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Des arbres et des pratiques agricoles indissociables

Chez Sylvain Deraeve, installé à Bayonvillers, la complémentarité agronomique entre les arbres et les cultures est indéniable.
Ses pratiques lui ont valu d’être nommé lauréat du Concours général agricole agroforesterie 2021.

Tout au bout d’une vaste plaine, à peine vallonée, les arbres sont visibles de loin. Plantés bien en ligne, il entrecoupent les parcelles de l’EARL Plaine de vie, à l’entrée du village de Bayonvillers. «Nous voulions retrouver de la biodiversité dans nos terres. Un pré-verger a été créé en 2006 puis, dans les cultures, une première partie de ces arbres a été plantée en 2007, et une deuxième l’a été en 2012», explique Sylvain Deraeve. L’agriculteur est installé depuis 2015 avec sa sœur, Inès, elle même installée dix ans plus tôt. L’exploitation de 42 ha, avec un élevage d’une trentaine de brebis, a été convertie en bio en 2007. Leur pratique a été remarquée au niveau local, puisque la Chambre d’agriculture de la Somme a décerné à Sylvain le titre de lauréat du Concours général agricole agroforesterie 2021. Il représentera donc la Somme lors de la finale nationale.

Aujourd’hui, 10 km de linéaires d’arbres jalonnent les parcelles de blé, seigle, orge, sarrazin, lentilles vertes ou colza (si les conditions climatiques permettent le semis), selon la rotation. Les essences, toutes locales, sont variées, avec un arbre d’avenir tous les 6 m, comme des chênes, des noyers et des alisiers. Une cinquantaine de fruitiers poussent également dans le pré-verger. «Ce sont des pommiers et des poiriers à hautes tiges, qui permettent le pâturage des moutons.» Il faut donc grimper à l’échelle pour la récolte des fruits. 

 

Des avantages évidents

Les bénéfices, bien que difficilement chiffrables, sont certains. «Pour les animaux d’élevage, c’est flagrant. Les arbres apportent de l’ombre et de la fraîcheur l’été. Ils ont un effet coupe-vent et drainant en période pluvieuse.» Pour les cultures, Sylvain estime une petite perte de rendement en bordure de plantation, mais un gain de rendement au milieu du rang. Surtout, une biodiversité beaucoup plus grande et diverse a retrouvé sa place, presque autant grâce aux arbres que grâce à la large bande enherbée qui est préservée le long de la ligne. Autant d’espaces où la flore locale peut se développer, favorisant la diversité faunistique, notamment la présence de précieux pollinisateurs et auxiliaires. «Une haie abrite par exemple beaucoup de carabes, qui sont gourmands de pucerons.» Même la faune cynégétique a élu domicile. «Nous n’avions jamais vu de chevreuil par ici auparavant. Aujourd’hui, plusieurs vivent ici à l’année», assure Sylvain. 

Autres remarques : l’agroforesterie a permis l’amélioration de la teneur en matière organique et de la fertilité des sols, de stocker du carbone, de limiter le phénomène d’érosion… Les sols sont plus résilients aux excès climatiques : «Les écarts de température du sol sont beaucoup moins grands. Il reste moins froid l’hiver et moins chaud l’été.» Enfin, les systèmes agroforestiers répondent à une attente forte de la société. «On parle de plus en plus de arbres et de leur rôle essentiel dans la lutte contre le changement climatique. À mon échelle, la plupart des habitants de Bayonvillers qui aiment se balader en campagne sont heureux de voir les arbres et la biodiversité qu’ils abritent.»

Le système nécessite cependant de l’entretien. «Les bandes enherbées sont fauchées une fois par an, après la moisson. À cette période, l’accès est facile et la faune et la flore sont moins développées.» Pour les arbres, un travail de taille est aussi réalisé tous les ans, en sève descendante, l’automne. «Les dix premières années sont les plus importantes. Il s’agit de former les arbres pour les inciter à pousser vers le haut. En forêt, ils le font naturellement car ils cherchent la lumière, mais en plaine, ils ont tendance à prendre du volume.»

