Céréales
Bien respecter les règles d’application du prosulfocarbe pour désherber
L’utilisation du prosulfocarbe pour désherber les céréales implique le respect de certaines obligations. Point d’actualité sur celles-ci, qui sont essentielles pour préserver ces solutions.
L’utilisation du prosulfocarbe pour désherber les céréales implique le respect de certaines obligations. Point d’actualité sur celles-ci, qui sont essentielles pour préserver ces solutions.
Le prosulfocarbe est un herbicide largement utilisé en France, particulièrement sur les cultures de céréales, pommes de terre, oignons et certaines plantes aromatiques. Toutefois, son utilisation est soumise à une réglementation stricte pour limiter son impact sur l'environnement et la santé. Les conditions d'application, la distance à respecter ou encore l'usage de matériel antidérive sont autant de règles à connaître. Depuis 2025, de nouvelles restrictions sont entrées en vigueur, rendant son emploi encore plus encadré.
Règle n°1 : utiliser un dispositif antidérive lors de l’application. Depuis septembre 2017, la réglementation impose d'appliquer les herbicides à base de prosulfocarbe avec l’aide de matériel homologué pour limiter la dérive. Le ministère de l’Agriculture actualise régulièrement une liste qui recense ce type de matériel, composée principalement de buses à injection d’air et de certaines rampes de pulvérisateurs à assistance d’air.
Il existe deux types de buses à injection d’air : les buses basse pression et les buses classiques. Les premières s’utilisent entre 1,5 et 5 bars, alors que les secondes s’utilisent entre 3 et 6 bars. Attention : toutes les buses à injection d’air ne sont pas homologuées. De plus, une pression maximale d’utilisation et une hauteur de rampe sont définies pour chaque modèle figurant dans la liste. Il est important de les respecter pour obtenir la réduction de dérive souhaitée. Des essais conduits par Arvalis montrent que ce type de buse n’influence pas significativement l’efficacité du désherbage d’automne du blé tendre. Les produits racinaires sont en effet davantage sensibles à l’humidité du sol (pour être répartis de manière homogène) qu’aux techniques d’application (type de buse et volume de bouillie).
Règle n°2 : intervenir en conditions optimales d’application. Il convient également de respecter les conditions d’application optimales du produit : hygrométrie élevée (> 70 %), températures clémentes (entre 5 et 20°C), absence de vent et respect de la hauteur optimale de la rampe en fonction de l’angle des buses. La hauteur minimale est de 50 cm pour des buses de 110° et de 90 cm pour des buses de 80°.
Règle n°3 : respecter une distance vis-à-vis des riverains. Depuis le 1er avril 2025, l’Anses précise les règles à respecter en matière de Distances de sécurité pour les personnes présentes et résidents (DSPPR). Deux options sont possibles. Respecter une distance d’au moins 10 mètres entre la rampe de pulvérisation et l’espace fréquenté par les personnes présentes lors du traitement (ou l’espace susceptible d’être fréquenté par des résidents) et utiliser un matériel permettant une atténuation de la dérive d’au moins 90 %. Ou, à défaut, respecter une distance d’au moins 20 mètres entre la rampe de pulvérisation et l’espace fréquenté par les personnes présentes lors du traitement (ou l’espace susceptible d’être fréquenté par des résidents) et utiliser un matériel permettant une atténuation de la dérive d’au moins 66 %. À noter que, pour le produit Éledura, les conditions sont différentes : respecter une distance de 5 mètres avec les zones d’habitation et utiliser des buses permettant une réduction de la dérive de 50 %.
En considérant les essais réalisés en 2021, il est conseillé d’utiliser uniquement des buses homologuées à 90 %, que l’on ait ou non une distance de sécurité à respecter, afin de limiter au maximum les risques et maximiser les chances de préservation de la substance active dans le futur.
