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Easymetha : un système de méthaniseur novateur

D’ici quelques mois, la société Easymetha installera une unité de démonstration à Talmas, de 100 kW biogaz, chez un éleveur laitier.

Le 2 juillet 2015, Philippe Peultier (à gauche sur la photo), lauréat du concours Eclosia, recevait comme prix 11 500 euros 
du Conseil départemental de la Somme.
Le 2 juillet 2015, Philippe Peultier (à gauche sur la photo), lauréat du concours Eclosia, recevait comme prix 11 500 euros
du Conseil départemental de la Somme.
© AAP

En juillet dernier, Philippe Peultier, gérant de la société Easymetha, recevait un prix de 11 500 euros dans le cadre du concours Eclosia, fer de lance de la politique du Conseil départemental de la Somme en faveur de l’implantation et de la croissance de projets issus des éco-activités. Son projet ? Construire des unités de méthanisation à la ferme, à partir des déchets qui s’y trouvent (fumier et autres résidus sur l’exploitation).
«La méthanisation, on en parle beaucoup, mais à la différence de l’Allemagne, qui a créé 7 500 unités de méthanisation sur son territoire, celle-ci ne se développe pas beaucoup en France, qui en compte autour de 250», relève d’entrée de jeu Philippe Peultier. Si l’intérêt des éleveurs est réel sur le sujet, reste que le modèle de méthaniseur allemand reproduit en France a connu quelques déboires, car il ne correspond pas aux exploitations françaises. Les raisons sont de deux ordres : une technique inadaptée à la réalité des gisements français et un soutien trop faible du tarif de rachat.
10 % de la surface céréalière est dédiée en Allemagne à la production de maïs biogaz pour la méthanisation, «ce qui est aberrant en France», remarque Philippe Peultier. Autre difficulté : les déchets sont mélangés avec des produits liquides. Tel n’est pas le cas en France, où est utilisé principalement du fumier, «ce qui pose des problèmes de maintenance des équipements d’origine allemande, mais aussi des problèmes de dépôt dans les cuves, et, enfin, une hausse de la consommation d’électricité», détaille-t-il.
Outre la question technique, se greffe la question des choix politiques. Dès les années 1990, l’Etat allemand a fixé un tarif de rachat du kW biogaz pour soutenir l’énergie renouvelable produite à partir de ce processus. La France, elle, n’a adopté un tarif de rachat du kW biogaz qu’à partir de 2006, avec une revalorisation de ce tarif en 2011, puis dernièrement. Entre une politique tardive de soutien aux énergies renouvelables et des retours d’expérience peu probants sur les unités de méthanisation créées en France, leur développement a pris du retard. Un marché existe donc (cinq entreprises allemandes et cinq constructeurs français), qui ne demande qu’à être développé, selon Philippe Peultier.

Le concept du digesteur
Ingénieur agricole de formation, Philippe Peultier a commencé sa carrière dans la méthanisation, avant de passer au compostage, puis de revenir à ses premiers «amours» en 2007. Après avoir travaillé dans le sud de la France et à l’étranger, il s’installe dans la Somme. Et pour cause. La Picardie, et plus particulièrement la Somme, est terre d’élevage laitier. «Ici, il y a beaucoup d’éleveurs avec du cheptel et de la surface. Le potentiel est donc important dans le département», précise Philippe Peultier, comme dans la région, voire en France.
Pour adapter les unités de méthanisation aux gisements français, particulièrement au fumier, il met au point un concept de digesteur, dans lequel sont intégrés automatiquement la paille et le lisier. Le fumier est ensuite méthanisé durant deux mois, puis évacué mécaniquement vers une fumière dans laquelle il est composté. Ces unités de méthanisation sont également équipées d’un groupe de cogénération, d’un séchoir polyvalent et d’un chauffage des habitations.
Suivant le modèle choisi, ces installations ont des puissances de 40 à 200 kW. Pour une unité de 100 kW (une centaine de vaches, ndlr), le coût est d’environ 660 000 euros. Sur le marché, les Allemands proposent des unités de même puissance autour de 800 000 euros. Easymetha commercialise en direct auprès des éleveurs ou par l’intermédiaire des établissements Charpentier de Beauquesne.
«Toutes ces installations sont d’une grande facilité d’exploitation et d’un coût adapté aux capacités d’investissement des éleveurs», commente Philippe Peultier. Par ailleurs, la méthanisation se faisant en continu, le système est donc très productif et ne nécessite pas de manutention particulière de la part de l’éleveur. Il offre aussi une diminution des charrois et des épandages. De même, par son procédé, 100 % des éléments fertilisants (azote, phosphore, potasse) sont conservés.
Autre gain et pas des moindres, à l’heure où la filière laitière est en crise et à la recherche de valeur ajoutée, la méthanisation offre un revenu complémentaire, avec désormais un prix fixe du rachat du kW biogaz, grâce à la nouvelle tarification mise en place, avec des contrats d’une durée de vingt ans. Le tarif de base est de 22,5 c €/kWh contre 13 à 14,2 c €/kWh.
Sur le plan environnemental, les filières bovines, porcines et avicoles produisent la quasi-totalité des déjections à l’échelle nationale. Elles représentent près de 19 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur agricole français en 2010, émises sous forme de méthane (CH4) et de protoxyde d’azote (N2O). L’objectif, encore affiché à la COP21, étant de diminuer ses émissions, la méthanisation peut apporter une vraie réponse, car elle a un effet bénéfique sur l’effet de serre.
En effet, elle collecte le méthane produit naturellement lors de la fermentation des déchets. Le méthane étant un gaz à effet de serre à très fort pouvoir réchauffant, il n’est plus libéré dans l’atmosphère. Le biogaz est, en outre, une source d’énergie renouvelable qui va se substituer à d’autres sources d’énergies fossiles, plus polluantes. Enfin, la valorisation des digestats comme engrais agricole permet de diminuer l’utilisation d’engrais azotés chimiques, forts consommateurs d’énergie pour leur production.

Mesures dans le Plan de soutien à l’élevage :

- Exonération de fiscalité locale (taxe foncière et CFE) pour l’ensemble des installations, y compris pour celles mises en service avant le 1er janvier 2015
- Mobilisation des financements européens pour soutenir la création de nouvelles unités
- Extension à tout le territoire de l’expérimentation de l’autorisation unique déjà testée en Picardie
- Encadrement des délais pour les raccordements aux réseaux électriques et gaz
- Adaptations tarifaires pour les unités fonctionnelles ou en projet
- Revalorisation des tarifs du kW

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