Cinéma
Chasse gardée 2 : un droit de suite qui vaut le détour
Sorti en salles le 10 décembre dernier, Chasse gardée 2 prolonge le succès du premier volet sans en être une simple copie. Toujours ancrée dans les territoires ruraux et leurs tensions contemporaines, la comédie déplace son regard vers la chasse à courre et l’accaparement des terres, tout en approfondissant ses personnages et en conservant un ton résolument populaire.
Sorti en salles le 10 décembre dernier, Chasse gardée 2 prolonge le succès du premier volet sans en être une simple copie. Toujours ancrée dans les territoires ruraux et leurs tensions contemporaines, la comédie déplace son regard vers la chasse à courre et l’accaparement des terres, tout en approfondissant ses personnages et en conservant un ton résolument populaire.
Comédie franco-belge réalisée par Antonin Fourlon et Frédéric Forestier, Chasse gardée s’est imposé en 2023 comme une comédie populaire qui avait su capter l’air du temps rural. Avec Chasse gardée 2, sorti en salles le 10 décembre dernier, l’équipe ne cherche pas à reproduire mécaniquement la formule, mais à la prolonger intelligemment. Le pari était risqué ; il est globalement tenu.
Une suite qui assume la continuité sans redite
Le premier film avait trouvé sa force dans un cocktail efficace : une comédie française grand public, un sujet clivant – la chasse et la cohabitation parfois tendue entre ruraux et néo-ruraux – et une galerie de personnages suffisamment typés pour que chacun puisse s’y reconnaître, sans jamais sombrer totalement dans la caricature. Le tout, ancré dans un territoire identifiable, la Picardie et le village de Saint-Hubert, filmé sans folklore excessif.
Chasse gardée 2 reprend ce socle, mais déplace légèrement le curseur. La chasse est toujours au cœur du propos, mais cette fois à travers la chasse à courre, pratiquée par des « bobos » fortunés, nouveaux acteurs du conflit. Le film élargit ainsi son spectre : on ne parle plus seulement d’une tradition locale face à l’arrivée de nouveaux habitants, mais aussi d’accaparement foncier, de réussite sociale affichée et de déconnexion avec ses propres racines.
Sabotage, satire et bon enfant
Le sabotage d’une chasse à courre, fil conducteur du récit, est traité sur un mode volontairement bon enfant. On reste clairement dans la comédie, sans volonté militante frontale. Le film préfère la satire, et c’est sans doute ce qui lui permet de rester accessible à un large public, y compris à ceux qui ne partagent pas nécessairement les mêmes convictions sur le sujet.
L’un des thèmes les plus intéressants du scénario réside dans le personnage du couple fortuné, et notamment du mari (Stan, interprété par Maxime Gasteuil), symbole de celui qui a « réussi » mais a oublié d’où il vient. La volonté d’en mettre plein la vue, de s’imposer par l’argent et le prestige, entre en collision avec un territoire et ses habitants qui fonctionnent selon d’autres codes. En toile de fond, une relation parents-enfants apporte une dimension plus intime, sans jamais prendre le dessus sur le ton général.
Des personnages qui gagnent en épaisseur
C’est probablement l’un des points forts de ce second volet. Les personnages secondaires du premier film prennent ici davantage d’importance. Ils gagnent en profondeur et s’éloignent d’une écriture trop schématique. Le résultat est plus équilibré et sonne comme un hommage aux seconds rôles.
Les « têtes d’affiche » que sont Thierry Lhermitte et Chantal Ladesou, déjà présents dans le premier opus, restent de la partie mais s’effacent légèrement. Ce retrait est bienvenu : il laisse respirer le récit et permet aux personnages centraux de s’imposer pleinement. Le couple Simon (Hakim Jemili) et Adelaïde (Camille Lou) demeure le cœur émotionnel du film – leurs réactions sont un tantinet exagérées -, tandis que Bernard (Didier Bourdon) conserve son rôle de pivot entre les mondes. Le duo de veneurs, Stan (Maxime Gasteuil) et Bénédicte (Eden Ducourant), apporte une énergie nouvelle et un contrepoint efficace.
Une mise en scène perfectible mais assumée
Les images de synthèse utilisées dans certaines séquences peuvent surprendre, voire dérouter. Leur aspect volontairement exagéré frôle parfois l’étrangeté, mais le choix est assumé et cohérent avec le ton de comédie. On notera également qu’aucun animal n’a été maltraité durant le tournage, un point qui ne manquera pas de rassurer une partie du public.
Un succès plus discret, mais réel
La médiatisation de Chasse gardée 2 semble avoir été moins intense que celle du premier volet. Au box-office, le film affiche néanmoins des résultats encourageants : au 24 décembre, 567 869 spectateurs s’étaient déjà déplacés en salles. Il se classe ainsi troisième, derrière Avatar : de feu et de cendres et Zootopie 2… deux suites elles aussi. Un contexte qui rappelle que la concurrence est rude, mais que la comédie française conserve toute sa place lorsqu’elle parle de territoires et de sujets concrets.
Chasse gardée 2 n’est pas une simple copie du premier film. C’est une suite au sens noble : elle prolonge un univers, approfondit ses personnages et élargit ses thématiques, tout en restant fidèle à son ADN. Une comédie rurale contemporaine, ancrée dans le réel, qui observe avec humour les mutations des campagnes françaises et les tensions qu’elles suscitent, sans jamais perdre de vue l’essentiel : rassembler le public et, au final, finir sur une note positive.