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Ces agriculteurs vent debout contre les éoliennes dans la Somme

L’association «Vent debout» a déposé le 13 avril un recours contre le projet d’éoliennes, à Moreuil. Retour sur une longue bataille.

Jean-François Maquigny : «On nous impose de plus en plus de contraintes par rapport à la biodiversité et, à côté, des tas de projets éoliens sont autorisés alors qu’ils détruisent la biodiversité.»
Jean-François Maquigny : «On nous impose de plus en plus de contraintes par rapport à la biodiversité et, à côté, des tas de projets éoliens sont autorisés alors qu’ils détruisent la biodiversité.»
© F. G.


Quand des promoteurs sont venus dans son exploitation, en 2008, pour lui proposer d’installer des éoliennes dans ses parcelles, Jean-François Maquigny a longuement réfléchi. Adepte de pratiques agricoles respectueuses des sols et versé en écologie, il était alors assez enthousiaste sur la question, puisque l’éolien faisait partie des nouvelles pistes pour le développement des énergies renouvelables. Mais, après réflexion, il a décliné l’offre. «Mon métier, c’est être dans la nature et vivre dans la nature. Or, l’éolien, c’est quelque chose d’industriel. De ce fait, il n’a pas sa place dans la nature», commente celui-ci. Si d’autres agriculteurs en font autant, quelques-uns acceptent l’offre alléchante du promoteur.
Ce dernier dépose un permis de construire avec un projet passant de quatre à dix éoliennes. La Dreal rend un avis négatif pour atteinte à la biodiversité, une localisation dans la zone migratoire, mais aussi dans une zone rouge pour l’éolien, et en raison de la présence d’un monument historique. Le préfet passe outre et donne son aval. Quelques agriculteurs, dont Jean-François Maquigny, des maires locaux et des citoyens créent une association, «Vent debout» et attaquent le dossier au tribunal administratif. A la grande surprise de l’association, c’est elle qui est condamnée pour procédure abusive. Qu’à cela ne tienne, l’association porte le dossier devant le tribunal de Douai, qui la déboute aussi du fait que l’association a été créée après le dépôt du permis de construire du promoteur. Traduction : leur plainte n’est pas recevable. Un maire porte alors le dossier devant le Conseil d’Etat. Il est aussi débouté. Sept ans de procédure après, «force est de constater que l’on a perdu sur toute la ligne», enrage Jean-François Maquigny.

«On nous enfume complètement»
Compte tenu de la longueur de la procédure, le promoteur se trouve dans l’obligation de déposer un nouveau permis de construire. Il saute sur l’occasion en modifiant son projet avec des éoliennes plus hautes et de nouveaux chemins d’accès. L’occasion est d’autant plus à saisir pour lui qu’entre-temps sont supprimées les zones de développement éolien. Autrement dit, des éoliennes peuvent être implantées partout.  Le permis est accepté par le maire, puis par le préfet. Retour pour l’association devant le tribunal administratif.
En parallèle, l’association est sollicitée par des agriculteurs de Rouvrel pour mener la bataille contre un projet de dix éoliennes dans leur secteur. Suivant la procédure, l’association porte plainte. Celle-ci est classée sans suite par le procureur. «Aujourd’hui, le projet a doublé et le promoteur propose aux agriculteurs une indemnisation s’ils retirent leur plainte. On nous enfume complètement», relève l’agriculteur. Et de noter que tous les dossiers de projets d’éoliennes reçoivent désormais un avis favorable lors des enquêtes publiques, alors que des éléments négatifs sont mis en avant, notamment par la Dreal. En l’espace de dix ans, le paysage autour de la vallée de l’Avre s’est radicalement modifié avec l’implantation des éoliennes. «A 5 km à la ronde de Moreuil, une bonne soixantaine d’éoliennes ont été construites, et plus de deux cents à 20-30 km de notre territoire. Dans nos campagnes, il y en a partout alors qu’à Amiens, à 5 km à la ronde, il n’y en a pas une seule», note Jean-François Maquigny.

Impact des éoliennes
Dans le constat d’huissier que l’association avait fait dresser, en 2010, il avait été noté la disparition des trois quarts des oiseaux dans la zone migratoire du territoire de Moreuil. Des changements dans les circuits d’eau sur les plateaux avaient été aussi relevés. Les éoliennes provoqueraient aussi des orages stationnaires, «mais c’est difficile à prouver tant que les catastrophes qui en découlent ne se répètent pas sur plusieurs années», indique-t-il. Sur son exploitation, il a constaté des troubles de comportement de ses quatre-vingt vaches laitières. «Nous avons des mouvements de troupeaux que nous ne maîtrisons plus. On se retrouve avec des vaches apeurées et désorientées», dit-il. Pour lui, nul doute, cela vient de l’électricité qu’EDF ne peut pas absorber et qui est, du coup, rejetée dans le sol. «Cela trouble la vie des sols, et donc, par ricochet, celle des animaux», ajoute l’agriculteur. Un véritable désastre écologique, selon lui.
«On dézingue nos paysages, notre santé, la vie des sols, celle de nos animaux. Et socialement, de la façon dont sont montés ces projets, c’est une honte. Malheureusement, ce sont des combats perdus d’avance. Les avocats ne veulent plus défendre ces dossiers. Tout le monde ferme les yeux. La complicité est générale. Quand on voit tout cela, on se demande où est la loi ?», conclut-il.

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