 

Rien ne se perd…

Quant à la valorisation, il faudra attendre quarante à cinquante ans avant de pouvoir abattre les plus beaux sujets. Mais les arbustes et les tailles annuelles ont trouvé leur débouché. «Nous avons investi dans un broyeur, qui transforme la moindre brindille en copeaux de bois. Ceux-ci sont mis en silo pour sécher, puis ils alimentent une chaudière, qui permet de chauffer la maison d’habitation, les bureaux de la ferme et la boulangerie, dans laquelle Inès transforme les céréales.» Les Deraeve sont même excédentaires en copeaux de bois, et réfléchissent à un moyen de les commercialiser. 

 

Des aides à saisir… rapidement !

Les bénéfices d’un système agroforestier ne sont plus à prouver. Reste que, pour l’agriculteur, la plantation d’arbres a un coût, et la valorisation ne se voit qu’à long terme. Le programme de développement rural de Picardie 2014-2020 vise donc à accompagner ces agriculteurs financièrement. Un appel à projet 2020-2021 est toujours en cours. Le temps presse cependant : la date limite de dépôts est fixée au 30 mars 2021.
Le taux d’aide publique est de 80 % des dépenses éligibles retenues, sans plafond de dépenses. Les financeurs potentiels en contrepartie du Feader sont la Région Hauts-de-France, l’État, l’Agence de l’eau Seine-Normandie et l’Agence de l’eau Artois-Picardie. Sont éligibles à l’opération : les frais généraux (études de faisabilité), dans la limite de 12 % du montant éligible des dépenses matérielles ; les coûts des plants et de la plantation ; et les autres coûts directement liés à la création d’un système agroforestier (analyse de sols, préparation et protection du sol, protection des plants…).
La demande doit porter sur au moins 1 ha de terres agricoles, à raison de 30 à 250 arbres. Une liste d’essences éligibles a été rédigée. «Dans un objectif de favoriser la biodiversité, il est demandé d’introduire plusieurs espèces d’arbres et d’arbustes. Dans le cas de plantation d’arbres fruitiers, ces derniers doivent être implantés en mélange avec les essences forestières», est-il précisé. Pour rappel : au-delà de cent arbres forestiers, la surface considérée n’est plus éligible aux Droits à paiement de base (DPB) de la Pac.

Contacts : 
Chambre d’agriculture de la Somme : Maryse Magniez ; 03 22 33 69 48  ;  m.magniez@somme.chambagri.fr
Bio en Hauts-de-France : Valérie Toussaint ou Jean-Baptiste Pertriaux ; 03 22 22 58 30 ; v.toussaint@bio-hdf.fr ; jb.pertriaux@bio-hdf.fr
DDTM de la Somme : Hélène Wallon ; 03 60 03 46 83 ; helene.wallon@somme.gouv.fr

 

Un million d’arbres plantés en région ?

Un arbre planté, c’est un refuge pour la biodiversité, du carbone stocké, des polluants atmosphériques fixés, des sols plus résilient… En bref, un frein aux effets du changement climatique. La Région a donc lancé le 19 avril 2020 le Plan 1 million d’arbres en Hauts-de-France, mobilisant les collectivités locales, opérateurs publics, lycées privés, associations, Maisons familiales et rurales en faveur du reboisement du territoire.
Au total, 6 millions d’euros sont mobilisés sur trois années, «L’aide régionale s’élève à 90 % de la dépense effectuée, retenue dans la limite de 10
par arbre planté», précise la Région. Le dispositif d’appel à projets est ouvert tout au long de l’année jusqu’en 2023. En 2020, 138 projets ont été retenus sur l’ensemble du territoire. Ce qui représente 128 690 arbres et arbustes.
Dossiers à déposer sur https://aidesenligne.hautsdefrance.fr.
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