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Bovin allaitant : conseils à suivre avant le retour du troupeau à l’étable

Dans certains élevages, les vêlages ont déjà commencé, mais pour la majorité d’entre eux le troupeau va rentrer dès que le temps va se dégrader. Il est temps de s’intéresser aux points de vigilance à suivre avant ce retour au bercail.

Attendre le dernier moment pour rentrer les génisses, c’est prendre le risque d’un premier vêlage en prairie, sans surveillance, et d’une mortalité accrue.
Attendre le dernier moment pour rentrer les génisses, c’est prendre le risque d’un premier vêlage en prairie, sans surveillance, et d’une mortalité accrue.
© D. R.



La mortalité des veaux est en moyenne de 10 % entre le jour de la naissance et l’âge de quatre-vingt-dix jours. Celle-ci intervient pour 50 % dans les trois jours qui suivent le vêlage en lien avec un problème dû à un veau trop gros, un défaut de surveillance, ou un accident. Le reste de la mortalité s’explique par des problèmes sanitaires exacerbés par la détention des animaux en bâtiment. En race salers par exemple, dans les Hauts-de-France où le taux de mortalité est de 6 % lorsque les animaux sont logés en bâtiment, la moitié des décès a lieu dans les trois jours, tandis que l’autre moitié se situe entre quatre et quatre-vingt-dix jours. Pour la même race entretenue en plein air, on sera proche des 3 % de mortalité. Quelle que soit la race, les animaux sont donc mieux en extérieur qu’à l’intérieur des bâtiments. Ils ont en effet une capacité à s’adapter aux conditions climatiques rudes, notamment grâce à leur métabolisme. La panse, d’un volume d’environ 200 litres, joue l’effet d’une bouillotte et leur permet ainsi de lutter plus facilement contre le froid. Si le vent et la pluie restent à craindre, la présence d’abris naturels dans les pâtures - sous-bois, haies - permettent aux animaux de se protéger. Les veaux sont, quant à eux, plus résistants que l’on ne croit. Mais la portance des sols dans la région, des chargements élevés, la réglementation sur la pollution comme le regard de la société, les animaux qui restent en pâture lorsque les conditions météo se dégradent conduisent un certain nombre d’éleveurs à rentrer leurs animaux. C’est aussi à partir de ce moment que les ennuis commencent : pression sanitaire, bactéries, virus apparaissent dans des bâtiments où la chaleur des litières et l’humidité de l’air leur sont propices.

Ventilation des bâtiments et lumière
Le bon bâtiment est celui dans lequel il n’y a pas de courant d’air, tout en ayant suffisamment d’entrées et sorties d’air en faîtage des bâtiments, ou grâce à l’installation de tôles cheminées. L’air vicié doit être évacué rapidement et la litière doit être asséchée par une bonne ventilation. L’évacuation régulière du fumier permet de diminuer la chaleur et la multiplication des germes. L’utilisation des pailleuses à turbine aura, quant à elle, tendance à obstruer les entrées d’air. La solution ? Un coup de balai sur les bardages qui apporte une amélioration des entrées d’air et de la luminosité. Logés dans la pénombre, les animaux auront plus de difficultés à déclencher des chaleurs pour une raison hormonale. En revanche, plus le bâtiment est clair, plus l’apparition et la détection des chaleurs sera aisée. Un éclairage puissant qui s’étale du matin au soir, reproduit la luminosité du printemps, et agit sur l’hypotalamus des femelles, entraînant une bonne cyclicité.

Aménager l’espace vêlage
Bien qu’une majorité des élevages soit maintenant équipée de lumière, d’un palan électrique (100 €) pour aider aux vêlages et à la pesée des veaux et d’une barrière à césarienne, l’espace vêlage reste le lieu de la première contamination des nouveaux nés. Un point d’eau est utile pour un bon nettoyage après chaque vêlage et une désinfection. Mais malheureusement, dans un certain nombre de cas, l’évacuation des eaux n’est pas souvent prévue.

