondial de l’alimentation, à Rome, en 1996, la sécurité alimentaire concerne «tous les êtres humains (...) à tout moment (...), avec accès physique et économique (...), une nourriture suffisante, saine et nutritive (...), besoins énergétiques (....), préférences alimentaires (....), vie saine et active».
Une sécurité alimentaire loin d’être acquise sur la planète, où l’insécurité alimentaire concerne une moyenne de près de 13 % de la population mondiale. Vingt-trois pays dépassent même cette moyenne, puisque l’on constate que 20 % d’entre eux ont une population qui souffrent de sous-alimentation. Parmi ces pays, l’Afrique. Vingt millions d’Africains seraient en insécurité alimentaire aiguë.
Or, l’Afrique, comme l’Asie du Sud connaissent une croissance démographique accélérée, particulièrement dans les villes. «Face à cette explosion démographique urbaine mondiale, un énorme défi technique, social, mais aussi de gouvernance est à relever», précise Francis Willequet, qui dirige le master «Sécurité alimentaire» à UniLaSalle Beauvais.
Une des réponses ? Le développement de l’agriculture familiale, «qui peut contribuer jusqu’à 75  % de l’apport alimentaire effectué auprès des villes», ajoute-t-il. Et de préciser qu’il n’y a pas une agriculture familiale, mais des agricultures familiales (agriculture paysanne, agriculture familiale diversifiée, agriculture familiale spécialisée, etc.). Reste que les choix politiques des pays d’Afrique de l’Ouest peuvent peser lourdement sur leur développement. Autre paramètre de taille : la structuration des organisations paysannes, loin d’être acquise dans certains pays.

L’agriculture familiale en Afrique de l’Ouest
Ainsi, en Côte d’Ivoire, la volonté du gouvernement est de développer autant des agricultures d’exportation que des cultures vivrières. «Mais le système agricole est fragile au vu des fluctuations des prix sur les marchés, et l’insécurité alimentaire s’est installée, comme l’ont révélé les émeutes de la faim en 2008», rappelle Mambo Akoun, d’origine ivoirienne, et ingénieur agronome. Une insécurité alimentaire redoublée avec le boom démographique qu’a connue le pays, passant de 5,1 millions d’habitants en 1960 à 23,5 millions d’habitants en 2015.
Pour faire face à cette problématique, le gouvernement a changé son fusil d’épaule en matière de politique agricole, privilégiant depuis l’agriculture familiale et la diversification des systèmes agricoles afin de favoriser les petits agriculteurs. Trois orientations ont été prises dans ce sens : la mise en place d’un programme national d’investissements agricoles, le développement des techniques agricoles, et la création d’écoles familiales agricoles. «Mais, sur le terrain, ces orientations politiques ne se traduisent pas vraiment, et l’accaparement des terres par le privé se poursuit», relève Mambo Akoun.
En République démocratique du Congo, l’insécurité alimentaire est tout aussi présente. Et, comme en Côte d’Ivoire, ce pays a connu un boom démographique avec une population passant de 59 millions dans les années 1960 à 97 millions en 2015. «Dans mon pays, raconte Julien Zamuangana, étudiant en master «Sécurité alimentaire» à UniLaSalle, l’agriculture familiale est prépondérante. Plus de 70 % de la population vit de cette agriculture. Mais, malgré les potentialités agricoles de mon pays, avec ces 80 millions d’hectares mécanisables, celui-ci souffre de malnutrition.» Les causes ? Les catastrophes naturelles, les guerres, l’absence de transformation des produits agricoles, l’insécurité foncière, la dégradation des structures économiques, l’accès limité aux marchés faute de routes, la faiblesse des organisations professionnelles agricoles. «Chacun travaille en vase clos», regrette Julien Zamuangana.
Tout comme en République démocratique du Congo, l’agriculture de la Guinée-Conakry se structure autour d’une agriculture traditionnelle, purement familiale. Aucune organisation professionnelle n’existe. Pourtant, là encore, les richesses ne manquent pas dans ce pays de près de 17 millions d’habitants. «Dans notre pays, on a tout, mais on n’a rien», s’agace Abdoulaye Diakite, originaire de Guinée et préparant le master sur la «Sécurité alimentaire» à UniLaSalle.
Pour lui, l’insécurité alimentaire est avant tout provoquée par les choix politiques, le gouvernement préférant développer une politique minière qu’agricole, laissant ainsi sur la touche nombre de ses habitants. De ce fait, «personne n’est motivé pour aller vers l’agriculture alors que nous avons des plaines vastes et très riches, et l’Etat n’investit pas dans ce domaine», déplore-t-il.
Aussi, lui, comme ses camarades, s’investissent pour défendre une agriculture familiale dans leurs pays respectifs afin de faire reculer l’insécurité alimentaire et la pauvreté de leurs concitoyens. Un combat auquel les Etats n’échapperont pas au vu de la croissance démographique accélérée de leurs pays.

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