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Cristal Union : «Nous sommes prêts pour la libéralisation du marché»

Le 12 juin dernier, Cristal Union ouvrait grand ses portes de la sucrerie de Sainte-Emilie pour présenter la stratégie industrielle et la politique énergétique du groupe, ainsi que son projet de nouvelle centrale de cogénération sur ce site.

Entrée de l’usine de Sainte Emilie, au niveau de la sortie de la diffusion et du départ des pulpes.
Entrée de l’usine de Sainte Emilie, au niveau de la sortie de la diffusion et du départ des pulpes.
© AAP

Fin 2017 sonnera le glas des quotas sucre. Or, entre leur disparition, la baisse de la production l'an dernier en raison de mauvaises conditions météorologiques, celle des prix sur le marché, et les obligations à venir dans le cadre du projet de loi de la transition énergétique, les betteraviers voient l'avenir avec inquiétude. Cristal Union, non. Avec ses dix sites en France et les 9 000 betteraviers avec lesquels il travaille, le groupe ne craint pas l'après- quota.
«La force de la France, c'est la qualité de ses agriculteurs et de ses terres. La France sucrière est une des plus compétitives en Europe. Les chiffres le prouvent. La moyenne européenne de production de betteraves est en dessous de 80 tonnes, la nôtre, en France, est de plus de 85 tonnes (soit 14 millions de tonnes de sucre ou betteraves travaillées par an, ndlr), précise Alain Commissaire, directeur général du groupe. Aussi, pour nous, il ne fait nul doute que la betterave a de beaux jours devant elle».
Pour qu'il en soit ainsi, Cristal Union a anticipé la fin des quotas. La logique industrielle du groupe est simple : pour pouvoir être compétitif sur un marché qui sera dérégulé sous peu, et pouvoir proposer ses produits dans le monde entier, il faut augmenter la production et multiplier les implantations hors des frontières. A peine le débat ouvert sur la réforme sucre, en 2004, Cristal Union s'est lancé dans une politique d'amélioration de la production et a perfectionné ses usines de transformation de betteraves.

Politique énergétique...
«La performance économique et la performance énergétique sont désormais indissociables, dit Jérôme Fourdinier, président de la coopérative de Sainte-Emilie, à Villers-Faucon. Le travail autour de la transition énergétique a été lancé depuis quelques années. Nous avons diminué l'usage des intrants sur les terres. La transition énergétique se poursuit avec le projet de la nouvelle centrale de cogénération (électricité et vapeur). Les six chaudières existantes seront remplacées par une centrale de cogénération fonctionnant au gaz naturel». Celle-ci devrait être opérationnelle en septembre 2018. Coût de l'opération : 40 millions d'euros.
En ligne de mire : la baisse de la consommation d'énergie (- 10 %), la fin de toute consommation d'eau, de moindres rejets en CO2 (- 25%) et de poussière (- 95%). «Notre objectif sur ce site est de passer de 16 000 ha à 20 000 ha pour augmenter la production betteravière, et que chaque hectare produise plus de sucre», ajoute pour sa part Alain Commissaire. Par ailleurs, le site sera autosuffisant en électricité. Enfin, comme la centrale fonctionnera au gaz naturel à partir de 2018, le territoire alentour sera raccordé à ce réseau, inexistant à ce jour, grâce au partenariat établi avec la Sicae.

… et stratégie industrielle
Des partenariats ou plutôt des fusions avec d'autres transformateurs français, tel a été l'autre pan de la stratégie industrielle de Cristal Union. Créée en 2000, à la suite du rapprochement de quatre coopératives (Aris-sur-Aube, Bazancourt, Corbeilles et Eclaron), elle intégrait l'année suivante Bray. 2003 et 2004 voient l’intégration des sucreries de Sillery et Châlons, puis Dislaub. En 2007, c'est au tour d'Erstein, puis en 2011, celles de Bourdon et du groupe Vermandoise. «Depuis notre création, notre politique est de saisir les possibilités de fusion pour renforcer le socle sucrier français», commente Olivier de Bohan, président du groupe Cristal Union.
Dans ces fusions entre groupes, Cristal Union privilégie un esprit coopératif. Aussi a-t-elle refusé la proposition de «mariage» de Tereos. «Nous avons une philosophie différente. Tereos est un groupe agro-financier, nous, nous sommes un groupe agro-alimentaire coopératif pur et dur. En un mot, on n'a pas les mêmes chromosomes, et ces chromosomes ne se conjuguent pas», avance Alain Commissaire. «Que les choses soient claires, on n'a jamais refusé le débat avec eux, ni la discussion, ajoute Olivier de Bohan. Mais l'argument de Tereos de s'unir pour avoir une taille plus importante sur le marché ne nous convainc pas. Grossir pour grossir ne nous intéresse pas. L'intérêt de nos 9 000 agriculteurs n'est pas de rejeter la proposition de Tereos par principe, mais parce qu'on ne s'y retrouve pas. C'est donc non».
En revanche, dans la perspective de la disparition des quotas, le groupe s'est développé en Europe. Dernièrement, le groupe est entré dans le capital d'une entreprise italienne, à Brindisi. Il a aussi développé des partenariats avec les groupes La Belle (Algérie), American Sugar Refining (Etats-Unis), le Syndicat des sucres de l'île Maurice, et la Société sucrière des Antilles.
«Entre le savoir-faire des planteurs et notre travail d'anticipation, qui a consisté à améliorer l'agriculture en termes d'intrants, mais aussi nos sites, notre politique marketing et notre développement dans et hors d'Europe, nous sommes prêts à faire face à la libéralisation du marché en 2018», conclut Alain Commissaire.

Performances agricoles et industrielles du site

- 80 % de bennes homologuées 44 tonnes, ce qui a permis une diminution du trafic de 12 %. L'objectif de 2015 est de généraliser l'ensemble du trafic à 44 tonnes
- 52 % de betteraves déterrées en 2014 et 55 000 tonnes de terre laissées au champ. 2015, 100 % de betteraves seront déterrées
- efficience énergétique : baisse de la consommation d'énergie de 25 % en 10 ans. Le projet de chaufferie entraînera une baisse supplémentaire de 10 %
- consommation d'eau : divisée par trois en 10 ans. Avec la chaufferie, la consommation sera nulle

Sainte-Emilie : chiffres clés
- 115 permanents et 85 saisonniers
- 16 000 ha cultivés par 1 100 betteraviers
- 16 000 tonnes de betteraves produites par jour
- 22 km, c'est le rayon d'approvisionnement moyen de la sucrerie
- 100 jours, c'est la durée de la campagne (septembre à fin décembre)
- 1,5 million tonnes de betteraves travaillées par an
- 210 000 tonnes obtenues de sucre cristallisé par an
- 40 000 tonnes obtenues de mélasse
- 250 000 tonnes obtenues de pulpes sur-pressées
- 35 000 tonnes obtenues de sirop

Cristal Union : chiffres clés
- 1er sucrier français sur le marché des sucres industriels
- 1,8 milliard de chiffre d’affaires (€)
- 345 millions de dettes nettes
- soit 29€/t 9 000 coopérateurs
- 2 000 salariés
- 138 000 hectares cultivés
- 10 sucreries,
- 5 distilleries,
- 20 sites en activité
- 1,5 million de tonnes de sucre, 6,1 millions d’hectolitres d’alcool et d’éthanol commercialisés dans plus de 60 pays

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