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Appel à l’union de tous les producteurs laitiers européens

Un manifeste à destination de tous les éleveurs laitiers européens a été lancé par la FNPL le mardi 31 mai.

Thierry Roquefeuil, président de la FNPL au centre, entouré de son secrétaire général, André Bonnard, et de sa première vice-présidente, Marie-Thérèse Bonneau.
Thierry Roquefeuil, président de la FNPL au centre, entouré de son secrétaire général, André Bonnard, et de sa première vice-présidente, Marie-Thérèse Bonneau.
© AAP


«Cela fait pas mal de temps que l’on disait qu’il fallait des outils en cas de crise. Mais on nous répondait que les marchés étaient fabuleux, qu’ils se régulaient tout seul. Avec le recul, malheureusement, nous avions raison !», lâche Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) à l’occasion d’une conférence de presse, le mardi 31 mai. Fustigeant «l’attentisme de la Commission européenne (CE)» face à la crise, les représentants de la FNPL ont décidé de prendre l’initiative une nouvelle fois, après la création du pacte laitier et de la charte des valeurs, avec le lancement d’un manifeste à destination de l’ensemble des producteurs européens.
Observant une Commission «complètement déphasée» et constatant «une véritable guerre du lait en Europe», la FNPL en appelle donc directement aux producteurs des vingt-huit Etats membres pour bâtir une stratégie commune. Et les choses semblent bouger au-delà des frontières hexagonales. Les récentes déclarations des députés européens, qui, pour certains, revendiquaient encore, il y a peu le système de régulation par les marchés en faveur d’un changement de méthode, témoignent des évolutions qui s’opèrent en Europe. Si des pays comme l’Italie, la Finlande, la Roumanie, la Belgique soutenaient déjà la démarche, «en Allemagne et en Irlande, les choses bougent», annonce Thierry Roquefeuil, qui rappelle qu’en «Irlande, ils sont à 180 euros/1 000 l !».
En ce qui concerne les Pays-Bas et le Danemark, les choses restent néanmoins compliquées. «Dans ces deux pays, on a affaire à des entreprises et non à des Etats», regrette Thierry Roquefeuil, qui prévient d’ores et déjà que «les combats syndicaux risquent de s’accentuer dans les prochaines semaines». Sur le marché intérieur, deux problèmes majeurs persistent. «La restauration hors foyer et l’utilisation du fromage ingrédient par les industriels de l’agro-alimentaire», précise André Bonnard, secrétaire général de la FNPL. Le marché de ce dernier représenterait cinq milliards (Md) de litres de lait. Or, aujourd’hui, quatre milliards sont importés. «Là, il y a un vrai sujet», souligne-t-il. L’objectif à court-terme de ce manifeste est de faire pression sur le prochain Conseil européen des ministres de l’agriculture, le 30 juin prochain.

Pression sur le Copa-Cogeca
Pour faire entendre sa voix, la FNPL interpelle le Copa-Cogeca, le Comité des organisations agricoles des producteurs et des coopératives au niveau européen. «Il y a une alternative voulue. Et le Copa-Cogeca doit fédérer cette démar­che», fait valoir Thierry Roquefeuil. La FNPL souhaite que son message soit plus ouvertement exprimé par l’institution, véritable point de ralliement des producteurs en Europe. Les acteurs de la filière demandent des aides financières pour accompagner les producteurs en crise. «Aujourd’hui, le prix moyen est plutôt à 27 ct/l. Ça, ce n’est plus possible !», dénonce le président de la FNPL. Des pays comme l’Irlande, qui augmentent leur volume, doivent être, selon lui, aidés pour ne plus produire. Des moyens pour aider les éleveurs en difficulté, mais aussi pour accompagner les anciens à quitter l’activité, ajoute le représentant des producteurs.

Pression sur la loi Sapin 2 et les banques
«Nos revendications sur la loi Sapin 2, c’est d’y mettre l’esprit de notre charte de valeur», souligne André Bonnard, qui rappelle que le devoir de transparence avait été le critère bloquant dans la signature de la charte par les acteurs de la transformation. La FNPL demande une transparence des comptes et le renforcement des pénalités si leur publication n’est pas exécutée. «Le prix payé au producteur doit faire partie de la négociation commerciale», insiste le secrétaire général. Le président de la République, en personne, se remémorent les représentants de la FNPL, s’était officiellement engagé lors du Salon de l’agriculture à apporter ces modifications dans la Loi de modernisation de l’économie (LME).
Le système bancaire est aussi pointé du doigt par les producteurs laitiers. «Il est inadmissible d’entendre que si les coûts de production sont trop élevés, on va les lâcher», souligne remonté le président de la FNPL. Tout aussi inadmissible que d’entendre le commissaire européen à l’agriculture, Phil Hogan, dire que seuls 56 % du total des aides ont été utilisés par les Etats membres. «C’est insupportable d’en­tendre ça !», assène Thierry Roquefeuil. Cela témoigne, selon lui, des dysfonctionnements graves du dispositif d’octroi des aides. Les banques sont dans le viseur. «La France a choisi de placer les aides européennes dans le Fonds d’allègement des charges (FAC)», explique Marie-Thérèse Bonneau, première vice-présidente de la FNPL, qui développe : «Plusieurs paramètres régulent ces aides, dont des mesures bancaires. L’accès à ces aides est donc rendu à l’arbitrage des banques.» Les producteurs font donc face à un véritable casse-tête pour les obtenir.

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