Les parcs à veaux, le lit à microbes
La mise en place de parcs à veaux n’est pas à remettre en cause, mais il faut avoir conscience que la concentration des veaux facilite la contamination. Disposer d’un espace de 3 mètres par veau est une surface minimum quand on sait qu’en fin d’hiver, chacun pèsera entre 250 et 300 kilos de poids vif, selon l’époque de vêlages. Parce qu’ils sont vecteurs de froid, les murs en béton peuvent être recouverts de bois. La hauteur de certains bâtiments est aussi source de tourbillons de vents qui fragilisent les veaux. La mise en place d’un plafond de paille ou d’un géotextile évitera le froid sur le dos des veaux, tout en permettant à l’air vicié de s’échapper. Un curage régulier et une désinfection au sol avec de la chaux éteinte est à réaliser une fois par semaine. La coccidiose est un agent qui se propage entre autre par les bouses. Enfin, il est nécessaire de rappeler que ce sont les veaux adultes qui contaminent les jeunes veaux, d’où une mortalité qui accroît en fin d’hiver. Pour éviter ce phénomène, il faut veiller à ce qu’il n’y ait pas une différence de plus de deux mois d’âge entre les veaux présents dans un même parc.

À chaque catégorie son parc
Une vache vêlée aura besoin de 30 % de besoins alimentaires en plus par rapport à une vache non vêlée. L’embonpoint des vaches à vêler en fin d’hiver est de nature à compliquer les vêlages. Il est donc judicieux de séparer les vaches vêlées des autres. De la même manière, les vaches primipares doivent faire leur place dans le troupeau et sont sous la dominance des vaches les plus âgées. Une alimentation un peu plus soutenue est souvent nécessaire pour un retour en chaleur rapide et un parc dédié est utile à ces jeunes vaches.

La paille alimentaire
Avec nos rations riches, il est nécessaire de rationner, et pour remplir le ventre des vaches, la paille est un fourrage indispensable. Se contenter de la paille litière, à moins de pailler abondamment et chaque jour est illusoire pour satisfaire les besoins. Plus la paille est consommée, plus on peut se permettre de diminuer la ration de base avec une économie substantielle. La santé du troupeau, sa tranquillité et la qualité du lait sont liés à une bonne rumination et un bon équilibre de la ration. Les râteliers mis en hauteur sur les poteaux, c’est mieux que rien, mais loin d’être optimum pour développer la consommation. La paille à l’auge distribuée comme un foin, c’est du temps de travail. Reste le râtelier au sol qui permet de maximiser la consommation à condition que l’odeur du fumier n’imprègne pas trop la paille.  Lors de la construction d’un bâtiment, l’emplacement de la paille alimentaire est rarement pris en compte alors que 4 kg de paille journalier et par vache sont souvent nécessaires.

La préparation au vêlage
La panse est une cuve à fermentation dont la flore met trois semaines à s’adapter à tout changement alimentaire. Quand les vaches en attente de vêlage sont nourries différemment des animaux qui ont déjà vêlées, c’est une perte de temps pour retrouver un équilibre alimentaire ; lequel est ensuite préjudiciable à la future fécondité, principalement pour les primipares. L’apport d’un complément minéral vitaminé (CMV) est important avant le vêlage pour enrichir le colostrum et avoir des veaux dynamiques à la naissance.

La préparation des taureaux
Étant donné que la production de spermatozoïdes (spermatogenèse) dure soixante jours chez le taureau, il faut tenir compte du fait qu’un accès de fièvre suivi d’un traitement aux antibiotiques peuvent avoir des répercussions dans les deux mois qui suivent. D’autre part, il est important de veiller à l’entretien des aplombs suffisamment à l’avance. On veillera donc à faire reprendre du poids au taureau reproducteur, sans pour autant l’engraisser. La complémentation minérale et vitaminique a aussi son importance sur la spermatogenèse. Pour s’assurer d’un rendement optimum, il faut compter un taureau adulte pour trente à quarante vaches maximum. Au-delà, c’est prendre le risque d’un décalage dans les vêlages.

Utiliser les outils d’aide à la surveillance des vêlages
Une caméra à dépoussiérer, un outil de détection des vêlages dont le bon fonctionnement est à vérifier ? Il est temps de s’en préoccuper. Alors que l’investissement reste onéreux et faute de temps pour les mettre en fonction, certains dispositifs achetés restent dans les coffrets ou ne servent que pour les derniers vêlages. Le premier levier pour réduire le risque de mortalité est de travailler sur la génétique et la facilité à vêler des animaux. Chercher ensuite à avoir des vêlages groupés et s’équiper d’une caméra de surveillance - les prix de ces équipements ont baissé et sont devenus très abordables - peuvent également faire baisser le risque de mortalité. Bien qu’elle soit encore peu utilisée, la méthode des températures présente des résultats satisfaits. En effet, l’augmentation de la température de la vache prête à vêler dans les jours précédents le jour J puis un retour à la normale 36 heures avant le vêlage reste un bon indicateur. À surveiller, donc.

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