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Congrès FNPL : les producteurs de lait étaient à l’heure arrageoise

Pour son 75e congrès, la Fédération nationale des producteurs de lait a débuté son séminaire par une visite dans une ferme laitière de l’Arrageois.

L’ADPL 62 et Serge Capron son président, ont accueilli la délégation nationale de la FNPL mardi 19 mars chez Hervé Bertrand, éleveur laitier à Pelves (62).
L’ADPL 62 et Serge Capron son président, ont accueilli la délégation nationale de la FNPL mardi 19 mars chez Hervé Bertrand, éleveur laitier à Pelves (62).
© L. D. G.



A côté des ballots empilés par un savant équilibre, une banderole de l’Association départementale des producteurs de lait du Pas-de-Calais (ADPL 62) s’accroche fièrement à l’enclos des génisses. La ferme laitière d’Hervé Bertrand, éleveur à Pelves, est fin prête en ce 19 mars quand débarquent les congressistes en costume, tout droit sortis du TGV. Pour son 75e congrès, les 20 et 21 mars, c’est le Pas-de-Calais qui a été élu par la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) pour mener deux jours et demi de réflexion sur les évolutions de la filière.
Excusé pour l’occasion, le président de la FNPL, Thierry Roquefeuil, est relayé par sa vice-présidente, Marie-Thérèse Bonneau. «Nous avons été séduits par le dynamisme du Pas-de-Calais, explique-t-elle. C’est vrai que quand on pense à l’élevage laitier, ce n’est pas le premier département qui vient en tête, mais les gens y exercent leur métier avec passion.»

«Quelque chose est en train de changer»
Après un mot d’accueil de Serge Capron et la présentation de sa ferme par le maître des lieux - qui en profite pour mentionner sa recherche de salarié -, place au détail du programme du congrès*, puis à un petit tour dans l’étable, propice aux discussions. C’est notamment les démarches de préservation du revenu des éleveurs qui sont évoquées : «Quelque chose est en train de changer, affirme Marie-Thérèse Bonneau. Sans vouloir nous vanter, je pense que la FNPL y est pour quelque chose. Depuis trois ans, nous expliquons sans relâche qu’il y a un problème de coût. Le message a fini par imprimer l’esprit du consommateur. La rémunération, c’est aussi la clé du renouvellement des générations en élevage laitier. 2019, c’est l’année du miroir : on a tous les outils sous la main, il n’y a plus qu’à !»

Brexit, le trouillomètre du secteur
Outre la question de la valeur et du renouvellement des générations - «un litre de lait sur deux sera produit par un autre éleveur dans les dix ans... ou pas, selon ce que nous serons capables de mettre en place» -, l’autre sujet phare du congrès est évidemment le Brexit. «C’est le trouillomètre du secteur. La production laitière européenne n’a retrouvé des couleurs qu’avec la faillite d’un certain nombre d’élevages en Europe. A peine cet équilibre retrouvé, un autre nuage noir se profile à l’horizon ! Nous avons très peur qu’un Brexit mis en place pays par pays ne nuise à la France…»

* Plus d’informations à venir
dans notre prochaine édition.

La crise des vocations : le vrai sujet

EGA, attentes sociétales, Brexit : c’est le contexte dans lequel s’ouvrait le congrès de la FNPL, mardi, à Arras. Mais le vrai sujet, pour Thierry Roquefeuil, son président, reste la crise des vocations. Entretien.

Dans quel contexte s’ouvrait le congrès de la Fédération nationale des producteurs de lait (FNPL) ?
Le plan de filière et le retour de valeur aux producteurs sont les sujets du moment. Le choix de se réunir à Arras devait permettre de prendre la mesure européenne de la question. Si près de la Belgique, en quoi la confrontation des contraintes françaises et belges biaise-t-elle les problématiques de charges et de renouvellement des générations ? La jouer franco-français peut être un avantage auprès des consommateurs, mais peut aussi jouer contre les producteurs. Le dosage est subtil. Il faut des feuilles de route claires.

Quels étaient les grands thèmes du congrès cette année ?
Nous devions aborder le sujet des charges au niveau des exploitations, mercredi 20 mars, avec Jean-Michel Serres, président de la commission agriculture de la Région et sa vice-présidente, Marie-Sophie Lesne. Du côté politique, le congrès devait, comme toujours, se conclure avec l’intervention du ministre de l’Agriculture. A quelques jours de la date initialement prévue pour le Brexit, il devait donner clairement son positionnement sur le sujet. Le risque est réel pour le marché européen : 3 % de notre collecte est exportée au Royaume-Uni sous forme de produits transformés. Si les frontières se rétablissent, ce lait va se retrouver sur le continent européen, tout comme le lait irlandais, danois, allemand…
Pour la première fois, nous avons saisi l’occasion d’organiser des tables-rondes sur les attentes sociétales sous l’angle «Et si on avait déjà répondu ?». Il s’agit de montrer que nous les entendons, que nous sommes en adéquation avec elles. Nous avons invité deux ONG : WWF et Welfarm, pour que les congressistes puissent entendre leurs points de vue, et inversement.

N’était-ce pas difficile de convaincre des ONG de venir s’exprimer devant une salle pleine de producteurs dont ils critiquent parfois sévèrement les méthodes ?
Ces ONG ne sont pas les décideurs, mais la population est souvent sensible aux idées qu’elles véhiculent. Nous avons choisi WWF et Welfarm, car nous avons déjà commencé à discuter. Elles sont conscientes de la réalité de notre métier. Et puis, un animateur arbitrait les échanges entre ces invités et la salle.

Pourquoi est-il essentiel de montrer que le monde du lait n’est pas sourd aux attentes sociétales ?
Les consommateurs veulent une chose, les politiques une autre, et cela ne colle pas toujours avec notre problématique principale : continuer à avoir des producteurs de lait ! Le sujet de fond, c’est celui-là. Il faut garantir les revenus des éleveurs laitiers, sinon le modèle français sera en péril. Aujourd’hui, de nombreux éleveurs quittent le métier, car le revenu n’est pas là. On ne parle pas de ceux qui arrêtent, car ils partent à la retraite. Des quadragénaires qui arrêtent le lait, ce n’est pas normal !
Les EGA, les attentes sociétales… Ces sujets ne sont que des outils pour arriver à cela.

Qu’arrivera-t-il si les discussions des EGA échouent ?
Nul ne le sait, mais l’exemple de la Russie est parlant. Pour pallier la disparition de ses petits producteurs de lait, elle a dû mettre en place un modèle intensif, avec des fermes comptant jusqu’à dix mille têtes… Ce n’est pas le modèle que nous défendons à la FNPL, ni ce que veulent les consommateurs français. On peut rapidement changer de France laitière, mais, pour cela, il faut une adéquation entre contexte économique, attentes sociétales et volonté politique.

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