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Bio : témoignage d’Emmanuel Decayeux

Emmanuel Decayeux, installé en bio depuis 2011, à Hallencourt, près d’Airaines, était le témoin du café de la bio, jeudi 19 avril.

Après quatre ou cinq années techniquement et économiquement compliquées, Emmanuel Decayeux a trouvé son équilibre en bio.
Après quatre ou cinq années techniquement et économiquement compliquées, Emmanuel Decayeux a trouvé son équilibre en bio.
© A. P.

Pourquoi vous-êtes vous converti en bio ?
J’ai mené mon exploitation de polyculture et élevage laitier pendant vingt ans en conventionnel. Mais, en 2008, j’ai eu un vrai ras-le-bol. Tereos mettait un terme à mon contrat de betteraves. J’ai eu envie de bouleverser totalement mon système, et le bio était une évidence. A l’époque, les débouchés étaient moins nombreux et les banques timides, et j’avais un emprunt jusqu’en 2012. Mais je suis tout de même allé au bout : j’ai entamé la conversion en 2009, pour être bio en 2011. Mon troupeau de 65 Montbéliardes pour 45 ha de surface fourragère s’est transformé en 80 vaches pour 100 ha de cultures fourragères. Il me reste 60 ha de culture. Le lait représente désormais deux tiers des 300 000 € de chiffre d’affaires.

Avez-vous rencontré des problèmes lors de la conversion ?
Des problèmes, on en rencontre forcément, mais on trouve des solutions ! Ma conversion économique a en fait duré quatre ans. J’ai fait des erreurs techniques, et il fallait le temps à mon troupeau de s’adapter. Je n’ai jamais su faire de maïs, par exemple. Et puis, j’ai appris à écouter ma terre à nouveau. A observer les plantes comme bio-indicatrices. La base des cultures bio repose sur la rotation et le mélange d’espèces. Beaucoup d’anticipation pour ne pas se laisser dépasser. La plus grosse difficulté que je rencontre est de pouvoir continuer le non-labour, que je pratique depuis vingt-cinq ans, en me passant du glyphosate. J’en étais arrivé à passer cinq ou six fois pour détruire un couvert, et ce n’était pas cohérent. Pour autant, pas question de ressortir la charrue ! Je participe à des formations de compost de surface, une technique développée en Allemagne, qui serait une bonne solution.

Quelles opportunités le bio vous a-t-il offertes ?
La première chose que j’ai faite a été de vendre le pulvérisateur et le semoir à engrais. Je ne pouvais plus les voir . En échange j’ai investi dans un trieur à céréales, une faucheuse, une faneuse, une herse à étrilles… Aujourd’hui, j’ai des cultures que je n’aurais jamais faites en conventionnel, car j’ai dû tester les plantes qui se plaisent le mieux dans mes terres : lentilles vertes  associées à de la caméline, qui sert de tuteur et qui est valorisée en huile, pois verts que je fais casser, lentillons de champagne pour faire de la lentille corail, une fois décortiqués. J’ai même fais du quinoa.
Et, avec cela, j’ai découvert la vente directe. Ma femme vend aux marchés et à la ferme, et nous commercialisons via Somme produits locaux, les Amap, la Ruche qui dit oui ! et la Cuisine centrale d’Amiens. Il a fallu penser au marketing, à la communication… Nous avons développé de nombreuses compétences grâce au bio.

Quelle qualité de vie avez-vous aujourd’hui ?
Je suis un peu plus stressé par la météo car, en bio, on en dépend encore plus qu’en conventionnel. Il nous faut au moins dix jours de soleil en mai pour pouvoir faire du foin. Economiquement, maintenant que l’équilibre est trouvé, je suis en revanche beaucoup plus serein, car les charges sont bien moins lourdes. Plus besoin d’espérer que la Russie ne gèle ou que l’Amérique se dessèche pour faire monter le cours mondial de ceci ou de cela. Et puis, surtout, je suis revenu à l’essentiel : l’agronomie avant tout. Je connais beaucoup mieux ma terre.

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