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Agriculture bio
Des coupes budgétaires pour le soutien au bio

Le ministère de l’Agriculture a décidé d’écourter la campagne de communication sur les produits bio, prévue initialement sur trois ans. En parallèle, le Fonds avenir bio (structuration des filières) se voit raboté de 8 M€ en 2025.

D’après la Fnab, l’annulation du budget 2025 va bloquer tout futur déploiement de la campagne «c’est bio la France».
D’après la Fnab, l’annulation du budget 2025 va bloquer tout futur déploiement de la campagne «c’est bio la France».
© gence bio

Un simple courriel pour informer d’une coupe de cinq millions d’euros (M€). Le ministère de l’Agriculture «a annoncé aux familles professionnelles de l’Agence bio son intention de supprimer les budgets de communication 2025 ainsi qu’une partie des budgets d’investissements», dénonce la Fnab (producteurs bio) dans un communiqué le 20 mai. «Aucune ligne de financement supplémentaire n’est prévue pour la planification écologique au titre de la communication», écrivent les services du ministère dans un courriel du 16 mai. Une annulation que la Rue de Varenne justifie par les «efforts précédents» et le «contexte général des finances publiques».

En septembre 2023, Marc Fesneau avait annoncé une campagne de communication dotée de 5 M€ par an sur 2024, 2025 et 2026 afin de relancer la demande en produits bio, affaiblie par l’inflation. Une première vague a été diffusée lors du Salon de l’agriculture 2025 (à partir des crédits 2024) ; une deuxième a été lancée le 22 mai pour le Printemps bio et les quarante ans du label AB.

Et après ? L’annulation du budget 2025 «va bloquer tout futur déploiement» de cette campagne intitulée «C’est bio la France !», explique la déléguée générale de la Fnab, Sophia Majnoni d’Intignano. Cerise sur le gâteau : «Le ministère a lui-même demandé une refonte totale du concept de communication de la campagne», rappelle la Fnab, ajoutant que cette modification «a coûté une bonne partie du budget 2024».

 

Le Fonds avenir bio divisé par deux

Concernant les aides à l’investissement, Annie Genevard a annoncé le 14 mai, lors d’une audition à l’Assemblée, une réduction des crédits du Fonds avenir bio (structuration des filières). En 2025, il bénéficiera selon elle de 8,8 M€, contre 16,4 M€ en 2024 (incluant un abondement exceptionnel de 5 M€ provenant des fonds de la planification écologique).

«L’appel à manifestation d’intérêt est terminé, les lauréats ont été sélectionnés et ont reçu la décision d’attribution des aides, mais ils ne recevront pas les fonds prévus», déplore Sophia Majnoni d’Intignano. «Le Fonds avenir bio n’est pas un gadget budgétaire», martèle l’Agence bio dans un communiqué, rappelant que ce dispositif «a construit avec succès depuis quinze ans plus de 350 infrastructures». Et de relever que «chaque euro financé par l’Agence bio fédère entre 2 et 3 € d’argent public et privé».

Dans un message envoyé à la presse le 20 mai, l’entourage d’Annie Genevard ne conteste pas les coupes, mais explique «prioriser les crédits sur la structuration de la filière en concertation avec les professionnels». Le ministère «s’est également mobilisé pour que le Fonds avenir bio soit maintenu», selon le cabinet. Et d’évoquer un «contexte budgétaire compliqué avec le tarissement du plan de relance et de la planification écologique».

Plus largement, c’est l’ensemble de la planification écologique au ministère de l’Agriculture qui fait les frais des restrictions budgétaires. En 2024, la Rue de Varenne avait obtenu une rallonge exceptionnelle de 1,3 Md€ à cette fin. Mais «300 millions [non dépensés] ont été redéployés vers la gestion de crise», notamment pour les maladies animales (FCO, MHE), a indiqué la ministre aux députés le 14 mai.

 

La filière en appelle au Parlement

«Le fait qu’il n’y ait plus de pilote au secrétariat général à la Planification écologique ne nous aide pas», analyse Sophia Majnoni d’Intignano. Parti fin mars, l’ancien patron du SGPE Antoine Pellion n’a pas encore été remplacé. Or, pour la responsable de la Fnab, c’est cette instance dépendant de Matignon qui «avait imposé» la campagne de communication au ministère de l’Agriculture.

«On marche aussi sur la tête dans la bio», ironise le coprésident de la Fnab Loïc Madeline, en référence au slogan de la FNSEA de l’hiver 2023-2024. «Avec les coupes budgétaires de l’Agence bio, c’est un mur porteur qu’on abat», s’émeut de son côté l’Agence bio dans son communiqué, en appelant au «rétablissement des crédits votés» par le Parlement. La Fnab en appelle également aux parlementaires, proposant «à l’ensemble des députés de travailler sur une résolution transpartisane de soutien à l’agriculture biologique». Selon Sophia Majnoni d’Intignano, le syndicat est «en discussion avec Marc Fesneau», président du groupe Modem et ancien ministre de l’Agriculture, à ce sujet. Avec la locataire actuelle de la Rue de Varenne, la déléguée générale de la Fnab pointe au contraire «un manque de dialogue».

En crise, les agriculteurs bio ont bénéficié de deux plans d’aide en 2023 et 2024, au-delà des dispositifs pérennes (aide à la conversion, crédit d’impôt, écorégime). Mais les coupes budgétaires annoncées constituent «un mauvais signal», déplore Loïc Madeline, alors qu’Annie Genevard doit présenter ses arbitrages sur l’utilisation des reliquats d’aides non consommées pour la conversion (257 M€ en 2023-2024). En ce début 2025, la demande en produits bio montre certes des signes de reprise, principalement dans les magasins spécialisés. Mais la vague de déconversions n’est pas finie. De l’avis de nombreux acteurs, les chiffres 2024 de l’Agence bio, attendus avant l’été, devraient montrer un nouveau recul des surfaces bio françaises.

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