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désherbage
Bilan positif pour les céréales d'automne

Comme chaque année à cette période, l’heure est au bilan sur la satisfaction vis-à-vis du désherbage des graminées, principalement le vulpin et le ray-grass.

Broyage d’une bordure pour interdire toute grenaison massive.
Broyage d’une bordure pour interdire toute grenaison massive.
© CA80

En céréales d’hiver, les retours sont globalement positifs dans les parcelles ayant fait l’objet d’un ou plus généralement deux passages de désherbage antigraminées.

 

Sélectivité des herbicides : un compromis encore difficile

Mais attention, cette relative satisfaction vis-à-vis de l'efficacité du désherbage ne va pas sans contrepartie. Le revers de la médaille reste, comme souvent, le manque de sélectivité observé dans un certain nombre de situations. Ce défaut de sélectivité, régulièrement constaté, est aujourd’hui perçu par de nombreux agriculteurs comme un "mal nécessaire", voire comme un signe indirect d'efficacité. Toutefois, cette tolérance a ses limites. Comme les années précédentes, les semis de fin d’automne se montrent beaucoup plus sensibles, avec parfois des retournements de parcelles.

Les orges ont également été impactées, avec des symptômes visibles dès décembre, mais aussi lors de la reprise de végétation en mars, traduit par un développement ralenti.

Une satisfaction en demi-teinte donc, avec une pression de ray-grass toujours présente

Pour autant, il ne s’agit bien souvent que d’une demi-satisfaction. En  y regardant de plus près, on constate encore la présence d’épis de vulpin ou de ray-grass dans les parcelles, signe que ces adventices continueront d’alimenter un stock grainier déjà colossal. Autrement dit, la situation ne s’est pas véritablement améliorée sur le fond.

 

Des levées tardives de ray-grass qui interrogent

Cette campagne a également révélé une nouvelle problématique :
celle des levées tardives de ray-grass observées en mars, et ce malgré deux passages herbicides réalisés à l’automne. En cause, un manque de persistance des matières actives racinaires dans le temps.

On retiendra surtout de cette campagne, l’arrivée massive de ray-grass en culture de printemps. Historiquement, du point de vue agronomique, les cultures de printemps permettaient de résoudre le problème graminée, d’une part, parce que le ray-grass levait principalement à l’automne, et d’autre part, grâce à l’emploi de modes d’action herbicides différents et mieux adaptés.

 

L’irruption du ray-grass en cultures de printemps : un signal fort

Mais le fait marquant de cette campagne reste l'irruption massive et préoccupante du ray-grass en cultures de printemps. Un phénomène nouveau par son ampleur, qui remet en question certaines certitudes agronomiques.

Traditionnellement, les cultures de printemps constituaient un levier efficace pour gérer les graminées, notamment le ray-grass. D’une part parce que cette adventice lève majoritairement à l’automne, ce qui limitait sa présence en culture de printemps ; et d’autre part, parce que ces cultures permettent l’utilisation de modes d’action herbicides différents, souvent plus efficaces sur les populations résistantes.

Ces échecs sont souvent liés au manque d’eau constaté ce printemps n’aura pas permis d’activer les produits racinaires. Des levées massives de ray-grass ont aussi pu être constatées en pommes de terre avant les désherbages. Sur ces cultures de printemps, les rattrapages à base de produits foliaires ont là aussi péché faute de conditions favorables.

L’ampleur des infestations observées cette année dans les cultures de printemps marque donc un tournant, et souligne la capacité d’adaptation préoccupante du ray-grass.

 

Les deux premiers commandements à appliquer sans attendre

1. S’interdire toute grenaison massive

Cette problématique se pose dorénavant en betterave et surtout en maïs. L’échec du désherbage va conduire à une grenaison massive ! Et là aussi, le retournement avant grenaison aurait son utilité.

2. S’interdire tout apport de graines extérieures dans des parcelles propres

L’enjeu majeur des prochaines semaines sera d’éviter à tout prix la propagation des graines, que ce soit lors de la récolte ou au moment des premiers déchaumages. Pour cela, quelques règles simples mais essentielles doivent être appliquées :

• Terminer la moisson par les parcelles les plus sales, ou du moins les zones les plus infestées.

• Ne jamais intervenir dans une parcelle propre juste après une parcelle infestée sans avoir soigneusement nettoyé et ventilé la moissonneuse.

• Ne pas oublier que les arracheuses à pommes de terre ou à betteraves peuvent, elles aussi, transférer des graines via la terre transportée : un bon déterrage s’impose dans certains cas.

• Après le déchaumage d’une parcelle sale, il est impératif de bien nettoyer le déchaumeur avant toute intervention sur une nouvelle parcelle.

Ces gestes peuvent sembler contraignants, mais ils sont désormais incontournables pour éviter la dissémination des vulpins et ray-grass résistants. C’est à ce prix que chaque agriculteur peut préserver ses parcelles encore saines.

 

Réglementation : entre incertitudes et perspectives nouvelles

Trois nouvelles matières actives devraient faire leur entrée sur le marché d’ici 2026-2027, avec une action ciblée sur les graminées en céréales d’automne :

• Le Luximo, attendu dès 2026, appartenant à une nouvelle famille chimique, agira en racinaire et sera utilisable sur blé.

• L’Isoflex, prévu pour 2027, interviendra en prélevée ou post-levée avec une action racinaire également prometteuse.

• Le H325 : produit de pré-levée associant de l’aclonifen et du DFF

Ces nouveautés offrent des pistes de renouvellement des modes d’action, à un moment où la gestion des résistances devient plus que jamais un enjeu stratégique.

 

Essais CA80 : anticiper l’après- flufénacet

Dans l’optique de préparer la sortie annoncée du flufénacet, la Chambre d’agriculture de la Somme a conduit cette année un essai spécifique visant à évaluer l’efficacité de programmes de désherbage sans cette matière active devenue centrale dans les stratégies actuelles. Les résultats de cet essai permettent d’apporter un premier éclairage sur les options techniques à envisager pour construire des programmes sans flufénacet, tout en tenant compte de la pression croissante et de la problématique de résistance.

Les résultats ont montré un niveau d’efficacité du Luximo en programme de l’ordre de 86 à 98 % pour la meilleure modalité. Le produit H325 affiche également des résultats d’efficacité intéressants

 

Pour aller plus loin

Pour approfondir ces résultats et échanger sur les perspectives de désherbage, n’hésitez pas à participer aux bilans de moisson organisés chaque année par la Chambre d’agriculture de la Somme.

Ces rendez-vous techniques sont l’occasion de partager les retours du terrain, les enseignements des essais, et d’échanger autour des stratégies à mettre en place pour la prochaine campagne.

 

Rappel des 10 commandements

Commandement n° 1 : S’interdire tout apport de graines extérieures
Commandement n° 2 : De bons faux semis réalisés à la bonne date
Commandement n° 3 : Des faux semis bien détruits à la bonne date
Commandement n° 4 : S’interdire tout repiquage en interculture
Commandement n° 5 : Repenser la coordination Labour- TCS – SD
Commandement n° 6 : Travailler les dates de semis
Commandement n° 7 : Désherber en alternant les modes d’actions
Commandement n° 8 : Désherber efficacement
Commandement n° 9 : S’interdire toute grenaison massive
Commandement n° 10 : Forcément réflexe rotation

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