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Énergies renouvelables
Barbara Pompili en remet une pale sur l'éolien terrestre

Lors d'une conférence de presse dédiée au développement de l'éolien terrestre, le 28 mai, la ministre de la Transition écologique a réaffirmé son soutien aux éoliennes, dévoilé ses outils pour y parvenir et égratigné au passage ceux qui s’opposent à l’installation de nouveaux mâts.

Il y a quelques jours – on n’était alors que le 26 mai - un tweet de la ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili dénonçait une tentative de récupération politique des témoignages de protestation contre l’installation de nouvelles éoliennes sur le territoire.

Deux jours plus tard, elle a tenu au cours d’une conférence de presse à réaffirmer « l’évidence » selon laquelle quand « vous installez une éolienne, vous protégez la planète ». « Ce n’est pas une déclaration politique, une idéologie, une lubie. C’est un fait scientifique, étayé par l’expérience », a martelé la ministre. Et d’assurer que sa motivation n’est pas guidée par autre chose que « l’urgence climatique ». Elle jure ainsi que si le sujet de l’éolien s’est politisé, cela n’est pas de son fait. « Le débat citoyen est toujours utile (…) et j’ai contribué à le renforcer considérablement quand j’étais députée », rappelle Mme Pompili, « à un moment où beaucoup cherchent à politiser, à cliver, à polémiquer, autour de ce sujet (…) On peut être en campagne, vouloir gagner, mais on ne peut pas dire tout et n’importe quoi ».

La charge contre le Rassemblement National qui propose des référendums locaux avant toute nouvelle implantation de mâts, mais aussi contre le président sortant de la Région Hauts-de-France, Xavier Bertrand, est évidente.

« Notre pays a besoin de l’éolien »

La séquence politicienne et « petites phrases » terminée, la ministre s’est attachée ensuite à détailler sa stratégie pour mener la France sur la voie de la transition énergétique. Une stratégie qui tient en trois mots : décarboner, équilibrer et économiser. Et dans laquelle l’éolien est en bonne place : « Les éoliennes sont au cœur de la transition énergétique de la France et nous sommes déterminés à aller chercher des projets d’implantation ».

Pour Barbara Pompili, décarboner passe en premier lieu « par la fermeture des dernières centrales à charbon en France, en réduisant l’usage des centrales à gaz, en évitant d’importer une énergie carbonée des pays voisins ». En ce qui concerne le volet « équilibre », il s’agit ensuite de « réduire la part du nucléaire » et « d’augmenter la part du renouvelable pour ne pas dépendre d’une seule source de production ». Le volet « économie » passe enfin quant à lui par une rationalisation des consommations d’énergie pour « plus de sobriété ».

Si Barbara Pompili met tant de pugnacité à défendre l’éolien dans le mix énergétique français, c’est parce que, assure-t-elle, « l’éolien est une source d’énergie inépuisable », et que la France est considérée comme « le deuxième gisement d’Europe en termes de potentiel de vent ». Comparativement à d’autres pays européens, la France serait, toujours selon la ministre, en retard puisqu’on compterait dans l’hexagone « cinq fois moins d’éoliennes au km2 que l’Allemagne, et trois fois moins que le Danemark ». Au passage, les pro-nucléaires et plus largement militants d’autres sources d’énergie, à l’image de la méthanisation par exemple, sont eux aussi servis. Et de rappeler que la création d’un parc éolien répond déjà à un certain nombre de contraintes : « Concrétiser un projet éolien en France prend plus de temps qu’ailleurs. J’aimerais la même précaution que celles que l’on prend pour une éolien quand il s’agit de construire une zone commerciale ou d’installer des panneaux publicitaires à la sortie d’une ville ».

Pour Barbara Pompili, « on peut soutenir une énergie sans la vouloir au bout de son jardin. Combien parmi les pro-nucléaires veulent une centrale dans leur quartier ? ». S’appuyant sur les chiffres du baromètre IRSN, elle affirme que 82% des Français sont favorables à l’énergie éolienne.

Les préfets à la manœuvre

Alors que des régions comme les Hauts-de-France ou Grand-Est couvriraient aujourd’hui 20% de leurs besoins énergétiques grâce aux éoliennes, selon le ministère de la Transition écologique, ce dernier mise sur un doublement des installations d’ici 2028. Le sentiment de saturation d’habitants de certains territoires, à défaut d’être partagé, est connu : « Certains projets suscitent des difficultés, relève la ministre Pompili. Cela est dû à la rapidité avec laquelle certaines zones ont été créées (…) mais je crois en la concertation locale pour la réussite d’un projet ».

