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Calira : excellente année et conjoncture favorable pour le lin

Pour l'exercice 2013, la Calira a livré sa plus haute recette hectare en plus de 30 ans.

© Calira

La Calira a fait salle comble à Ailly-le-Haut-Clocher ce 19 décembre 2014 pour son assemblée générale, et les liniculteurs présents n’ont pas regretté leur passage. En effet, l’exercice 2013 sur lequel a statué l’assemblée générale fut une conjonction technique et financière très favorable pour la filière lin. Ainsi, en 2013, la coopérative a travaillé les 4 000 hectares des coopérateurs pour un volume de paille de 8 405 kg/ha à 24,35% de richesse. Tonnage brut et richesse étaient les plus élevés des dix dernières années et ont permis de passer la barre moyenne des 2 000 tonnes de filasse à l’hectare (2 047 kg pour être très précis).
Avec une conjoncture porteuse et une filasse qui s’est valorisée aux environs de 2 €/kg, la recette (incluant étoupes, anas et graines) a atteint en moyenne 4 772 €/ha, et la recette planteur moyenne (teillage déduit) s’est établie à 3 410 €/ha.
Prenant à témoin le directeur actuel Vincent Delaporte et son prédécesseur Patrick Hurdequint, le président Antoine Berthe a confirmé que la Calira avait ainsi livré sa plus haute recette hectare en plus de 30 ans, de quoi réjouir l’ensemble des coopérateurs dans une année et un secteur frappés par des déconvenues techniques ou économiques.

Un équilibre fragile
Cette année enthousiasmante ne doit pas pour autant faire oublier les années les plus délicates : 2007 et surtout 2011 avec des rendements quantitatifs et qualitatifs en retrait (quatre fois moins de filasse hectare en 2011 qu’en 2014) et donc la partie d’incertitude que cela comporte.
L’année 2014 n’a pas dérogé à cette variabilité climatique et l’exercice sera d’ores et déjà techniquement inférieur. En effet, après un printemps «idéal», avec un potentiel début juin encore supérieur à 2013, les linières n’ont pas résisté aux orages de juin qui ont couché 90% des surfaces.
L’arrachage s’est étalé sur plus d’un mois, retardé par la verse et l’humidité des sols. Les retournages se sont déroulés au gré des fenêtres météo, avec une qualité de travail médiocre, et pour les enroulages, il y aura eu un avant 25 août (orage de 40 à 60 mm), durant lequel 25% des linières ont été rentrées entre les gouttes, puis un après 25 août où le climat s’est progressivement rétabli.
Au final, on distingue trois catégories. Les lins arrachés tôt (avant le 25 juillet) et récoltés avant le 25 août, avec un bon rouissage et une bonne richesse. Les lins arrachés tôt et récoltés après le 29 août qui ont eu un rouissage excessif et un rendement fibre très altéré. Les lins arrachés après le 25 juillet et enroulés après le 29 août, qui ont eu un bon rouissage mais avec une grande hétérogénéité en qualité et en rendement.
Pour l’heure, sur 7% de la surface 2014 travaillées, la Calira observe une baisse de tonnage de paille de 8% et une baisse du tonnage de filasse de 30%.

Maîtriser l’emblavement
Cette situation trouve un soulagement économique dans la conjoncture actuelle : comme l’a montré Alice Trotel, directrice de l’Agpl, la maîtrise des emblavements engagés depuis 2009 par l’interprofession a divisé par six les stocks de fibres longues, ce qui a eu pour effet, dans la même période, de quasi doubler le prix moyen de la filasse. Sur l’année, la tendance reste identique, avec des stocks en baisse de 42,1% et un prix moyen en hausse de 16,7%. C’est donc un équilibre d’offre/demande à pérenniser, dans un contexte de demande qui tire au plan mondial (les filatures chinoises ont accéléré leur modernisation) et avec la spécificité d’un bassin de production confiné au quart Nord-Ouest de la France, Belgique et Hollande.
Bref, faut-il miser tout sur le lin au risque de «casser» le prix ? Telle est la tentation de tout producteur. Pragmatique, la coopérative s’adapte avec une hausse prévisionnelle de 7% des surfaces (4 650 ha en 2015 contre 4 325 ha en 2014), cohérente avec les indicateurs de marché, la capacité de l’outil et la nécessaire prudence sur le long terme.

Un outil performant qui doit le rester
L’outil de teillage est bien évidemment un élément essentiel du dispositif de la coopérative. Il avait du s’adapter à la crise de 2011, et tourne aujourd’hui à un régime plus conforme. 82 salariés y sont présents (chiffre bien martelé par Antoine Berthe au sénateur Daniel Dubois, présent). Faiblement endetté, l’outil va faire l’objet d’amélioration de productivité (palétisseur – peseur sur deux lignes), et ainsi consolider son efficacité technique.
Bref, l’année 2013 fut excellente, 2014 plus éprouvante, mais l’horizon reste bleu pour les producteurs et la filière.

La technique au service

La variabilité des recettes planteurs (de 1 151 à 6 039 eu­ros) témoigne entre autre de l’importance des facteurs climatiques, mais aussi de l’agronomie et de la technique. Ainsi s’inscrit la politique de développement de semence avec le GIE Linea qui fournit aujourd’hui bon nombre de variétés utilisées par la coopérative.
Par ailleurs, la Calira organise chaque année une visite technique commune avec Linea, la chambre d’agriculture et Arvalis, avec notamment la collection variétale, les essais fongicides et les essais régulateurs. Ces essais mettent de plus en plus en exergue de grandes influences de choix agronomiques et techniques sur le potentiel des linières.
Rendez-vous est donc donné aux producteurs pour juin 2015.


Daniel Dubois : le lin est une plante «élégante»

C’est en voisin et en amoureux du lin que le sénateur Daniel Dubois a assisté aux travaux de la coopérative. Il en a profité pour dresser un panorama politique sur l’agriculture, et notamment sur les deux dernières lois agricoles. La loi de modernisation (2010) a porté sur l’organisation des filières, la contractualisation et souffrait d’une carence de compétitivité. La loi d’avenir (2014), qui a focalisé sur le statut de l’agriculteur, les baux environnementaux et le CICE, et met parfois trop l’accent sur l’environnement au détriment de la capacité agricole. Néanmoins, si le marché est mondial, concurrentiel et ouvert, y-a-t-il toujours un avenir pour l’agriculture française ? Le sénateur n’en doute pas, oui, bien évidemment. Mais cela passe à ses yeux par une meilleure protection des entreprises face aux aléas climatiques et financiers accrus par cette mondialisation. Une ligne qu’il défendra dans ses travaux futurs.

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