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Céréales
Une problématique ray-grass qui pousse

Labour ou semis direct et faux semis : ces pratiques agronomiques ont un impact considérable sur la réussite du désherbage. 

Pour les parcelles déjà connues pour leur infestation de vulpin et ray-grass, pas de surprise en soit :
les conditions de désherbage connues l’automne dernier (sec et chaud) n’ont pas permis d’optimiser les efficacités. Qui plus est, les mois de mars et avril particulièrement humides ont permis des relevées tardives de vulpin, mais surtout de ray-grass. Et donc, au final, des parcelles sales. 

Mais ce qui est frappant cette année, c’est bien le nombre de nouvelles parcelles déjà bien infestées de ray-grass pour la première fois avec, là aussi partiellement, la problématique de relevée de printemps et cela, dans des exploitations ou toute problématique ray-grass était inconnue à ce jour.

Face à ce constat d’une montée de la pression ray-grass, mais aussi vulpin, la chambre d’agriculture de la Somme à mis en place un essai sur l’impact des faux semis d’un côté (article paru le 28 juillet dans L'AAP), mais aussi un deuxième essai pour voir l’impact des techniques d’implantation du blé et d’identifier l’impact sur les populations.

Cet essai a été mis en place dans le cadre des travaux du GIEE sol vivant du Ponthieu-Phytosez en partenariat avec Agro-transfert.

 

Un essai implantation réalisé après un faux semis effectué dans les règles de l’art

Cinq modalités d’implantation ont été réalisées sur blé en aout et au  précédent. 

Au préalable, deux faux semis ont été réalisés au 18 août puis 15 septembre avec un déchaumeur rapide et retassé avec un rouleau type «Cambridge». 

Si le premier passage a été limité en matière de levée de ray-grass et vulpin, le retour de quelques pluies à permis une bonne levée de vulpin sur fin septembre.

Pour interdire tout risque de repiquage, un désherbat total (glyphosate) a été réalisé deux jours avant le semis qui a été effectué le 18 octobre avec un délai d’un mois entre le dernier faux semis et semis de la céréale.

 

Cinq modalités testées : du labour classique au semis en semis direct

L’objectif est de mesurer l’impact du volume de terre «déplacé» sur les relevées de ray-grass et autres dicots.

Les modalités mis en place : 

- Modalité 1 : semis classique après labour avec herse rotative semoir à disques. À noter que cette parcelle n’avait pas été labourée depuis plus de dix ans. Le stock de graine était «en théorie» situé en surface du sol et peu en profondeur. Le labour – ici – avait pour objectif d’enfouir les graines et de les empêcher de relever.

-  Modalité 2 : semis en TCS profond (préparation au Karat) avec herse rotative semoir profond (au moins 15 cm).

- Modalité 3 : semis en TCS très superficiel (préparation au Karat) avec herse rotative semoir réglé très superficiellement (2 cm au maximum).

- Modalité 4 : semis en TCS de surface (préparation au Karat) avec herse rotative semoir réglés à 4-5 cm de profondeur.

- Modalité 5 : semis en direct avec semoir de SD (sans préparation le jour de semis) juste les faux semis et le désherbage total.

 

Deux modalités impactent positivement sur la population de graminées : labour et implantation en semis direct

Le labour par l’enfouissement des graines présente moins de 30 levées/m² au bout d’un mois suivi de près par l’implantation au semis direct : objectif atteint !

Pour cette seconde modalité, les faux semis ont abaissé le stock de graine dans les horizons de surface. Le fait de ne pas remuer la terre hormis la ligne de semis n’a pas pu remonter de graine en surface : objectif atteint là aussi !

Malgré tout, la modalité semis direct a nécessité un passage herbicide supplémentaire sur l’essai pour gérer la pression pâturin (très présent) et matricaire, ceci surement lié à un sol tassé en surface.