Pour atteindre l’objectif annoncé, Barbara Pompili annonce vouloir s’appuyer sur les préfets de région auxquels une circulaire vient d’être adressée. Dans ce document, les représentants de l’État en région sont chargés de réaliser une cartographie des zones propices au développement de l’éolien. L’élaboration de ces cartes devra se faire, selon la locataire de l’Hôtel de Roquelaure, « en concertation avec les Régions, les développeurs, les communes, les intercommunalités, les associations de défense de l’environnement, du patrimoine… » Ces cartes sont attendues dans les six moins qui suivront les élections régionales. Si ce travail ressemble à s’y méprendre aux zones de développement éolien (ZDE) telles qu’on les a connues par le passé, il s’agit cette fois selon Mme Pompili de « mettre tout le monde autour de la table », et de rendre « accessible à tous » ces cartes.

Des dommages collatéraux assumés

S’attachant à démonter chacun des arguments avancés par ceux qui pensent que la France compte suffisamment d’éoliennes sur son sol (lire encadré), Barbara Pompili fait preuve d’un pragmatisme à la limite du cynisme quand il s’agit d’évoquer les conséquences de leur installation sur un territoire donné : « Toutes les infrastructures ont un impact sur la biodiversité (…) Il est avéré que les éoliennes ont un impact sur les chauve-souris, sur les oiseaux migrateurs et nous travaillons avec la Ligue de protection des oiseaux (LPO) qui nous alerte et soutient les éoliennes à condition de ne pas les installer dans des zones sensibles ». Réagissant à la disparition récente d’Angèle, un gypaète barbu qui avait été réintroduit dans la Drôme l’an dernier avant d’être frappé par une pale d'éolienne aux Pays-Bas, Barbara Pompili évoque un fait divers « qui fait toujours mal au cœur ».

S’agissant d’une perte de valeur des biens immobiliers, la ministre de la Transition écologique affirme « qu’il n’y a pas d’impact connu à quelques exceptions près ». Pas un mot ensuite sur d’éventuels risques pour la santé humaine ou celle des animaux. Dans un souci de concertation et avec une volonté d’apaisement, Barbara Pompili promet enfin l’élaboration de chartes de bonnes pratiques. Actuellement en préparation, ces chartes devront « instaurer une relation pérenne et de confiance entre les porteurs d’un projet et les autres parties prenantes » ; un peu à la manière des fameuses chartes d’engagement censées apaiser les relations entre agriculteurs et riverains lors de l’utilisation des produits phytosanitaires dans les champs.

Éolien : le vrai-faux du ministère de la Transition écologique

Quand on l’interroge sur les raisons qui font qu’aujourd’hui nombre de projets d’implantation d’éoliennes sont contestés, Barbara Pompili évoque « le symbole » qu’elles représentent. « L’éolienne est l’emblème de la transition énergétique, défend-elle. C’est sans doute pour cela qu’elles font l’objet de contestation, mais il ne faut pas se laisser entraîner dans la diffusion de fake news ». Le mot est lâché, faisant perdre (temporairement) à Mme Pompili sa fonction de ministre de la Transition écologique pour endosser celle de maîtresse d’école. « Je veux mettre les points sur les i », a-t-elle déclaré lors de sa conférence de presse en citant le travail de son ministère pour « rétablir des vérités ». Les éoliennes polluent ? Assurément non, selon Barbara Pompili : « Sur tout son cycle de vie, les émissions de C02 d’une éolienne sont extrêmement faibles, inférieures à 20 grammes de CO2 par KwH ». Sont-elles ou non recyclables ? « C’est une obligation réglementaire. 90% de la masse d’une éolienne doivent être démantelés, fondations incluses, recyclées et réutilisées ». Pour améliorer l’acceptabilité, elle évoque des exigences « croissantes », avec un objectif de 95% « au moins » en 2024. Et d’assurer ensuite que « bien peu d’infrastructures font l’objet d’un tel recyclage ». Interrogée sur l’intermittence du fonctionnement des éoliennes, la ministre constate que « l’énergie éolienne est intermittente, mais notre système électrique dispose d’une flexibilité largement suffisante pour accueillir une part de renouvelable bien supérieure à celle d’aujourd’hui sans conséquence sur notre approvisionnement en électricité (…) A aucun moment, l’intermittence ne demande un recours accru aux énergies fossiles (…) Une éolienne installée, c’est moins d’énergie fossile utilisée ».
En ce qui concerne la capacité des énergies renouvelables à « faire le job », notamment lors de pics de consommation, la ministre l’assure sans sourciller : « Si nous avons du faire appel très ponctuellement aux centrales à charbon cet hiver, c’est parce que le parc nucléaire était moins disponible, pas parce que les éoliennes sont intermittentes ». Aux sceptiques qui reprochent enfin à l’éolien d’être « cher et pas rentable », Mme Pompili explique que « le coût d’un mégawatt éolien est en baisse constante, autour de 60 euros pour le terrestre ». Avant de conclure que « d’ici 2035, les renouvelables seront 3 à 4 fois moins chères que le nouveau nucléaire ». L’ensemble du questions-réponses sur l’éolien façon « ministère de la Transition écologique » est à retrouver sur son site Internet : https://www.ecologie.gouv.fr/y-voir-clair-sur-leolien-terrestre
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