Ruralité
Aux foires d’automne, l’élevage se vit et se raconte
Dans la Somme, les mois d’octobre et de novembre sont rythmés par les foires d’automne dans les villages. Même si les animaux y sont moins nombreux qu’à une époque, des éleveurs passionnés continuent d’y exposer fièrement leurs bêtes. C’est le cas de Francis Gaillard, éleveur de Trait ardennais de Graval (76). Rencontre.
Dans la Somme, les mois d’octobre et de novembre sont rythmés par les foires d’automne dans les villages. Même si les animaux y sont moins nombreux qu’à une époque, des éleveurs passionnés continuent d’y exposer fièrement leurs bêtes. C’est le cas de Francis Gaillard, éleveur de Trait ardennais de Graval (76). Rencontre.


Quand il parle de ses chevaux de Trait ardennais, Francis Gaillard a le regard qui s’illumine. «J’aime tout chez eux. Ils sont beaux, non ?», commente-t-il simplement. Depuis des années, l’éleveur de Graval (76) aime présenter les produits de son élevage lors des foires d’automne. Il était à Poix-de-Picardie le 12 octobre, et sera à celles de Quevauvillers le 19 octobre et d’Airaines le 23 novembre. Il y emmène deux de ses huit chevaux : Iris, vingt-quatre ans et doyenne de l’élevage, et Cahyra, quatorze ans, qui est actuellement pleine de son étalon, Lubéron de Sery.
Il faut dire que l’ancien éleveur laitier, désormais à la retraite, a toujours fréquenté les concours. «J’étais associé avec mon frère, Albert. Les vaches, c’était aussi une passion. On avait un troupeau de cent vaches environ, et on s’intéressait à la génétique.» L’une des plaques qui remplissent le mur en briques d’une ancienne grange, décrochées lors des concours bovin et équin, date de 1881. «Prix d’honneur, race Pie noire», peut-on lire. «C’était avant la Prim’Holstein». Mais plus que des plaques, les concours sont un moment privilégié. «Il y a une sacrée ambiance. On retrouve les amis. On partage un bon repas. Qu’est-ce qu’on rit !»
Après avoir cédé sa ferme, Francis a conservé 6 ha de prairies, qui lui permettent de poursuivre l'élevage de Trait ardennais. Trois à quatre poulains par an naissent avec l’affixe d’Hargi. «Hargi» est en fait une référence au village d’Hargimont, dans les Ardennes belges, berceau de la race Trait ardennais, d’où est originaire une partie de sa famille. «Ma mère a rejoint mon père pour s’installer à Graval en 1939. On a gardé un lien avec la famille belge.» La passion de l’élevage y était bien ancrée. «Mon grand-père, Louis Gauthier, que je n’ai pas connu car il est mort avant la guerre, avait relancé la foire de Libramont (Be).» Cette foire faisait historiquement la promotion du Trait ardennais, avant de se diversifier. Francis y va presque chaque année comme visiteur avec bonheur, ainsi qu’à celle de Sedan (08), où les Trait ardennais sont les stars.
De moins en moins d’éleveurs
Dans la région, les concours sont de moins en moins nombreux. «On est d’ailleurs de moins en moins d’éleveurs. Les participants aux foires sont toujours les mêmes, et on prend de l’âge», regrette-t-il. Les chevaux passent tout de même encore devant l’œil expert du jury à la Saint-Clément, à Airaines. «Le juge regarde si le cheval est bien conforme au type ardennais, compact, trapu, avec une belle tête, une encolure assez courte et une belle ligne de dos», détaille Francis. Le Trait ardennais se distingue aussi par sa grande douceur et sa docilité. Il séduit encore quelques particuliers férus d’attelage, et reste utilisé parfois pour des travaux de débardage forestier ou viticole.
Du partage
L’éleveur parlerait de ses chevaux pendant des heures. «Aux foires, les gens sont souvent impressionnés par son envergure. C’est un tracteur ! Ce sont les chevaux de Trait qui ont fait l’agriculture. Certaines grosses fermes avaient cinquante chevaux, avant les tracteurs.» Lui se souvient des chevaux de la ferme familiale, lorsqu’il était gamin. «On les menait au champ, et puis on rentrait déjeuner sur leur dos à midi. On était heureux.» À Graval aussi, la mécanique a chassé les équidés. Puis les frères Gaillard leur ont refait une place en 1990, «juste par passion». Un amour que Francis partage avec le public lors des foires.
Les prochaines foires d’automne dans la Somme
- Dimanche 19 octobre, foire de saint-Crépin à Quevauvillers
- Dimanche 19 octobre, foire aux poulains à Nesle
- Dimanche 26 octobre, foire de la Saint-Simon à Molliens-Dreuil
- Samedi 1er novembre, foire du déparquage (moutons) à Liomer
- Mardi 11 novembre, foire de la Saint-Antoine à Conty
- Dimanche 16 novembre, foire de la Sainte-Catherine à Hornoy-le-Bourg
- Dimanche 23 novembre, foire de la Saint-Clément à Airaines (80)