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Betteraves
Campagne complexe mais honorable à Sainte-Émilie

Avec 96,5 jours de campagne et un rendement moyen de 71,5 t/ha à 16°, les responsables de la sucrerie Cristal Union de Sainte-Émilie sont soulagés. Entre jaunisse et Covid-19, l’usine samarienne tire son épingle du jeu. 

À Sainte-Émilie, on parle plutôt d’une «bonne campagne betteravière» au vu du contexte particulier, entre sécheresse et épidémie de jaunisse.
© D. R.

À la sucrerie Cristal Union de Sainte-Émilie, on s’y attendaient : la campagne betteravière 2020-2021 n’est pas la meilleure, comme partout en France. Une catastrophe était même redoutée dès le printemps. «Les betteraves ont d’abord subi de mauvaises levées à cause du manque d’eau au printemps. Une betterave qui lève en mai n’aura jamais le potentiel d’une betterave qui lève en mars. Les fortes chaleurs de l’été, ensuite, n’ont pas favorisé le développement de la plante. Enfin, la jaunisse due aux attaques de pucerons inédites ont été très impactantes», résume Vincent Caille, responsable betteravier. 

Décision a été prise de décaler la campagne betteravière d’une semaine pour favoriser le rendement. Les premiers camions ont donc livré la sucrerie le 2 octobre, et les derniers ont déchargé le
6 janvier : 96,5 jours au total, pour un rendement moyen de 71,5 t/ha à 16° (11,3 t/ha de sucre). «Nous pouvons parler d’une bonne campagne, car ce résultat est parmi les meilleurs de France», note Thierry Cousson, directeur de l’usine. Un gradient nord/sud est en fait flagrant : toutes les usines situées plus au sud ont de moins bons résultats, avec de vraies catastrophes en-dessous de Paris, et celles situées plus au Nord sont meilleures. «Cela se vérifie dans notre propre zone, précise Vincent Caille. Vers Saint-Quentin et Ham, le rendement est autour de 60 t/ha à 16°. Il est de 70 t/ha à 16° dans le Santerre, autour de Péronne, de 80 t/ha à 16° du côté de Corbie, Albert et Bapaume, et il atteint 85 t/ha à 16° dans le Cambraisis.» Pour les planteurs, le chiffre d’affaires ne sera pas mirobolant, mais l’équilibre économique devrait être atteint. 

À Sainte-Émilie, le challenge de la campagne était de gérer la crise du Covid-19 pour éviter un arrêt de l’usine. «Quelques cas ont été déclarés parmi les salariés, mais les règles mises en place ont permis de limiter l’impact», assure Thierry Cousson. Bien que les betteraves soient de qualité moyenne, les jus, eux, se sont avérés corrects et le sucre est de qualité. Résultat :
210 000 t de sucre et 34 000 t de sirop. «C’est 15 % de moins que l’année dernière, mais le pire a été évité.»

Objectif maintien des surfaces 

Pour la prochaine campagne, les responsables de la sucrerie appellent à maintenir les surfaces. «C’est la condition pour conserver le diviseur qui permet d’être rentable et de générer de la plus-value pour rémunérer au mieux les betteraves», argumente Vincent Caille. Pour le responsable betteravier, les derniers événements envoient des signaux positifs pour la prochaine campagne. 

Sur le plan agricole, la dérogation d’usage des néonicotinoïdes pour une durée de trois ans, même si elle s’assortit de conditions concernant les rotations pour les plantes mellifères, offre à la filière davantage de temps pour mettre en place des solutions de lutte contre les pucerons vecteurs de jaunisse. «Ces conditions posent toutefois problème à certains planteurs, aussi producteurs de légumes et de colza», prévient Vincent Caille. L’hiver, plus froid cette année avec plusieurs épisodes de gel et même de la neige dans la Somme, va permettre d’éliminer de nombreux parasites. Du côté de l’économie, «le prix du sucre est à la hausse, et la compétitivité du groupe Cristal Union a été optimisée avec la restructuration récente et la conservation de huit usines performantes.»

 

La déshy déplacée pour un site plus durable

Des usines performantes ? Oui, et de plus en plus durables. C’est un engagement que prend le groupe Cristal Union. La sucrerie samarienne est témoin de cette orientation. Depuis la campagne betteravière 2018-2019, elle est dotée d’une centrale de cogénération high-tech, qui a nécessité un investissement de 42 millions d’euros (une chaufferie composée de deux chaudières à très haut rendement et un turbo alternateur qui permet au site d’être autosuffisant en électricité). Parmi les derniers travaux : installation d’une cuite de 500 hectolitres en remplacement d’une ancienne de 180 hectolitres pour augmenter les capacités de cristallisation, mise en service d’un laveur de gaz, d’un trommel laveur de betteraves. Un nouvel atelier de décalcification des jus avant évaporation sera opérationnel pour la campagne 2022. 
Aujourd’hui, un nouveau projet est dans les tuyaux. «Nous souhaitons transférer le centre de déshydratation des pulpes d’Epénancourt, qui fonctionne au charbon, à Sainte-Émilie. Le processus sera réalisé grâce à la vapeur que nous produisons», explique Thierry Cousson, le directeur. L’usine est en réalité autonome en eau : celle-ci est issue des betteraves lors du processus d’extraction du sucre. Transformée en vapeur, elle servira à la déshydratation des pulpes avant d’être redirigée vers l’extraction des jus. La vapeur est enfin récupérée sous forme d’eau condensée et stockée dans des bassins, puis utilisée pour l’irrigation. «Nous allons augmenter nos volumes d’eau pour l’irrigation à hauteur de 130 000 m3 et nous allons diviser par six la consommation d’énergie pour la déshy.» Les coûts de transport vers Epénancourt, qui restera un centre de stockage, seront aussi réduits, puisque seule la matière sèche sera désormais chargée dans les camions. L’investissement de 25 MÄ, dont 6,69 MÄ financés par l’Ademe et environ 9 MÄ par EDF, devrait être voté en conseil d’administration à la fin du mois. 
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