Dermatose nodulaire contagieuse : quatre anciens ministres de l'Agriculture défendent la ligne sanitaire de l’État
Dans un texte publié dans La Tribune Dimanche, Michel Barnier, Marc Fesneau, Stéphane Travert et Julien Denormandie, anciens ministres de l’Agriculture de sensibilités politiques différentes, prennent fait et cause pour la stratégie sanitaire mise en œuvre par le gouvernement face à la dermatose nodulaire contagieuse.
Dans un texte publié dans La Tribune Dimanche, Michel Barnier, Marc Fesneau, Stéphane Travert et Julien Denormandie, anciens ministres de l’Agriculture de sensibilités politiques différentes, prennent fait et cause pour la stratégie sanitaire mise en œuvre par le gouvernement face à la dermatose nodulaire contagieuse.
Deux ans après un mouvement de contestation agricole inédit, la crise sanitaire liée à la dermatose nodulaire contagieuse (DNC) frappe de plein fouet l’élevage bovin français. Dans un contexte de lassitude et de tensions persistantes, les quatre anciens ministres justifient leur prise de parole par « le devoir de porter une parole d’apaisement, de responsabilité et de vérité ».
Ils rappellent que l’élevage français n’en est pas à sa première crise sanitaire majeure : vache folle, fièvre aphteuse, tuberculose bovine ou encore influenza aviaire. La DNC s’inscrit, selon eux, « dans cette lignée », avec des conséquences « potentiellement dévastatrices et durables pour les cheptels comme pour l’avenir même de l’élevage ».
« Une épreuve intime, un véritable arrachement » pour les éleveurs touchés
Les signataires commencent par adresser un message explicite aux éleveurs directement frappés par la maladie, et notamment à ceux qui ont dû voir leurs troupeaux abattus.
« Nos premières pensées vont aux éleveurs qui y font face dans l’angoisse, et notamment à ceux, directement frappés par la maladie, qui ont perdu leur troupeau. Il s’agit là d’une épreuve intime, d’un véritable arrachement. »
Ils insistent sur la dimension humaine de la crise, évoquant « des années de travail, de sélection, d’attention auxquelles il est soudainement mis fin », et appellent à un accompagnement « indéfectible » de la part des pouvoirs publics.
La science comme boussole dans la décision sanitaire
Au cœur de la tribune, un rappel sans ambiguïté du rôle central de la science dans la gestion des crises sanitaires. « Ni le virus ni son antidote n’ont de racines idéologiques. Les décisions sanitaires ne peuvent se fonder ni sur l’émotion ni sur l’opinion, mais uniquement sur des données scientifiques éprouvées. »
Les anciens ministres assument le caractère difficile, parfois incompris, des décisions prises, notamment l’abattage sanitaire, qualifié de « mesure rempart, tragique sans aucun doute, mais d’abord une mesure de protection ».
Ils soulignent également l’interdépendance des exploitations : « Dans une telle crise sanitaire, nul ne vit sur une île. Chaque exploitation est liée à celle de son voisin. »
Soutien au protocole gouvernemental
Le texte apporte un soutien explicite à l’action de l’exécutif et de la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, alors que cette dernière fait l’objet de critiques, y compris de la part de membres de sa famille politique.
« Nous apportons notre soutien au protocole mis en œuvre par la ministre de l’Agriculture et le gouvernement, confrontés eux aussi à une situation d’une extrême complexité. »
Restrictions de déplacement, règles de biosécurité et vaccination ciblée sont présentées comme les leviers essentiels pour « briser les chaînes de transmission ». Les signataires citent ainsi « l’exemple des Savoies » et saluent « l’annonce d’un déploiement massif de vaccins en Occitanie », porteuse « de tous les espoirs pour ce territoire et le reste du cheptel national ».
« L’adversaire n’est ni l’État ni la science, mais le virus »
Le message est résumé dans une formule appelée à marquer les esprits. « Dans ces moments décisifs, chacun doit mesurer que l’adversaire n’est ni l’État ni la science, mais le virus. »
Pour les quatre anciens ministres, la division serait aujourd’hui « le pire », car elle « fragiliserait tout » et « retarderait la sortie de crise ». À l’inverse, lorsque « la rigueur sanitaire, la solidarité professionnelle et la confiance dans la science s’additionnent, c’est le virus qui recule ».
Indemnisation, reconstitution des troupeaux et enjeu européen
La tribune conditionne toutefois cette exigence collective à un engagement fort de l’État.
« Cette exigence collective n’a de sens qu’à une condition : que les éleveurs ne soient jamais laissés seuls face à l’épreuve. »
Indemnisation, accompagnement humain et reconstitution des troupeaux sont présentés comme des impératifs. Les auteurs appellent également l’Union européenne à tirer les leçons de ces crises répétées, notamment à travers « un programme de recherche, de fabrication et de stockage des vaccins, notamment pour les maladies vectorielles ».
En conclusion, les anciens ministres appellent à l’unité pour « préserver durablement l’élevage français » et donner un sens aux sacrifices consentis aujourd’hui par les éleveurs.