AG de l’ASBS : de sombres auspices pour la filière betteravière
L’ASBS a tenu son assemblée ce lundi 4 juin. La centaine
de planteurs s’est exprimée en huis clos sur la conjoncture et l’attitude à adopter face aux groupes sucriers.

L’ASBS (Association syndicale betteravière de la Somme) aura tenu sa dernière assemblée générale sous ce nom, sous de sombres auspices pour la filière betteravière. En effet, bon nombre des questions du huis clos ont porté sur la dégradation des relations entre groupes sucriers et planteurs dans un contexte de prix de sucre ne donnant aucune lisibilité à terme aux planteurs.
Dans le viseur, principalement, le groupe Cristal Union, qui a annoncé ne plus donner de prix minimum garanti de la betterave pour la récolte qui est en terre, et Saint Louis Sucre, qui n’apporte aucun élément d’assurance sur le prix payé au planteur. L’unanimité des interventions a porté sur la volonté de durcir le rapport de force, tant le sentiment de «se faire mener en bateau» est partagé, que ce soit en secteur privé ou coopératif.
Pour Saint Louis Sucre, Dominique Fievez, président de l’ASBS, a indiqué que les relations étaient devenues impossibles avec le groupe sucrier privé, et qu’il fallait changer d’angle d’attaque. Quant à l’annonce de Cristal Union, il estime que si l’acheteur ne respecte plus son contrat sur le prix, il n’y a aucune raison pour que le producteur ne le respecte de son côté et emblave les surfaces. Une vraie question en l’air pour la future campagne.
Et ce, d’autant plus, qu’après la réforme du secteur sucrier, la filière avait fait un grand bond de production en 2017 : la surface betteravière a bondi de 30 % en atteignant 53 000 ha, le rendement a atteint le record de 95,1 t (à 16°, décolletées), et donc la production a dépassé les 5 millions de tonnes… de quoi remonter les producteurs en perspective des futures actions syndicales.
Une dérogation pour les néonicotinoïdes ?
Enfin, le syndicalisme s’exprime aussi face aux pouvoirs publics. C’est ainsi que l’ASBS a poursuivi un lobby ciblé sur les contraintes environnementales : si l’Europe a interdit les néonicotinoïdes, la filière betteraves cherche à obtenir une dérogation, rappelant que «les betteraves ne fleurissent pas et qu’il n’y a aucune incidence pour les abeilles». Une action qui, à ce jour, à recueilli le soutien officiel de 218 maires de la Somme (900 à l’échelle des Hauts-de-France), et que la CGB Hauts-de-France défendra en préfecture de Région dans les prochains jours.
La betterave samarienne, en chiffres
3 200 planteurs
53 000 hectares, soit 16,5 hectares en moyenne par exploitation (+ 30 % par rapport à 2016)
11,5 % des surfaces agricoles du département
95,1 tonnes de rendement de betteraves à 16° par hectare
14 tonnes de rendement en sucre blanc par hectare
5 millions de tonnes de betteraves produites
3 filières : le sucre blanc, l’alcool et la matière sèche de pulpes destinées à l’élevage
500 emplois en sucrerie et 800 pendant la campagne
L’ASBS devient CGB Somme
Ce fut la dernière assemblée pour l’ASBS, car une des premières résolutions a été de modifier la dénomination du syndicat betteravier, pour choisir le sigle CGB Somme (CGB : Confédération générale des betteraviers). La démarche est également adoptée par l’ensemble des syndicats betteraviers de France, et trouve une résonance à l’échelle régionale. Guillaume Gandon est ainsi l’élu représentant la CGB Hauts-de-France, qui unit les syndicats betteraviers à l’échelle de la région administrative.
Une charte CGB Somme - JA
Dans le but de favoriser les démarches d’accueil de jeunes dans les filières, la CGB Somme et JA Somme ont établi une convention partenariale dans laquelle les structures renforcent leurs partenariats (formation, appui, etc.). Dans ce cadre, la CGB Somme propose une ristourne de 20 % aux structures agricoles comportant un adhérent de JA. La charte a été signée par Dominique Fievez, président de la CGB Somme et Paul Sannier, administrateur JA Somme.