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Désinfection des bâtiments d’élevage de poules pondeuses

Comme chaque année, Bertrand Roucou, éleveur de porcs et de poules pondeuses, procède au vide sanitaire de ses bâtiments, à Cavillon.

Pas moins de 800 m2 à vider de ses volailles, puis à curer, nettoyer, sécher, désinfecter et laver.
Pas moins de 800 m2 à vider de ses volailles, puis à curer, nettoyer, sécher, désinfecter et laver.
© AAP


Le top départ a été donné le 29 avril. Bertrand Roucou, son salarié, sa famille, ses amis et ceux de ses enfants ont commencé à vider du poulailler les 4 000 poules pondeuses qui s’y trouvent depuis un an. Vide sanitaire annuel oblige entre deux lots de volailles, puisqu’il a signé une charte sanitaire avec la DDTM. Si la contrainte est pesante pour nombre d’agriculteurs, elle est cependant essentielle pour éviter toute épidémie de type salmonellose ou grippe aviaire, pour ne citer que les plus connues.
L’agriculteur a commencé l’élevage de poules pondeuses en 1992. De 300 poules, il est passé à 1 000 à la fin de cette année-là. Il vendait alors toute sa production d’œufs en direct, soit à la ferme, soit sur les marchés. Ayant développé son élevage au fur et à mesure des années jusqu’à atteindre plus de 5 000 poules, il a alors décidé d’installer un poulailler de plein air pour ses poules en 1999, à Cavillon. Mais, avec les nouvelles normes d’élevage en 2006, il a dû diminuer sa production à 4 000 poules, ce qui a entraîné une moins grande rentabilité sur son bâtiment et l’a également obligé à arrêter un marché. Mais, quel que soit son nombre de poules, il doit procéder chaque année au vide sanitaire de son bâtiment, ainsi que l’impose la charte. Le protocole sanitaire est cependant adapté à chaque élevage.
Pour ce qui le concerne, le vide sanitaire consiste à vider son poulailler de toutes ses poules, puis à le curer, le nettoyer avec un nettoyeur haute pression, le sécher, le désinfecter, ainsi qu’à laver les installations extérieures au poulailler. Ce qu’il fait une fois par an, généralement autour du 1er mai.
Il faut compter au moins trois jours de travail avant que tout ne soit terminé, car, en parallèle, l’agriculteur organise la vente de toutes ses poules à même sa ferme (lire ci-dessous). De même, entre la fin du vide sanitaire et le retour de poules pondeuses dans le bâtiment, quatre semaines s’écoulent. «Plus le temps passe, plus le coût financier est important. C’est la raison pour laquelle la plupart des éleveurs font revenir des bêtes quinze jours après. Pour ma part, je préfère attendre quatre semaines pour éviter tout problème sanitaire. Après la désinfection des bâtiments, la présence de microbes peut encore avoir lieu trois semaines après. Mon choix est de minimiser les risques au maximum», indique Bertrand Roucou.

