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Oléagineux
Colza et tournesol toujours à plus de 1 000 € la tonne

Les producteurs d’oléagineux ont les yeux rivés sur les cours et l’évolution de la guerre en Ukraine, certains choisissant de semer du tournesol au détriment du maïs ou des protéagineux.

L’envolée des prix des oléagineux pourrait durer encore quelques mois.
L’envolée des prix des oléagineux pourrait durer encore quelques mois.
© Pixabay

Alors que la campagne 2021 arrive à son terme, les cours de la graine de colza et de tournesol atteignent de nouveaux sommets, même s’ils peuvent varier sensiblement d’un jour sur l’autre. Sur le marché physique Fob Moselle, qui tient d’indicateur européen, la tonne de graine de colza a atteint 1 090 € le 25 avril, avant de revenir aux alentours de 1 035 €/t pendant la première quinzaine de mai. La graine de tournesol vient d’atteindre le 16 mai 1 020 €/t, et les deux graines oléagineuses tiennent peu ou prou des cours égaux ou supérieurs à 1 000 €/t depuis le mois de mars. Il est probable que cette situation dure encore plusieurs mois. Les prix des contrats pour la récolte de colza à venir en juillet 2022 flambent déjà à 880 €/t sur le Fob Moselle. Sur Euronext, le contrat à échéance en août est à 881 €/t, celui de novembre 866 €, et ceux de 2023 sont déjà au-dessus de 800 €/t. À date, la récolte de tournesol n’est pas encore cotée, mais il y a fort à parier que les tendances seront similaires. Les producteurs en France ne s’y trompent pas. Les témoignages affluent de producteurs qui ont arbitré en faveur d’une récolte de tournesol au détriment du maïs ou des protéagineux, dont la sole est en chute de 10 %.

 

Adieu pois et féveroles

La rentabilité potentielle du tournesol est bien supérieure, la plante est moins gourmande en eau et supporte mieux la sécheresse. En engrais, si l’exploitation est couplée avec un élevage, l’épandage du lisier peut suffire à nourrir la plante. Des producteurs ont même retourné leur colza trop chétif pour espérer un bon rendement pour des semis de tournesol. Du coup, la surface semée en tournesol attendue est de 780 000 ha en 2022, soit 80 000 ha de plus que l’an dernier - et des semis sont encore en cours -  et pourrait atteindre les 900 000 ha en 2023.

En colza, la surface 2022 est de plus de 1,1 million d’ha. Si les rendements sont au rendez-vous, aux cours actuels, les producteurs français dégageront un volume d’affaires (hors coûts de production) d’environ 4 milliards d’euros en colza et plus de 2 milliards d’euros en tournesol, du jamais vu de producteur d’oléagineux. Bien sûr, ces chiffres ne valent que si la production n’est pas affectée par des ravageurs ou la sécheresse, qui sévit notamment dans le centre-ouest de la France ou en Bourgogne. La pluviométrie est inférieure de 25 % à la moyenne et pourrait affecter les rendements. Si tel était le cas, les cours pourraient encore grimper. Mais c’est surtout la situation internationale qui sera déterminante, et principalement la guerre en Ukraine. La production de colza, équivalente à celle de la France, sera amputée au moins des 300 000 ha qui sont sous occupation russe, notamment dans le sud du pays. Les semis de tournesol (habituellement 7 millions d’ha) seraient inférieurs de moitié à l’an dernier. Au moins dix usines de trituration se trouvent en plein milieu de la zone de guerre.

 

Débloquer le port d’Odessa

Et surtout, peu de volumes peuvent sortir du pays, même si les stocks de graines sont au plus haut, les volumes n’ayant pu être triturés sur place ou exportés. La ville de Marioupol est détruite et sa zone portuaire à l'arrêt. La ville portuaire d’Odessa reste sous le feu russe, et aucun bateau ne peut y charger de graines. Les flux maritimes sont totalement interrompus en Mer Noire, y compris du port de Sébastopol, en Crimée, comme pour tous les ports ukrainiens et russes situés sur la mer d’Azov. Aucune possibilité d’approvisionnement n’est possible pour les importateurs. L’Ukraine appelle d’ailleurs la communauté internationale à débloquer le port d’Odessa pour éviter une crise alimentaire mondiale. L’Union européenne met en place des routes ferroviaires pour désengorger les silos, mais le coût est élevé pour des volumes réduits. Or, l’Ukraine produit 50 % de l’huile de tournesol consommée dans le monde, et la Russie 25 %. D’où les tensions extrêmes à la fois sur les graines, mais aussi sur les huiles. De nombreux pays sont confrontés à une situation de pénurie. L'Indonésie, premier producteur mondial d’huile de palme, a même bloqué ses exportations, comme la Russie, qui bloque ses exportations de graines et impose des quotas sur l’huile, tout en pillant les stocks ukrainiens des zones occupées. À Rotterdam, les prix flambent, les huiles de colza et de tournesol s’échangent à 2 300 $ la tonne, et le précieux liquide de couleur or manque ainsi partout, jusque dans les rayons des supermarchés. Et tant que cette situation de pénurie due à la guerre dure, les cours des oléagineux resteront très élevés.

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