Gare aux cultures non-cibles
Règle n°4 : attendre la récolte de cultures non-cibles dans un rayon de 1 km. Depuis le 4 octobre 2018, la réglementation impose d’attendre la fin des récoltes des cultures non cibles présentes dans un rayon de 1 km avant de désherber des parcelles de céréales avec du prosulfocarbe. Une dérogation est toutefois autorisée dans le cas de cultures non-cibles situées à plus de 500 m et moins de 1 km : «en cas d’impossibilité de report du traitement, il faut appliquer le produit uniquement le matin avant 9 heures ou le soir après 18 heures, en conditions de température faible et d’hygrométrie élevée». Mais il reste préférable de limiter les applications dans un rayon de 1 km dans leur ensemble.
Les cultures non cibles concernées par les applications de prosulfocarbe sur céréales à l’automne sont : cultures fruitières (pommes, poires), cultures légumières (mâche, épinard, cresson des fontaines, roquette, jeunes pousses), cultures médicinales (artichaut, bardane, cardon, chicorée, piloselle, radis noir, bourgeon de cassis, échinacées, pissenlit, cataire, vigne rouge (feuilles)), autres cultures (sarrasin, quinoa, chia, millet, moha, sorgho). Cette liste est susceptible d’être modifiée par l’Anses dans le cadre de la Phytopharmacovigilance.
Pour les parcelles de céréales à paille avoisinant ces différentes cultures et destinées à recevoir un traitement herbicide à base de prosulfocarbe, il est essentiel de se renseigner auprès de son voisin sur la date de récolte de la culture en question. Dans le cas où les cultures ne seront pas récoltées avant la date limite d’application du prosulfocarbe, il convient de revoir sa stratégie de désherbage en appliquant un programme herbicide sans prosulfocarbe.
Décaler ou substituer
Les produits autorisés sur céréales à paille contenant du prosulfocarbe ont des homologations courant de la prélevée au stade 3 feuilles (BBCH 13) pour toutes les spécialités de prosulfocarbe solo (Roxy 800, Défi, Tomentan, Minarix, Linati, Auros, etc.) ou du stade 1 feuille à 3 feuilles (BBCH 11 à BBCH 13) pour Daiko (et autres second noms commerciaux). Ces produits ont donc réglementairement une plage de traitement qui pourrait permettre un décalage de l’application en cas de récolte des cultures avoisinantes non-cibles avant le stade 3 feuilles de la céréale. Il est donc possible d’esquiver la culture avoisinante non-cible en décalant une application avec du prosulfocarbe de prélevée en postlevée précoce (1-2 feuilles) tout en conservant une efficacité pertinente en présence de bonnes conditions. Attention cependant, l’efficacité du prosulfocarbe, en plus d’être liée à l’état hydrique du sol, est également corrélée au stade des adventices ciblées.
Si la récolte des cultures avoisinantes conduit à un décalage de l’application trop tardif, il est recommandé de substituer le produit ou l’association de produits à base de prosulfocarbe par une autre solution de désherbage : une substitution mécanique avec le passage d’un outil comme une herse étrille en prélevée par exemple, une substitution chimique avec un traitement ou un programme de traitements ne contenant pas de prosulfocarbe.
L’autorisation du penthiopyrade non renouvelée
La Commission européenne a publié, le 9 octobre au journal officiel de l'UE, un règlement confirmant le retrait de l’autorisation de mise sur le marché dans l’UE de la substance active «penthiopyrade» à partir du 31 octobre. Ce fongicide SDHI à large spectre avait vu, en 2024, sa période d’approbation prolongée jusqu’au 31 octobre 2027 «dans l’attente des étapes restantes de la procédure de renouvellement de l’approbation de cette substance active». Mais finalement, le 13 mars, le demandeur a confirmé qu’il ne soutenait plus la demande de renouvellement de l’approbation. «Par conséquent, la prolongation de la période d’approbation du penthiopyrade n’est plus justifiée», indique la Commission européenne qui promet toutefois de laisser aux États membres suffisamment de temps pour retirer leurs autorisations relatives aux produits phytopharmaceutiques contenant du penthiopyrade.