Agronomie
Cultures intermédiaires : bien adapter sa technique de semis
Le semis direct juste après moisson est souvent mis en avant pour réussir ses couverts. Un réseau d’essais montre que d’autres options présentent un potentiel de production de biomasse très proche. Semer tôt reste une bonne option, même si l’on gagne à retarder le semis en conditions très sèches.
Le semis direct juste après moisson est souvent mis en avant pour réussir ses couverts. Un réseau d’essais montre que d’autres options présentent un potentiel de production de biomasse très proche. Semer tôt reste une bonne option, même si l’on gagne à retarder le semis en conditions très sèches.


Semer un couvert végétal en interculture implique de pouvoir faire face à la gêne potentielle des pailles et à un risque de sécheresse élevé (selon les orages qui voudront bien tomber). Quand la pluie tombe peu après le semis, toutes les techniques d’implantation donnent satisfaction. C’est en condition hydrique limitante que le soin apporté au semis prend toute son importance.
Afin d’identifier les meilleures stratégies de semis de couverts, des essais croisant différentes techniques et dates de semis ont été implantés par Arvalis et Terres Inovia durant les étés 2021, 2022 et 2023. Une synthèse en a été faite en y ajoutant des essais plus anciens, certains remontant aux années 1990. Tous ont été réalisés derrière un précédent céréale à paille, avec des pailles restituées pour 23 essais sur 26. Ils ont été mis en place en régions Centre, Île-de-France, Lorraine, Rhône-Alpes et Midi-Pyrénées.
Les couverts étaient composés soit d’espèces pures, soit d’associations. Dans tous les cas, les espèces étaient adaptées à chaque date de semis. Les résultats des 315 modalités testées au total ont été regroupés selon la date de semis (un mois environ avant moisson, autour de la moisson, août ou septembre) et la technique de semis (à la volée avant moisson, semis direct le plus souvent à dents ou sur déchaumage).
Des «doubles couverts» ont aussi été testés : un premier couvert est implanté autour de la moisson (soit à la volée avant récolte, soit en semis direct après), et détruit vers la mi-septembre pour en implanter un second avec d’autres espèces entre mi-septembre et mi-octobre.
À chaque technique ses atouts
C’est le semis à la volée anticipé (réalisé environ un mois avant moisson) qui affiche les moins bonnes levées, de seulement 10 % en moyenne, toutes espèces confondues. Le semis à la volée réalisé juste avant la moisson donne des résultats plus satisfaisants. Dans le premier cas, les graines en surface n’étaient pas rapidement recouvertes par un mulch après le semis, et les plantules ont pu subir la concurrence hydrique de la céréale. En moyenne, on constate très peu d’écarts entre le semis à la volée juste avant moisson, le semis direct après moisson et le semis sur déchaumage après moisson. Chaque technique a des atouts à faire valoir en termes de contact sol-graine et de préservation de l’humidité du sol.
Ainsi, avec des espèces adaptées, le semis à la volée avant moisson dépose les semences directement sur le sol et celles-ci sont ensuite protégées du dessèchement par un mulch de paille. En revanche, le risque d’échec est plus fort quand les pailles sont exportées, ce qui réduit la quantité de mulch à la surface du sol. Avec un semis direct avec des dents réalisé tôt après la moisson, les semences sont mises en contact avec un sol qui a perdu le moins d’humidité possible.
Le semis sur déchaumage réalisé rapidement après moisson bénéficie d’un «vrai» lit de semences, mais la levée peut être pénalisée par le dessèchement rapide de la couche travaillée et par la présence de repousses. Si les conditions sont sèches, il est indispensable que la récolte, le déchaumage, le semis et puis le rappui du sol s’enchaînent rapidement. Sur sol déchaumé, le taux de levées des couverts a tendance à augmenter légèrement pour les semis les plus tardifs, probablement grâce à la présence de terre fine sur sol réhumecté.
Biomasse et techniques de semis
Les biomasses les moins élevées ont été observées pour les dates de semis les plus extrêmes :
le semis à la volée anticipé est pénalisé par la faible levée des couverts et les semis tardifs le sont par des sommes de températures limitantes. En revanche, il n’y a pas d’écart significatif de biomasse entre les trois types de semis réalisés autour de la moisson. Les semis du mois d’août tendent à donner des biomasses légèrement inférieures à celles observées pour les semis faits à la moisson. Concernant l’azote absorbé par les couverts, il y a eu, en moyenne, assez peu d’écarts entre les modalités testées, hormis pour le semis tardif qui est en retrait.
Les doubles couverts n’ont pas produit plus de biomasse que les simples couverts semés relativement tôt. Le premier couvert a souvent été détruit prématurément avant son pic de production de biomasse et le second est pénalisé par le semis tardif et le manque de températures disponibles. Le coût engendré par cette technique ne semble pas bien rentabilisé ici.
Adapter la date au climat
Aucune recette miracle n’est ressortie clairement dans ce réseau d’essais, pas même le semis direct juste après moisson. Tous les semis réalisés quelques jours avant ou après la moisson s’en sortent bien. Les semis réalisés en août ont aussi donné, en moyenne, des biomasses très proches ou à peine inférieures. Le climat mesuré dans chaque situation a permis d’expliquer une partie de la biomasse observée. Sans surprise, un bilan hydrique positif sur les quinze jours précédant le semis du couvert ou sur les trente jours qui le suivent est plus favorable à la croissance des couverts qu’un bilan très déficitaire.
Quand le sol après la récolte n’est pas frais et que le temps est sec et chaud, un semis décalé jusqu’au retour des pluies est plutôt avantagé par rapport à un semis précoce subissant des conditions très défavorables. C’est souvent la stratégie de semis utilisée dans le sud de la France, dans des zones très sèches en été. Dans tous les cas, les semis réalisés au-delà du 15-20 août perdent de leur potentiel de production de biomasse s’ils sont détruits en entrée d’hiver. Ils ne permettent plus aux légumineuses d’obtenir un développement satisfaisant.
Divers critères de choix des dates et de techniques de semis existent (cf. tableau). En dehors du matériel disponible sur l’exploitation, il peut s’agir de la gestion des pailles ou de l’enherbement.