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Compatibilité et synergie entre intercultures et faune sauvage

Cultiver des plantes d’intercultures est une pratique maintenant bien répandue. Si celle-ci a d’abord été promue par la réglementation, les agriculteurs ont rapidement pu constater les nombreux impacts positifs, agronomiques, environnementaux mais aussi sociétaux, de l’implantation de cultures intermédiaires.

Le choix des espèces doit se faire en fonction des services attendus. Pour guider les agriculteurs dans leurs choix, Semae met à disposition un outil d’aide à la décision en ligne.
Le choix des espèces doit se faire en fonction des services attendus. Pour guider les agriculteurs dans leurs choix, Semae met à disposition un outil d’aide à la décision en ligne.
© FRC Occitanie

L’implantation de couverts végétaux entre deux cultures permet de réduire l’érosion du sol en limitant l’effet du ruissellement de l’eau en surface et en favorisant son infiltration. Ces fonctions sont favorisées par des plantes à racines fasciculées et un port gazonnant. Les plantes de la famille des poacées (graminées) réunissent ces deux qualités. Il faut prendre en compte le flux de l’eau, mais aussi sa qualité. Le principal critère de la qualité est sa teneur en nitrates. Or, en fin d’été, la présence de nitrates est à la fois normale et peu prévisible quantitativement, car elle dépend de plusieurs facteurs : la productivité de la culture récoltée et ce qu’elle a consommé, la minéralisation dans le sol qui est très liée à la température et les apports qui ont été réalisés. Tout ceci aboutit à un reliquat azoté qu’il convient de faire capter par une plante gourmande en azote, avant la période hivernale. Cet azote se retrouve alors fixé et stocké sous forme organique, avant d’être l’objet d’une minéralisation l’année suivante. Les plantes de la famille des brassicacées (crucifères) sont généralement de bonnes candidates pour rendre ce service.

 

Effet sur la structure du sol

L’utilisation de légumineuses n’est pas forcément incompatible avec le fait de vouloir capter un reliquat azoté. Bien que les plantes de cette famille soient à même de fixer l’azote de l’air, elles sont aussi capables de puiser dans le stock d’azote du sol. Ou bien, semées en mélange avec des plantes d’autres familles, elles laissent le soin de capter l’azote du sol à leurs voisines pendant qu’elles se contentent de capter et de fixer dans leur rhizosphère l’azote de l’air.

Avec le risque d’érosion par l’eau, le risque d’érosion par le vent ne doit pas être négligé. Si le sol est nu et les conditions séchantes,  surtout en sol limoneux, les particules légères, qui sont aussi les plus riches, sont emmenées par le vent. La présence d’une plante, cultures principales ou interculture, réduit considérablement ce phénomène.  

Certaines plantes d’intercultures peuvent, grâce à un système racinaire puissant qui se développe rapidement, améliorer la structure du sol. Certains systèmes racinaires pivotants sont même capables  de descendre en dessous de la semelle de labour, s’il y en a une. La lutte contre des parasites tels les nématodes peut passer par le semis de variétés anti-nématodes, comme certaines navettes, moutardes, radis.

 

Gîte et couvert

Le choix des espèces de plantes d’intercultures doit donc se faire en fonction des services attendus mais aussi en s’assurant qu’il y ait une rupture sanitaire entre les plantes cultivées et ces plantes de service. Le choix d’espèces de familles différentes est alors pertinent. Certaines n’ont aucuns liens familiaux avec des principales plantes cultivées comme la phacélie ou le sarrasin. 

En plus des fonctions agronomiques et environnementales, les intercultures rendent également service à la biodiversité en assurant le gîte et le couvert aux insectes et à la faune sauvage.

La présence et le maintien d’insectes pollinisateurs, et pas seulement l’abeille domestique, sont bien sûr essentiels pour permettre la reproduction sexuée de certaines plantes, dont des plantes cultivées et, plus globalement, pour conserver un patrimoine de biodiversité. L’opinion publique est sensible à ce sujet et les agriculteurs ne le sont pas moins. Lors de belles journées d’intersaison, les légumineuses, les crucifères, la phacélie, le tournesol, le sarrasin peuvent présenter des fleurs intéressantes pour les insectes.

 

Appréciées de la faune sauvage

Le second aspect sociétal concerne l’aide que peuvent apporter les plantes d’interculture à la faune sauvage. Si la motivation est importante auprès des amateurs de chasse, ces actions favorisent non seulement le «petit gibier», mais toute la faune en général. C’est souvent l’occasion de faire œuvre commune entre agriculteurs et chasseurs.

Les préoccupations agronomiques doivent rester prioritaires : dates de semis possibles, compatibilité avec la rotation et la culture prévue l’année suivante, services attendus de la plante de couvert.

Il est également important de considérer les besoins de la faune sauvage. Nous sommes en intersaison, donc hors période de reproduction. Les animaux ont subi le stress des enlèvements de récolte. Ils doivent à nouveau pouvoir se nourrir, se cacher, voir sans être vu, se repérer, se détendre. Les plantes doivent donc correspondre à leurs régimes alimentaires, animaux à plumes ou à poils. Une alternance de végétation rase et haute est idéale. On peut distinguer quatre types de plantes quant à leur morphologie et impact sur la faune :

- Les plantes «gazon», tel le trèfle incarnat, qui offre un espace ouvert, où les animaux voient loin, se déplacent à découvert

- Les plantes «jungle» : la végétation est étouffante, les animaux s’y dissimulent et s’y déplacent difficilement, tel le raygrass italien.

- Les plantes «phare» : comme un phare au bord de la mer, des plantes éparses et hautes vont permettre aux animaux de se repérer : tournesol, féverole,

- Les plantes «parapluie» : la végétation couvre bien la parcelle, mais pas le sol. Les animaux sont dissimulés, mais se déplacent aisément sous les feuilles : le chou, le colza.

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