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De nouveaux leviers pour booster la production de protéines végétales

L’intérêt de la culture des oléo-protéagineux n’est plus à démontrer. Mais des freins subsistent : lutte contre les ravageurs et maladies, débouchés peu rémunérateurs… Terres Inovia planche sur le sujet.

Terres Inovia annonce «plusieurs inscriptions de variétés de pois d’hiver et de printemps pour 2021 et au moins jusqu’en 2023, avec une amélioration en rendement et en teneur en protéines.»
Terres Inovia annonce «plusieurs inscriptions de variétés de pois d’hiver et de printemps pour 2021 et au moins jusqu’en 2023, avec une amélioration en rendement et en teneur en protéines.»
© A. P.




«La France a besoin de 400 000 t de protéines végétales chaque année pour l’élevage, mais nous en produisons à peine la moitié. La demande est également exponentielle pour l’alimentation humaine. Il y a un vrai intérêt à développer la culture des oléo-protéagineux», soutient Xavier Pinochet, responsable du département Méthodes et technologies innovantes chez Terres Inovia. Ces cultures s’avèrent aussi d’excellents atouts agronomiques dans une rotation. Seulement voilà : la lutte contre les maladies et les ravageurs est mal maîtrisée, et les débouchés sont encore peu rémunérateurs. Terres Inovia travaille sur ces thèmes.
En pois de printemps, tout d’abord, l’institut assure que «des progrès ont été effectués depuis vingt ans». Les variétés Kaplan, Symfony ou encore Karacter offrent notamment un rendement plus élevé de 5 à 6 % en douze ans et un gain de 30 à 40 cm de hauteur à la récolte. Des progrès sont aussi observés vis-à-vis de la résistance à l’Aphanomycès. «Sur une note de 1 à 9, les variétés Poseidon, Cagnotte et Karacter sont à 3. On espère des variétés plus résistantes encore dans les années à venir.» On note, enfin, une meilleure teneur en protéines : «Orchestra (2019) et Kaplan (2020) ont atteint 24 et 24,2 %, soit 2 % de plus que l’ancienne variété Kayanne.»
L’institut annonce «plusieurs inscriptions de variétés de pois d’hiver et de printemps pour 2021 et au moins jusqu’en 2023, avec une amélioration en rendement et en teneur en protéines». Pour notre secteur, les experts livrent leurs conseils de pois à graines jaunes : «Karpate, Kayanne et Bagoo sont des valeurs sûres. Kagnotte et Ostinaton peuvent être envisagées, mais sont à confirmer (deux ans). Kaplan et Kameleon (un an) sont à suivre.» La variété de pois à graines vertes Greenway (24,3 % de protéines) a montré cette année qu’elle était stable, avec une première récolte réussie.

Les féveroles ont de l’avenir
En féveroles de printemps, là encore, des progrès sont notables depuis quinze ans. «En 2020, nous aboutissons à une augmentation de rendement de l’ordre de 30 à 40 %.» Les dernières variétés 2019, Allison, Bolivia et Caprice, sont à confirmer, mais elles présentent «une teneur en protéines préservée». Avec 30,7 % de taux de protéines, GL Sunrise est une variété inscriptible très prometteuse. Terres Inovia axe ses recherches sur un autre angle pour la féverole : la faible teneur en vicine-convicine recherchée pour l’alimentation des volailles. À ce titre, les variétés Alisson et Bolivia, avec une année d’évaluation, sont deux nouveautés «très prometteuses».
«Investir dans une variété récente est rentable. C’est un levier pour aller gagner quelques quintaux, même en année difficile, assure Xavier Pinochet. Après une longue période sans nouveauté, le nombre de variétés proposées devrait s’étoffer en 2021.» Quant aux résistances à différents stress, tels que l’Aphanomycès, le gel et les attaques de bruches ? «Les projets Pia PeaMust devraient aider à accélérer la sélection sur ces critères en vue de l’inscription de variétés résistantes.» De l’espoir, donc.

Depuis 2019, Terres Inovia a mis en place MyVar®, un outil de classification des variétés de pois et de féveroles sur les principaux critères d’intérêt (http://www.myvar.fr).



Protéines de colza : une ressource à mieux valoriser

Quand on parle de débouchés du colza, on imagine souvent une bouteille d’huile. Mais de nouveaux débouchés pourraient être une ressource. Terres Inovia en est persuadé. «La protéine est déjà valorisée avec le tourteau pour les ruminants. De nouveaux process font augurer d’autres débouchés, comme l’alimentation des monogastriques et l’alimentation humaine», annonce Cécile Le Gall, chargée d’études sur la fertilisation azotée et les bio stimulants chez Terres Inovia. Les groupes Avril et DSM annonçaient d’ailleurs, en juillet 2020, le développement de cette protéine sur leur site de Dieppe (76).
Les enjeux sont grands. «Il faudrait une teneur protéique minimale de 22 à 24 %, alors que la moyenne actuelle oscille entre 19 et 21 % en fonction des années. Mais des teneurs plus élevées sont observées chaque année sur des lots isolés», positive l’experte. Un potentiel est à saisir. Autre subtilité : la teneur en protéines est négativement corrélée à la teneur en huile. «Or, l’enjeu pour la filière est d’améliorer cette teneur en protéines des graines sans (trop) pénaliser la teneur en huile.» Le projet In Petto travaille depuis 2017 à la mise en place de leviers pour y parvenir. Le levier variétal, avec de nouvelles variétés à haute teneur en protéines, est toujours au stade de la recherche, mais s’avère prometteur.
Le levier fertilisation est aussi très étudié. «La fertilisation azotée apporte un effet positif : des doses croissantes d’azote impactent la teneur en protéines.» 1 point supplémentaire de protéines nécessiterait cependant 100 kg de N/ha de plus par rapport à dose X. «Cette sur-fertilisation est difficilement justifiable et sa rentabilité économique discutable.» En revanche, retarder le dernier apport permettrait d’obtenir un léger plus sur la teneur en protéines. «Ce levier semble le plus intéressant, mais son efficacité est dépendante des conditions climatiques de fin de cycle.» Des essais 2021 apporteront sûrement plus de références. La fertilisation souffrée est aussi à l’étude, car le colza a un fort besoin en souffre. «Le soufre influence surtout la composition des protéines. Un déficit va conduire à un déséquilibre du ratio cruciférines/napines en faveur des cruciférines.» Une question reste en suspens : le fractionnement de l’apport de souffre.
La plus-value économique d’une nouvelle filière protéines du colza pour les producteurs, elle, reste néanmoins à évaluer.

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