 

Une modalité entièrement contre productive : semis classique profond

Très rapidement après le semis de blé, la modalité semis après un travail profond s’est avérée catastrophique. Plus de 700 ray-grass ont relevés en moins d’un mois présentant un aspect «pelouse». Dans la réalité du terrain, cette modalité aurait mérité d’être retournée.

L’explication en est simple : les effets bénéfiques des deux faux semis ont été totalement annihilés par le travail profond de l’outil à dent (Kart) puis de la herse rotative réglée trop bas. Ces travaux ont ramené en surface des graines situées dans les horizons inférieurs (moins de 5 cm).

À noter que l’observation terrain a montré qu’aucun plateau de tallage des ray-grass ne se situait à moins de 2,5 à 3 cm, preuve que les graines qui lèvent sont uniquement celles situées en surface.

 

Deux modalités avec des résultats intermédiaires mais à retravailler : semis classique de surface

La modalité 3 a été rapidement mis à défaut, non pas par le nombre de relevées de ray-grass mais par le fait que le semis ayant été réalisé trop superficiellement (grain en surface), la population de blé a été insuffisante.

La modalité 4, donne des résultats – pour les témoins non traités – intermédiaires avec 350 plantes/m² soit 50 % de la plus mauvaise modalité. Pour cette modalité, la herse rotative à juste été réglée plus profondément de quelques centièmes (un cran de réglage) mais a permis une levée régulière du blé. 

Malheureusement, le fait d’avoir retravaillé le sol sur toute la largeur a remonté quelques graines, à moins que ce soit surtout le passage de l’outil à dent (Karat), lui aussi réglé un peu plus profondément, qui ait fait ce mélange. 

 

Des modalités implantations couplées avec du désherbage chimique

Chacune de ces cinq modalités a été désherbée avec un ou deux passages herbicides d’automne : au semis puis à une feuille. La hiérarchie des modalités ne change pas, mais les résultats finaux deviennent très encourageants. 

Les modalités semis direct et labour présentent des parcelles – finalement – relativement propre avec moins de 10 pieds par m² contre 636 ans, la plus mauvaise modalité non désherbée soit une réduction de 98,8 %.

En moyenne, l’efficacité des deux passages herbicides sur les cinq modalités est de 78 %, preuve que les seules interventions chimiques n’auraient pas été suffisantes sans un accompagnement agronomique.

À noter quand même que la modalité 4 présente malgré tout des résultats encourageants avec une réduction de 93 % de la pression graminées.

L’avis du conseiller 

Ce que je retiens surtout en premier lieu de cet essai, c’est que des habitudes sont contre-productives sur le terrain. Nombre d’agriculteurs ont gardé l’usage de déchaumer après récolte, voire même, disent réaliser des faux semis dans les règles de l’art. Malheureusement, ils continuent souvent, le jour du semis ou quelques jours avant, à passer un coup de chisel ou équivalant très profond pour faire du fond, comme on dit. Ce dernier passage est, pour la gestion graminée, catastrophique puisqu’il remonte toutes les graines. 
Dans cet essai, le labour procure des résultats là aussi très prometteurs, mais je rappelle que la parcelle n’avait pas été labourée depuis plus de dix ans, et qu’on obtient jamais d’aussi bon résultats quand on laboure très régulièrement à moins de trois ou quatre années. 
La modalité faux semis suivi d’un semis avec un semoir de semis direct est très satisfaisante, mais pas toujours applicable dans toutes les exploitations. De ce fait, il nous faudra retravailler la modalité 4, avec un semoir réglé le plus superficiellement possible sans passage préalable d’un outil à dents qui, à la conclusion de l’essai, n’était surement pas nécessaire vu que les deux faux semis avaient préparé un lit de semence convenable.
Je rappelle aussi, par ailleurs, que les faux semis doivent être faits suffisamment en amont de la date de semis prévisionnelle afin que toutes les graminées issues de ce faux semis soit levées le jour du semis. Nous avions montré lors d’un précédent essai, que des faux semis réalisés trop tardivement peuvent eux aussi être contre-productifs.
Hervé Georges – Ingénieur conseil à la CA 80
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