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Centre d’enfouissement de Lihons : la polémique enfle sur le terrain

Alors que les agriculteurs se plaignent depuis longtemps des risques de pollution que fait courir ce centre aux cultures, les riverains appellent à manifester.

© AAP

Cela fait quelques années que les agriculteurs alertent l’administration sur les problèmes engendrés par l’exploitation du centre de stockage de déchets de Lihons. Laurent Degenne, président de la Fdsea, avait rencontré avec d’autres représentants agricoles, le sous-préfet de Péronne le 17 novembre dernier afin de rappeler les problèmes posés par ce centre qui restent en suspens. Entre les risques de pollution de la nappe phréatique à proximité du captage de Caix (qui concernent au premier chef la population), la crainte de l’envol de déchets, et la souillure des cultures par les mouettes et corbeaux, les agriculteurs regrettent que la présence et l’exploitation du centre les amènent à ne plus implanter des cultures légumières de crainte de se voir refuser leur récolte.
Le président de la Fdsea avait aussi rappelé que le commissaire enquêteur avait demandé lors de l’enquête publique pour l’agrandissement du centre qu’une commission de conciliation se réunisse pour solutionner les différents litiges. Et qu’en cas d’échec de cette commission son avis passera de favorable avec réserve à défavorable.
Cette commission ne s’est pas réunie et tous les points évoqués n’ont à l’heure actuelle toujours pas progressé. Le sous-préfet avait été attentif au propos des responsables agricoles et il s’était engagé à en informer la préfète et la Direction régionale de l’environnement de l’aménagement et du logement (Dreal). Les responsables de la Fdsea attendent donc les suites de cette rencontre.

Les associations appellent à manifester
Dans le secteur il n’y a pas que les agriculteurs qui expriment leurs craintes. En effet les riverains supportent également de plus en plus mal la coexistence du site : les nuisances olfactives génèrent également des craintes de pollution atmosphérique et l’association «Agir pour l’Environnement et la Santé» s’est dit étonnée que l’avis du commissaire enquêteur au sujet de l’extension du projet n’ait pas été suivi.
Et les craintes patrimoniales s’ajoutant aux nuisances, l’association durcit sa position contre le centre et appelle à manifester le 17 janvier 2015 à Lihons à partir de 13h30.

REACTIONS

Bruno Lepers, président de l’association Agir pour l’Environnement et la Santé (APES)

«Nous demandons la suspension du projet d’extension»

«Notre association a été créée fin 2004 et nous sommes déjà 310 adhérents. Depuis plusieurs années les habitants de Lihons et des environs sont «asphyxiés» par la pollution atmosphérique engendrée par le centre d’enfouissement des déchets de Lihons. Nous craignons aussi une pollution des nappes phréatiques et toutes les conséquences que cela engendre, à côté en plus du captage de Caix où une opération de reconquête de l’eau a été mise en place (Orque).
A plusieurs reprises nous sommes intervenus auprès de l’administration et nous nous sommes exprimés lors de l’enquête publique mais nous avons l’impression de ne pas être entendus.
C’est pourquoi nous avons créé cette association en espérant que cette mobilisation entraîne une véritable réaction des diverses administrations concernées.
Nous demandons la suspension du projet d’extension, ainsi que des solutions efficaces de lutte contre la pollution de l’air».


Philippe Cheval, conseiller général et président du Syndicat intercommunal d’eau potable
du Santerre (SIEP), en réponse à l’article de l’AAP du 28 novembre

«J’ai demandé que les décharges soient surveillées attentivement»

«Les captages de Caix constituent une ressource stratégique et essentielle pour l’eau potable des 83 communes du Siep, il est donc indispensable de la préserver.
En 2009, les captages ont été déclarées «prioritaires» par le Grenelle de l’Environnement avec une problématique Nitrates. Dans ce contexte, le Siep du Santerre a engagé sur le territoire une Opération de reconquête de la qualité de l’eau (Orque). Le préfet a validé le périmètre de l’aire d’alimentation des captages (AAC) et le plan d’actions en janvier 2013.
La mise en place d’une AAC est basée sur une méthode scientifique venant du Brgm. Ce périmètre a été validé en comité de pilotage de l’étude et ensuite par le préfet. En mai 2011, au cours d’une première réunion d’information auprès du monde agricole, les agriculteurs ont manifesté leur inquiétude sur le fait que les décharges ne soient pas inclues dans le périmètre de l’AAC. Afin de répondre à leurs attentes, j’ai demandé que les décharges soient surveillées attentivement. Un suivi piézométrique a été mis en place depuis 2012 sur des forages agricoles entre les décharges de Lihons et les captages de Caix1. Finalement, j’ai pris la décision d’étudier la faisabilité sur notre territoire d’une étude conséquente qui permettra de connaître l’origine des nitrates dans les captages de Caix à l’aide de traceurs isotopiques».


Laurent Degenne, président de la Fdsea

«Il ne faut pas rejeter le site par principe de voisinage»

«Dans ce dossier, notre ligne de conduite est de s’assurer de l’innocuité du projet sur l’environnement, et de son non impact sur l’activité économique. Nous respectons les procédures de consultation et avons exprimé nos craintes. Le commissaire enquêteur en a pris note, et nous sommes vigilants quant à la suite qui y sera donnée.
Néanmoins, nous voulons rester sur ces paramètres, car il ne faut pas tomber dans le travers du rejet du site «par principe de voisinage». L’activité humaine a des conséquences, et tout à chacun se doit de les assumer, et que ce soit un centre de traitement, une usine ou une étable, je ne souhaite pas tomber dans le travers de la bienséance des villages dortoirs.
Il n’y a pas de vie en campagne sans activité économique, et l’enjeu est toujours d’en trouver l’équilibre, et non de la rejeter».

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