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Betteraves : Cristal Union n'échappe pas à la restructuration

Le 21 mai, le conseil d’administration de Cristal Union et le conseil de section de Sainte-Emilie organisaient leur assemblée générale, à Péronne.

De g. à dr. : Jérôme Fourdinier, président du conseil de section de Sainte-Emilie, Olivier de Bohan, président de Cristal Union, et Alain Commissaire, son directeur général.
De g. à dr. : Jérôme Fourdinier, président du conseil de section de Sainte-Emilie, Olivier de Bohan, président de Cristal Union, et Alain Commissaire, son directeur général.
© F. G.



Il est des contrastes saisissants. Ainsi en fut-il lors de l’assemblée générale de la section Sainte-Emilie de Cristal Union. Et pour cause. D’un côté, une usine (Sainte-Emilie) qui se situe dans les premières de la classe «Cristal Union», avec une belle campagne betteravière, des rendements supérieurs à la moyenne (92 t/ha, soit 14,2 t de sucre avec une richesse 19), des économies d’énergies spécifiques et d’électricité faisant baisser les coûts de transformation, et un tonnage de sucre cristallisé en progression de 30 % en douze ans, atteignant aujourd’hui les 2 500 t par jour.
De l’autre, une coopérative avec, pour la première fois, des résultats négatifs, soit une perte nette de 99 millions d’euros dans les comptes combinés du groupe (exercice clos au 31 janvier 2019), mais aussi avec trois millions de betteraves en moins livrés dans ses usines lors de la dernière campagne, et donc une production de sucre moindre, et des prix du sucre en berne sur les marchés entraînant une mauvaise campagne commerciale. Pour passer ce cap difficile, l’une des principales options retenue par le conseil d’administration est la restructuration du groupe Cristal Union, comprenez la fermeture d’usines pour pérenniser l’activité de la coopérative.

Pas d’autre choix que de restructurer
En ligne de mire : les usines qui coûtent plus cher qu’elles ne rapportent, soit du fait de leur faible capacité de traitement de betteraves par jour, soit du fait d’un niveau technologique insuffisant, ou encore de comptes qui ne sont pas à l’équilibre. Sur les trois dans le collimateur, deux devraient faire l’objet d’une fermeture définitive, soit les usines de Bourdon (Puy-de-Dôme) et de Toury (Eure-et-Loir). La troisième, l’usine d’Erstein (Bas-Rhin) verrait, elle, un arrêt partiel de son activité de conditionnement. «Fermer des sites, ce n’est jamais une décision prise de gaieté de cœur. Cela a des conséquences terribles pour les territoires. Mais il nous faut gagner en compétitivité si l’on veut passer le cap de cette période de turbulences. C’est ce que nous faisons avec la fermeture des sites», s’excuse presque le président de Cristal Union, Olivier de Bohan. Avant d’ajouter : «Il faut  parfois sacrifier 5 % des coopérateurs pour en protéger 95 %
Si les choix ne seront arrêtés définitivement qu’en août prochain, le conseil d’administration a déjà sorti sa calculette. Les 65 millions d’euros de pertes structurelles seront quasiment effacés avec cette restructuration, qui se veut «la plus mesurée possible», selon les termes d’Olivier de Bohan. Reste que pour saturer les usines et avoir des campagnes les plus longues possibles, est-il possible de garder des usines de taille de capacité moyenne ? C’est la question que soulève Xavier Astolfi, directeur général adjoint de Cristal Union. Traduction : d’autres usines pourraient bel et bien se retrouver en situation délicate si les marchés continuent à se dégrader. Pour l’heure, le conseil d’administration planche plutôt sur le devenir des sites menacés. Plusieurs pistes sont à l’étude : reprise des usines par les planteurs - «ça ne passe pas pour Bourdon», indique le directeur général de Cristal Union, Alain Commissaire ; transformation d’autres cultures ; ou encore un autre métier industriel pour le site de Toury puisque les planteurs seront accueillis dans d’autres usines.
Parmi les autres mesures économiques prévues, les investissements ont été divisés par trois depuis deux ans, passant de 90 millions d’euros en 2017 à 35 millions d’euros cette année. Entre la baisse des investissements et le Gap, ce sont 50 millions d’économies qui devraient être réalisées en 2019. 15 millions d’euros pourraient être également économisés sur les coûts de production. Enfin, dans le train des mesures prévues pour la chasse aux économies, Cristal Union a aussi inscrit la réorganisation des activités alcool et pulpes, avec notamment la fermeture du site de Deulep, et la concentration de l’activité de Pieuseulx à Bazancourt. «Le plan est de saturer les usines, d’avoir des campagnes les plus longues possibles et d’adapter nos outils industriels», conclut Xavier Astolfi.
Enfin, pour passer ce tsunami provoqué par la chute structurelle des prix du sucre, le groupe compte activer plusieurs leviers : le développement du marché des coproduits (vinasses, écumes, pulpes), celui de la production de luzerne et des drèches de blé, ainsi que l’extension de la culture de la betterave bio (460 ha en 2019 contre 147 ha en 2018). «Ce qui peut vous rassurer, c’est notre volonté d’aller chercher des euros, et notre capacité à résister aux difficultés. Notre structure financière est forte et notre endettement maîtrisé. Plus que jamais nous devons produire», assure le président de Cristal Union. Mais avec une betterave payée à la tonne à 22,80 € cette année, toutes primes comprises, est-ce vraiment motivant ?

 

Sainte-Emilie : bonne élève

Il fut un temps où l’un des joyaux de la coopérative était Toury. Des dires du directeur général de Cristal Union, «Toury était la plus belle usine de France dans les années 1980-1990». Si belle que le groupe a investi ailleurs, sauf à Toury, entraînant une dégradation progressive de son niveau technologique. Tout le contraire de Sainte-Emilie, qui a fait l’objet d’investissements conséquents, lui permettant d’acquérir deux nouvelles chaudières, de mettre en service une nouvelle installation de cogénération et un turbo-alternateur, et de rénover la distribution électrique haute tension. Tout cela a payé : 500 000 € d’économies sur la consommation d’énergies spécifiques, 750 000 € d’économies grâce à la baisse des émissions de CO2 de 40 %, et 500 000 € d’économies grâce à l’autonomie de l’usine en production d’électricité. Entre ces économies, une campagne de 108 jours, une production de 270 000 t de sucre cristallisé et de 40 000 t de pellets, la réorganisation de la partie logistique pour l’expédition des produits finis, ça plane pour l’usine de Sainte-Emilie.
Mais si l’usine déploie de belles capacités, les économies doivent se poursuivre. Objectif à atteindre : 250 000 € d’économies à réaliser par an. «On dépassera l’objectif dès cette année», assure le directeur du site, Vincent Lagasse. Autre objectif qui devrait être dépassé, celui de la cadence actuelle de la cristallisation du sucre, soit 2 500 t par jour. Par ailleurs, dans les projets, une future décalcification pourrait être mise en place, mais cela n’est pas encore validé au niveau du conseil d’administration du groupe. En revanche, ce qui est sûr, c’est que Sainte-Emilie peut augmenter sa capacité betteravière. «Un tiers de la production betteravière d’Eppeville peut être accueilli sur notre site. Il y a de la place», lance Alain Commissaire. Une opportunité à saisir pour les planteurs d’Eppeville en rade, mais aussi pour Cristal Union. L’appel de pied est lancé. Y a plus qu’à...

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