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Brebis : La Bêle Ferme de Claire Beller à Sainte-Segrée

Claire Beller a remporté le deuxième prix du concours «J’aime mon territoire», mis en place par le Crédit agricole Brie Picardie.

Claire Beller s’est lancée dans l’élevage de brebis de race Basco-béarnaise en avril 2017.
Claire Beller s’est lancée dans l’élevage de brebis de race Basco-béarnaise en avril 2017.
© F. G.

Elever des brebis Basco-béarnaises dans la Somme alors qu’elles sont habituées à leurs montagnes basques, à un climat chaud et à des fortes pluies, il fallait oser. Claire Beller, ancienne conseillère agricole de la Chambre d’agriculture de l’Oise, s’est jetée dans la mêlée, comme les équipes de rugby du Sud-Ouest savent le faire. Ne croyez pas à une lubie de «bonne femme» voulant jouer à la fermière. Non, le choix de Claire est bel et bien réfléchi.
Passionnée d’élevage depuis sa tendre enfance, bien qu’issue d’une famille d’enseignants, Claire tente à deux reprises le concours de l’école vétérinaire en vain. Elle se réoriente donc vers le métier de conseillère agricole, «métier qui pouvait me permettre de travailler avec les animaux, sans la partie soins, bien sûr», commente-t-elle. Après un DUT à Amiens et une école d’ingénieurs à Lyon, puis une spécialisation en zootechnie, elle décroche un poste de conseillère agricole en élevage laitier dans le Pas-de-Calais, puis dans l’Oise.
Crise de quarantaine ou pas, la sensation d’avoir fait le tour de son métier l’incite à franchir le Rubicon en s’installant en tant qu’agricultrice à Sainte-Segrée, où elle rachète un corps de ferme d’un hectare, avec quatre-vingts ares de pâture. Son projet  ? Transformer du lait. Mais de quel animal ? Des vaches, trop compliqué du fait de la taille de l’animal et d’être seule sur l’exploitation. Des chèvres ? Pas mal d’exploitations existent dans les Hauts-de-France, difficile donc de se faire une place. Des brebis ? Bingo, hormis un exploitant dans le Pas-de-Calais et un autre dans l’Oise, le plus près de sa ferme est en Seine-Maritime, à côté de Neufchâtel. Un élevage en bio ? Encore mieux, la place est vide. Ce sera donc un élevage de brebis qu’elle va choisir, «même si je n’avais jamais touché de brebis de ma vie», dit-elle en riant.

Le choix de Basco-béarnaises
Si la production bio s’impose d’elle-même, rien d’étonnant pour celle qui, pendant des années, à travailler notamment sur les MAE, et souhaite produire le lait le plus sain possible, tant sur le plan sanitaire que pour la santé. Et d’ajouter : «Les élever le plus naturellement possible ou les passer en bio, il n‘y avait pas de grande différence. J’ai donc opté pour le bio.» Et d’autant que son voisin, agriculteur bio, peut lui fournir fourrages et grains pour l’alimentation de ses brebis.
C’est dans le Béarn, grâce à un ami, qu’elle va trouver son bonheur. «Je voulais une race rustique. Or, la Basco-béarnaise correspondait parfaitement à mon attente», raconte-t-elle. Les trente réformes qu’elle achète à des éleveurs béarnais appartiennent au premier niveau de tri, soit des bêtes qui présentent de bonnes qualités. Mais le démarrage est compliqué, les bêtes n’étant pas taries. Les premières traites seront un vrai casse-tête, d’autant «qu’il a fallu que je m’adapte aux brebis et qu’elles en fassent autant avec moi. On a fait connaissance mutuellement», indique-t-elle. L’adaptation se fait.

De la production à la transformation
Si elle a pu commencer à produire en 2017, c’est surtout en 2018 qu’elle est entrée dans le vif du sujet. Après les agnelages dans la première quinzaine de mars, les premières traites ont eu lieu fin mars, puis le sevrage des agneaux a suivi mi-avril. Les dernières traites se sont, elles, terminées fin avril. Ont suivi des mono-traites, soit une fois par jour, jusqu’à la mi-octobre. Voilà pour le cycle de vie des animaux.
Pour sa première année de production, Claire a collecté environ 600 litres de lait qu’elle a transformés dans son laboratoire en tomme bio, joliment nommée «La Bêle de Segrée», et en fromage frais. Son objectif, à terme, soit d’ici trois à quatre ans, et si tout se passe bien, est d’avoir un cheptel de cinquante-cinq brebis par les brebis nées sur place, pour 8 000 litres de lait, afin de produire de la tomme (autour de 70 %), ainsi que des yaourts et des fromages frais (30 %).
Mais transformer est une sacrée paire de manches. «Les éleveurs basques m’avaient transmis leur savoir mais, avec leur accent, je n’ai pas tout compris», s’amuse-t-elle. Si les formations suivies auprès de l’ARVD posent les bases, «tout n’est pas transmissible par une formation. Ce qui est compliqué, c’est la gestion de la température, de l’air et du lait pour assurer notamment l’acidification. Puis, une recette peut marcher pendant trois jours et ne plus fonctionner le quatrième jour. Enfin, ce qui est aussi compliqué, c’est qu’à partir d’un produit différent tous les jours, il faut faire un produit stable», relève-t-elle.
Si la transformation est bel et bien une activité délicate, Claire n’a pas à rougir des produits qu’elle a conçus, tous vendus sur commande à la ferme, l’an dernier, à des particuliers, ainsi qu’une partie à l’Ile aux fruits, à Amiens, et à l’Amap de Poix-de-Picardie. D’autres Amap viendront se rajouter. Biocoop s’est également montrée intéressée, ainsi que Planète verte, à Quevauvillers.
Seule à fabriquer des produits à base de lait de brebis bio, et jouant la carte des circuits courts, son projet ne pouvait que retenir l’attention du jury du Crédit agricole Brie Picardie, ainsi que des sociétaires. De quoi inciter l’éleveuse à participer à d’autres concours.

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