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Blé : la flambée des prix ne compensera pas les trous dans les trésoreries

La récente hausse des cours du blé tendre reste insuffisante vu la fragile trésorerie des exploitations céréalières.

Après avoir franchi la barre des 200 €/t en juillet, les cours du blé ont frôlé les 220 €, à 219,75 € en cours de séance, 
le 2 août, sur le marché européen Euronext. Le blé a ensuite cédé du terrain, repassant sous les 200 € le 27 août. 
Après avoir franchi la barre des 200 €/t en juillet, les cours du blé ont frôlé les 220 €, à 219,75 € en cours de séance,
le 2 août, sur le marché européen Euronext. Le blé a ensuite cédé du terrain, repassant sous les 200 € le 27 août. 
© © J.-C. GÜtner



«La situation financière des exploitations de grandes cultures reste extrêmement compliquée», a déclaré le directeur général d’Agritel Michel Portier, selon qui elle devrait «s’améliorer légèrement sans combler le trou de 2016». D’un côté, le blé a vu son prix grimper de 44 €/t rendu Rouen depuis le 1er mai. De l’autre, son coût de production a augmenté de 19 €/t (à 166 €/t) en comparaison de la récolte précédente, par manque de dilution des charges fixes avec la baisse des rendements, d’après Agritel.
Il en ressort «une marge moyenne de 5 à 10 /t» pour 2018-2019. Pas de quoi renflouer les trésoreries des exploitations, malmenées par «des prix de vente inférieurs aux coûts de production depuis 2013».

La fin d’une période d’abondance
Agritel mise néanmoins sur une fermeté des cours dans les mois à venir, au-dessus de 200 € la tonne de blé tendre sur Euronext. «Chez les grands pays exportateurs, le ratio stock/utilisation descend à un plus bas historique», inférieur à 15 % en fin de campagne, explique l’analyste Alexandre Boy. Avec des récoltes décevantes, le marché mondial du blé vit la fin d’une période d’abondance. La France affiche une production de 34,2 Mt, soit «la troisième plus faible depuis dix ans», selon la société de conseil. L’Europe du Nord et de l’Est est sévèrement touchée par la sécheresse, qui a aussi un impact en mer Noire, la production russe étant chiffrée à 67,4 Mt (- 17 Mt sur l’an). Même tableau en Australie et au Canada. L’Argentine apparaît comme le seul des huit grands pays exportateurs à ne pas être sur le reculoir.
Le sentiment «haussier» d’Agritel concernant le prix du blé est également nourri par des divergences avec l’USDA, dont le rapport Wasde, sur l’offre et la demande mondiales, oriente le marché. «La consommation intérieure est sous-évaluée en Russie», soutient Alexandre Boy, mettant en avant des besoins croissants en céréales pour nourrir le cheptel. Et de mettre en doute la prévision de l’USDA sur les exportations de blé par la Russie à 35 Mt, Agritel misant plutôt sur 31,5 Mt. Le chiffre sur l’export européen est aussi contesté. «Les exportations de blé par l’Union européenne sont attendues au plus bas depuis 2011-2012, à 21 Mt», avance l’analyste, quand l’USDA table sur 23 Mt.

Les 220 /t frôlés en cours de séance
Après avoir franchi la barre des 200 €/t en juillet, les cours du blé ont frôlé les 220 €, à 219,75 € en cours de séance, le 2 août, sur le marché européen Euronext. Un pic jamais atteint depuis avril 2014. Le blé a ensuite cédé du terrain, repassant sous les 200 € le 27 août. Cette fermeté des cours rassure les céréaliers, qui ont le moral en berne depuis plusieurs années. 40 % d’entre eux sont dans le rouge, d’après l’AGPB (producteurs de blé). «Si les prix montent, cela permettra à beaucoup de retrouver de l’oxygène», s’est félicité le président Philippe Pinta. Les acteurs dans le trading, la collecte, la gestion du risque prix se frottent aussi les mains. «2018 marque le retour d’une très forte volatilité sur les marchés», souligne Michel Portier.

La meunerie française est préoccupée par la hausse du prix du blé

«La hausse des cours du blé préoccupe les meuniers», indiquait l’Association nationale de la meunerie française (ANMF), dans un communiqué lundi 13 août. Avec un cours du blé meunier en progression de 20 % depuis début juillet, une récolte mondiale «à son plus bas niveau depuis 2014-2015», la profession craint que «les tensions sur le marché du blé aient, une nouvelle fois, des répercussions économiques lourdes pour les entreprises». A cela vient s’ajouter le fait que les grands pays producteurs sont également touchés par des problèmes de qualités. «Ce manque de qualité de la récolte des pays nord-européens devrait tendre le marché français et mettre la pression sur les prix à payer pour obtenir les qualités meunières», note l’ANMF. Avec la baisse de la récolte française, «les prix pourraient s’installer durablement au-dessus de 200 e/tonne», alors que les 420 unités de production, que représente l’ANMF, consomment «cinq millions de tonnes de blé français par an, soit 15 % des blés commercialisés», indique l’organisation.

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