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Au congrès de la Fnsea : Manuel Valls rassure

Au-delà de quelques annonces ponctuelles sur le versement des aides PAC en temps et en heure et l’allègement des contraintes, le Premier ministre a réaffirmé l’autorité de l’Etat et la priorité qu’il accorde à une agriculture compétitive et innovante.

© Actuagri

Invité par Xavier Beulin au congrès de la Fnsea le 26 mars à Saint-Etienne, le Premier ministre, Manuel Valls a réussi son examen de passage. Les 1 300 délégués lui ont réservé un accueil chaleureux, à l’inverse de celui du ministre de l’Agriculture qui l’accompagnait et qui a essuyé quelques huées. Le premier Premier ministre issu d’une majorité de gauche à participer au congrès de la Fnsea n’a pas ménagé son soutien à une profession souvent décriée par l’opinion publique. «La France peut être fière de son agriculture et être reconnaissante à des agriculteurs», «les paysans sont les meilleurs écologistes de notre pays», a-t-il déclaré par exemple.


Recherche dans la tranquillité
Mais au-delà de ces propos flatteurs, le Premier ministre a réaffirmé son engagement en faveur d’une agriculture productive qui «doit bénéficier des progrès de la science», y compris dans ses projets agro-écologiques. A ce sujet d’ailleurs, l’Inra fera prochainement des propositions pour que les chercheurs puissent travailler correctement. «La recherche, l’innovation doivent se faire dans la tranquillité et non sous la menace», a insisté le chef du gouvernement renvoyant à l’idée qu’il n’accepterait plus les dégradations de champs d’expérimentation, notamment de plantes OGM.

Normes : dans les standards européens
Ceci étant, Manuels Valls partage de nombreuses analyses de la Fnsea comme quand elle dénonce les contraintes administratives et environnementales auxquelles les agriculteurs sont soumis. «Les normes devront aller dans le sens des standards européens». Il est hors de question «d’être plus royaliste que le roi», notamment en ce qui concerne les études d’impact a-t-il indiqué. Déplorant en sus «le gap considérable» dans les déclarations des responsables politiques et les réalités sur le terrain qui «remet en cause la crédibilité de la parole publique».
Au passage il s’est engagé à faciliter l’accès des agriculteurs au préfinancement du Cice en mettant en place «un pré-dispositif de garantie publique», notamment pour les jeunes agriculteurs. Quant aux producteurs de fruits et légumes et de porcs ils bénéficieront de mesures exceptionnelles «pour permettre de passer un cap difficile». L’occasion d’adresser une vigoureuse charge à la grande distribution «qui doit accepter des hausses de prix». Précisant même à l’adresse des grandes surfaces «qu’il n’était pas question qu’elles touchent deux fois», et sur le Cice et sur la baisse des prix «au moment où les éleveurs sont en train de crever».
Surtout le Premier ministre s’est engagé à ce que le décalage de calendrier dans les déclarations PAC «ne remettent pas en cause l’aide, ni le versement des avances» comme prévu à la fin de l’année.

Renégociation de la directive nitrates
Concernant l’application de la directive Nitrates qui fait couler beaucoup d’encre, «la décision de la Cour de Justice s’impose», mais il a promis de lancer une expérimentation sur le terrain en vue de préparer une nouvelle négociation.
Sur les autres sujets qui fâchent et sur lesquels le président de la Fnsea l’avait interpellé, le Premier ministre s’est montré également ouvert. Ainsi, sur le compte de pénibilité. «Il n’aura pas d’impact en 2015 et des solutions collectives seront mises en œuvre en 2016». «Je ne veux pas que cette mesure se transforme par des démarches administratives qui rendent la vie impossible» a promis le Premier ministre.

La définition des cours d'eau sera réglée
Autre exemple sur la méthanisation pour laquelle il s’engage à assouplir les procédures «pour lever les freins aux investissements et à leur rentabilité». Même disposition d’esprit sur les contrôles. Les propositions du rapport de Frédérique Massat «seront mises en œuvre rapidement». Comme d’ailleurs la définition des cours d’eau «qui sera réglée d’ici la fin de l’année».
Autre engagement sur l’irrigation. «Le moratoire sur les retenues d’eau est caduc» a-t-il insisté. L’occasion de rebondir sur le dossier Sivens pour souligner que «l’occupation illicite est inacceptable et que l’ordre républicain doit avoir le dernier mot», en toute circonstance.

Ruralité : pas d'abandon
Le Premier ministre est longuement revenu également sur le sentiment d’isolement et d’abandon qui frappent les agriculteurs. Pas question pour les agriculteurs «qui sont éloignés des villes, d’être aussi loin des services publics». Ainsi a-t-il annoncé le développement du réseau des maisons de santé et de services publics, comme le déploiement des réseaux numériques : «Il n’y aura pas de zones blanches en France d’ici la fin 2016», a-t-il promis. Un thème qui rejoint celui de la sécurité sur lequel il s’est félicité de la diminution des vols dans les campagnes de 13 % depuis le début de l’année «grâce au partenariat entre la Fnsea et la Gendarmerie».
Mais aussi pour rappeler aux agriculteurs inquiets et désabusés qui pourraient être tentés par le repli national que la solution ne passe pas ni par la sortie de l’Europe, ni de celle de l’Euro. «Car revenir en arrière serait un choix dramatique», eu égard à ce qu’apporte l’Europe aux agriculteurs en matière de débouchés et de stabilité des monnaies dans les échanges.

Le Foll sifflé, Valls applaudi

Près de trois ans après son arrivée au ministère de l’Agriculture, Stéphane Le Foll ne fait plus recette.
Lors de son discours de clôture, le président de la Fnsea n’a pas épargné le ministre de l’Agriculture, à qui, il est reproché la lenteur dans la mise en place de la réforme de la PAC et la découverte d’un certain nombre «d’impasses», qu’il s’agisse des haies, «mises sous cloche», des ICHN «qui pourraient devenir une aide à la déprise» ou «des fermiers qui reprendraient un bail sans bénéficier des droits du fermier sortant».
Et Xavier Beulin de déplorer «des postures idéologiques» sur la PAC certes, mais aussi sur l’environnement, la directive Nitrates, l’épandage des phytosanitaires, le compte pénibilité, l’entretien des cours d’eau, les contrôles ou du loup «qui fait qu’en France, on élève des brebis pour nourrir des loups».
En revanche, Manuel Valls a bénéficié d’une certaine mansuétude et même recueilli des applaudissements de la salle. Ainsi, à la suite de la mobilisation de la Fnsea et des JA du 5 novembre dernier, le Premier ministre a su prendre en compte les inquiétudes professionnelles. Et aujourd’hui «des avancées sont au rendez-vous» s’est félicité Xavier Beulin, même si certaines ont du mal à se concrétiser. Et de citer les initiatives prises par le gouvernement en matière d’apprentissage, de pénibilité, voire du chantier des relations commerciales avec la grande distribution et l’origine des matières premières dans la restauration collective. Sur ce dossier, le Gouvernement n’a pas hésité à «mettre la pression» sur les grandes enseignes et à éditer un guide pratique des achats pour la restauration collective. Idem en matière d’environnement, dans la foulée de la mobilisation syndicale.

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