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Eau et climat : s’adapter mais comment ?

Le futur Plan Climat air-énergie territorial (PCAET) du Pôle métropolitain du grand amiénois a réuni en début de semaine plusieurs acteurs, dont des agriculteurs, pour définir un certain nombre d’orientations en matière de gestion de l’eau.

Le développement de certaines cultures nécessitant de l’irrigation impose désormais une réflexion approfondie 
sur la manière de gérer la disponibilité de l’eau.
Le développement de certaines cultures nécessitant de l’irrigation impose désormais une réflexion approfondie
sur la manière de gérer la disponibilité de l’eau.
© Jean-Michel Gravoueille – Arvalis Institut du végé



Alors que les premiers tours d’irrigation dans des cultures dites «sensibles» au stress hydrique ont débuté depuis quelques jours dans le département, le Pôle métropolitain du grand amiénois organisait en début de semaine un atelier virtuel sur l’utilisation de l’eau et sa gestion. Son but ? Associer le plus grand nombre d’acteurs - la réunion a rassemblé une vingtaine de participants - à l’écriture de son PCAET. Le PCAET, rappelait en préambule sa responsable Marie Collonvillé, «c’est un plan d’action stratégique et opérationnel pour lutter contre le changement climatique et s’adapter». Alors qu’un atelier sur l’habitat devait se tenir en mars dernier - il a été reporté pour cause de Covid-19 -, le suivant a été consacré à la ressource en eau.

Des besoins en eau croissants
Si la situation dans le département de la Somme n’est pas critique, la prudence reste toutefois de mise. Depuis 1984, 1 053 arrêtés de catastrophe naturelle ont été recensés. 95 % des événements ayant donné lieu à un arrêté de catastrophe naturelle sont liés aux pluies (orages, inondations, remontées de nappe). Quant aux 5 % restants, ils sont, selon ETD, «liés à des mouvements de terrain et à la sécheresse». D’ici 2050, sans réelle prise de conscience et sans changements dans les pratiques, il faut s’attendre, selon le cabinet d’experts ETD, à des phénomènes climatiques plus marqués : augmentation de l’intensité des orages, changement de répartition temporelle des pluies, coulées de boue, pertes de rendement, développement des parasites, problèmes sanitaires... Dans le même temps, la pression sur la ressource se fait de plus en plus forte. Un exemple ? La consommation pour l’irrigation en passe de devenir «un enjeu structurel». Les terres cultivées bénéficiant de l’irrigation ont ainsi fortement augmenté entre 2018 et 2019 (+ 3 800 hectares) pour une surface de 36 600 hectares, selon la DDTM 80. L’augmentation des surfaces de pommes de terre n’y est pas étrangère - elle représente 55 % des besoins - à laquelle s’ajoutent des besoins plus anciens pour les légumes destinés à l’industrie, par exemple.

De l’aide plutôt que des règles
Pour une meilleure gestion de la ressource en eau, il y a ce que l’on connait - retenue d’eau par le biais de haies, fascines, bassins, optimisation de l’irrigation par la technologie -, et ce qui pourrait être mis en place à l’image du stockage de surface, l’amélioration des réseaux de distribution ou encore à l’extrême la priorisation de certains usages. Au bout d’un peu plus de deux heures de présentations et d’échanges, plusieurs pistes de travail ont été avancées. Parmi ces pistes figure la possibilité de création de bassins de rétention d’eau, laquelle serait corrélée à des actions de lutte contre les coulées de boues et des besoins en irrigation. Conscient que ces bassins n’ont pas toujours bonne presse, Christophe Buisset, agriculteur à Aveluy et vice-président de la Chambre d’agriculture de la Somme admet «ne pas comprendre pourquoi» : «Il y a un vrai travail de fond à mener sur le sujet. Quand ce genre d’outil est bien conçu, on peut à la fois répondre à des problématiques d’érosion, favoriser la biodiversité autour et cela peut aussi servir de réservoir pour de l’eau qui finira de toutes façons par repartir dans le sol.» Pour Simon Catteau, agriculteur à Sailly-Laurette, ce sont «les marais qui ne sont pas suffisamment utilisés pour retenir l’eau en hiver».
La seconde proposition consiste à intégrer de manière plus pro-active la lutte contre l’érosion dans les plans d’aménagement du territoire. S’il fait partie aussi des pistes avancées, le développement de l’agroforesterie est accueilli avec «réserve» par les représentants de la profession agricole. De même, du côté des professionnels du monde agricole, on rappelle être favorable à un certain nombre d’actions autour de l’irrigation, pour la conservation des sols, la qualité de l’eau ou le développement du bio sur les aires de captage, mais «sans ajouter d’obligations supplémentaires», a souligné Rémi Chombart, agriculteur irrigant depuis 1994. