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Chemins ruraux : baisser l’usage des phytos : c’est possible

Agriculteur dans le Pas-de-Calais, Bertrand Vaast travaille à la réduction des phytos.

Bertrand Vaast  : «Les bords de chemins ne doivent pas être traités.»
Bertrand Vaast : «Les bords de chemins ne doivent pas être traités.»
© F. G.



Maire d’Heuchin et agriculteur à Fontaine-les-Boulans, dans le Pas-de-Calais, Bertrand Vaast peste souvent contre les agriculteurs qui, après la moisson, ont tendance à passer plus près des chemins ruraux lorsqu’ils traitent, voire, pire encore,  traitent les bords de champs. Alors, certes, «si nous n’arrivons pas à supprimer les pesticides, il est possible de diminuer fortement leur usage. De toute façon, on a une demande sociétale, il faut y aller», affirme l’agriculteur. Que ce soit au champ ou sur les chemins ruraux, c’est un même combat qui doit être mené, selon lui.
Installé depuis 1988 dans une exploitation de  130 ha, il cultive du blé, de l’orge, du colza, un peu de betteraves, de la féverole et du maïs grain. Membre du réseau Dephy, il est passé au désherbage mécanique depuis dix ans. «J’étais démotivé par mon métier. J’en avais marre de prendre mon pulvé et d’écouter les conseils des techniciens, qui sont aussi là pour vendre les produits. J’avais envie de replonger dans l’agronomie, de me remettre à quatre pattes pour observer mon sol et d’arrêter de faire du 100 % chimique», confie Bertrand Vaast. Autre raison : le chasseur qu’il est se rend compte que la présence des perdrix se raréfie. Pour lui, nul doute, la rémanescence des produits phytos tuant les insectes, les oiseaux n’ont plus aucune raison de venir.

Changement de braquet
Avec sa Cuma, il achète une grande herse étrille de 12 m de large, une houe rotative de 6 m et une bineuse. L’objectif est le même pour tous : diminuer les traitements chimiques. Mais l’utilisation de ces matériels se révèle tout sauf simple. «Il a fallu du temps pour apprendre à bien se servir de tous ces matériels, qui demandent plus de technicité», se souvient-il. Outre le désherbage mécanique, il travaille aussi sur le mélange de semences de céréales plus résistantes aux maladies et à la verse, les engrais et sur des rotations de cultures plus longues. Résultat : «On dépense moins d’argent, car les phytos sont de plus en plus chers. Je fais une économie de 15 000 e pour la ferme, toutes cultures confondues par an. Ce que je ne quantifie pas, en revanche, c’est le temps de travail passé, qui est beaucoup plus important.» Côté rendements de ses cultures, il n’a pas à rougir. En ne traitant pas le colza, son rendement a été de 40 qx/ha cette année et 48 qx/ha l’année précédente, soit un peu moins que les rendements obtenus par ses voisins agriculteurs.

Chemins ruraux : un atout environnemental
Une autre façon de travailler, c’est aussi ce qu’il a choisi pour l’entretien des chemins ruraux, qui bordent quasiment toutes ses parcelles. «Je fais en sorte de ne pas travailler trop près des chemins et, en tant que maire, je me bats contre les agriculteurs qui le font», insiste Bertrand Vaast. Il fait aussi très attention à conserver la largeur des chemins ruraux, soit six mètres, avec une bande de roulement de trois mètres, et à laisser un mètre de chaque côté, même si, en principe, c’est un mètre cinquante qu’il devrait laisser. Chaque année, il plante également 150 mètres de haies avec la Fédération départementale des chasseurs du Pas-de-Calais. «Il y a d’autres endroits où j’ai carrément arrêté de cultiver le long des chemins ruraux pour mettre des haies», ajoute l’agriculteur. C’est lui qui s’occupe d’entretenir tous les chemins ruraux qui bordent ses parcelles. L’entretien consiste essentiellement à un débroussaillage une fois par mois.
S’il se soucie autant des chemins ruraux, c’est parce qu’ils sont une ressource précieuse pour la biodiversité et pour la beauté des paysages. «C’est aussi une façon, pour moi, de répondre aux attentes environnementales et de retrouver une faune et une flore qui tendent à disparaître», conclut-il.

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