GIEE du Vimeu
Cas concret : quand et comment restructurer ses sols dans la rotation
Le 20 novembre dernier, la chambre d’agriculture de la Somme a organisé à Nibas une demi-journée technique sur la place de la restructuration des sols dans des rotations avec des cultures sensibles aux tassements. Tour d’horizon des principaux enseignements de cette journée.
Le 20 novembre dernier, la chambre d’agriculture de la Somme a organisé à Nibas une demi-journée technique sur la place de la restructuration des sols dans des rotations avec des cultures sensibles aux tassements. Tour d’horizon des principaux enseignements de cette journée.
Dans le cadre de l’accompagnement technique des agriculteurs du GIEE vers des pratiques plus résilientes face aux aléas climatiques, plusieurs membres du groupe ont souhaité travailler sur la restructuration des sols avant une culture de lin fibre de printemps.
Pour ce faire, une parcelle de limon profond (16 % d'argile) avec une récolte de betteraves sucrières en conditions difficiles à l’automne 2024, suivie d’un blé en 2025 a été choisie pour mettre en place différentes modalités de restructuration, lors de l’interculture, avant le semis du lin au printemps 2026. L’ensemble des outils utilisés pour cet essai provenait des exploitations membres du GIEE.
Un état des lieux avant toute intervention
Afin d’intervenir de façon pertinente avec un outil de restructuration, il est important de réaliser au préalable une analyse de l’état de compaction du sol et de vérifier le niveau de ressuyage des agrégats.
La photo ci-dessous présente le profil des horizons dans la parcelle témoin.
La zone entre 0 et 20 cm fortement déstructurée correspond aux deux passages de déchaumeur à dents pendant l’interculture pour notamment gérer les vivaces.
La partie sous-jacente entre 20 et 30 cm beaucoup plus massive, avec des zones plus ou moins compactes matérialise le tassement des engins qui ont circulé dans la parcelle.
Une fois l’état des lieux établi, et compte tenu de la réhumectation du profil par les pluies de fin juillet, une fenêtre d’intervention idéale s’est ouverte début août. Le passage des outils de restructuration a eu lieu le 4 août pour les modalités avant semis du couvert végétal.
Comparaison de quatre outils de restructuration
Plusieurs matériels ont été utilisés pour représenter la grande majorité des fissurateurs/décompacteurs présents dans les exploitations du département. Il s’agit d’une sous soleuse, d’un Agrisem-Combiplow, d’un Actisol à dents fissuratrices et d’un Bonnel à dents Michel (photos ci-dessous).
Ces quatre outils ont été passés le 4 août dans des modalités de 25 mètres de large avant le semis du couvert qui a eu lieu le 26 août. Une modalité supplémentaire a été ajoutée pour faire intervenir l’Actisol après avoir semé le couvert d’interculture. L’objectif étant de ne plus avoir d’intervention dans la parcelle après le passage du fissurateur. Cette technique fonctionne si l’outil ne bouleverse pas trop l’horizon de surface et que le passage se fasse avant la germination des graines du couvert. Celui-ci a été réalisé le 29 août, soit trois jours après le semis.
La période d’interculture, moment propice pour intervenir
Le passage d’un outil de restructuration n’est pas anodin pour le sol. Aussi, dans le but de conserver tous les bénéfices de cette intervention, il est impératif d’avoir un couvert à la surface pour protéger les agrégats de potentielles précipitations intenses. En effet, la dent de l’outil va créer de la terre fine qui va perdre temporairement sa cohésion et la rendre vulnérable vis-à-vis des phénomènes de lessivage et de reprise en masse. Plus le couvert sera dense, meilleure sera sa protection. De plus, une diversité d’espèces avec des racines fasciculées et pivotantes auront une action sur les horizons de surface et en profondeur. Le couvert semé dans la parcelle est composé de 15 kg d’avoine rude, 4 kg de phacélie et 3 kg de moutarde.
Pas de différences significatives dans le développement du couvert
Malgré les différents outils utilisés, aucun n’est sorti du lot concernant l’impact sur le développement du couvert. En effet, après le semis du 26 août, la parcelle a reçu régulièrement des précipitations permettant une croissance des différentes espèces et une bonne humectation du profil. Cet apport d’eau régulier a gommé l’influence des zones compactes sur la pousse du couvert.
Des profils différents, quels impacts sur le lin en 2026 ?
Lors de la journée du 20 novembre, plusieurs profils de sol ont été ouverts pour observer l’impact des différents outils utilisés sur la restructuration.
En résumé, la sous soleuse avec un écartement entre dents de 1 mètre laisse des zones non bouleversées plus importantes que les trois autres outils.
L’Actisol avec un écartement entre dents de 33 centimètres fissure bien sur l’ensemble du profil mais sa profondeur de travail est plus limitée. Concernant l’Agrisem et le Bonnel, ils ont globalement le même impact sur les zones décompactées.
Face à cette situation, l’objectif est d’implanter le lin en techniques culturales simplifiées.
Cette culture étant un «marqueur» significatif des problématiques de tassement, son développement lors du printemps 2026 nous permettra de discriminer les différentes modalités. Une rencontre sur le terrain sera organisée à cette occasion.
Si vous avez un besoin de diagnostic de la structure de vos sols, n’hésitez pas à contacter votre conseiller à la chambre d’agriculture.