Autres obligations sanitaires
Outre le vide sanitaire, l’éleveur doit procéder à plusieurs analyses salmonellose sur ses poules. La première est réalisée avant leur entrée dans le bâtiment, puis lorsqu’elles ont passé vingt-quatre semaines dans celui-ci, et, enfin, toutes les vingt semaines. La dernière analyse a lieu juste avant leur départ du bâtiment. «Toutes mes poules sont vaccinées contre la salmonellose, mais le risque zéro n’existe pas. Quelles que soient toutes les précautions que l’on peut prendre, on est tous confrontés, au moins une fois, à ce type de problèmes», précise Bertrand Roucou.
Autre obligation sanitaire : la dératisation. C’est un autre pilier important de la conduite sanitaire en élevage. Les rongeurs, quels qu'ils soient, s'avèrent être des menaces sanitaires conséquentes en tant que porteurs de maladies comme la leptospirose, la salmonellose, la dy­senterie... Ils disséminent les agents infectieux présents dans l'élevage et constituent donc d'excellents accélérateurs de la dynamique de contamination dans les bâtiments et sur les animaux. Aussi le choix et l'emplacement des produits rodonticides sont-ils à réaliser de façon à s'intégrer le plus possible dans les pratiques des rongeurs. Il est important de savoir que le mélange de plusieurs matières actives au sein d'un même poste d'appâtage rend les rodonticides utilisés inefficaces.
Si la dératisation est d'abord préventive (mesures d'hygiène et de propreté), ces mesures ne suffisent pas. Une lutte curative doit être entreprise en complément. La lutte doit allier précautions (utiliser des récipients sans odeur, ne pas manipuler les appâts avec les mains…), produits efficaces (choix du support et de la matière active), persévérance dans l'action (vérifier et renouveler les appâts aussi longtemps que les appâts précédents seront mangés, contrôler les mortalités) et prudence d'utilisation (tous les produits raticides utilisés sont dangereux pour l'homme et les animaux domestiques, et doivent donc être utilisés et stockés en conséquence).
Ainsi, si la désinfection des bâtiments d’élevage est bel et bien une étape essentielle dans le contrôle des maladies infectieuses susceptibles d’affecter les performances d’une exploitation, le risque zéro n’existe pas cependant. Il n’empêche. Les bactéries, les virus et les parasites étant capables de résister longtemps dans l’environnement, la désinfection des bâtiments, ainsi que la désinsectisation et la dératisation assurent une conduite sanitaire en élevage efficace.

Etapes de la désinfection
La désinfection ne se résume pas à la simple application d’un désinfectant. Elle doit toujours être associée à un nettoyage approfondi. Pour être efficaces, les opérations de nettoyage et de désinfection doivent être effectuées en cinq phases successives : le nettoyage, le trempage, le décapage, la désinfection proprement dite et le vide sanitaire. Ce dernier peut être suivi d’une seconde désinfection complémentaire. La maîtrise des différentes étapes du protocole et des méthodes de contrôle conditionne l’efficacité et le coût du nettoyage-désinfection.Première étape : vider complètement le bâtiment. Deuxième étape : enlever la litière et le fumier en limitant les risques de contamination d’une autre partie de l’exploitation.Troisième étape : décaper à haute pression la totalité du bâtiment (sol, mur, barrière). Le trempage facilite le décapage et en diminue la durée. Il faut le réaliser à l’aide d’un jet, d’un tuyau d’eau ou d’un tourniquet d’arrosage. A savoir : la plupart des désinfectants perdent une bonne partie de leur efficacité en présence de matière organique.Quatrième étape : utiliser un pulvérisateur adapté pour désinfecter finement sans ruissellement.Cinquième étape : un vide sanitaire d’un mois est fortement conseillé.


Des poules vendues sur place

Vendre à un abattoir ou à des particuliers lors du vide sanitaire ? Bertrand Roucou a fait son choix depuis 1999.

C’est quasiment un rituel. Tous les 1er mai, ainsi que les deux soirées d’avant, les habitants des villages voisins, comme d’Amiens, se déplacent à Cavillon pour acheter les poules pondeuses de l’agriculteur. La plupart, tel Sébastien de Molliens-Dreuil, s’en procurent pour compléter leur poulailler. «J’ai un petit poulailler que j’ai fait pour avoir des œufs et aussi pour mes enfants. Ils adorent cela», raconte-t-il. Yassir, lui, s’est déplacé d’Amiens en famille. Ils viennent tous les ans pour acheter une trentaine de poules, une dizaine par famille. Point de poulailler dans leur cas, mais pour leur consommation, car ils apprécient la chair de ces poules, plus forte que celle des poulets. Même chose pour cette famille originaire du Cap vert, qui vit à Amiens.
Entre cette clientèle de particuliers ou un abattoir, Bertrand Roucou a donc choisi son «camp». Outre le contact direct avec les clients, qu’il affectionne, l’intérêt économique entre aussi en ligne de compte. Les prix pratiqués par les abattoirs sont particulièrement bas. «Je vends mieux qu’à l’abattoir, mais, pas trop cher non plus pour que tout le monde s’y retrouve», dit-il. Un bon sens qui séduit les clients.

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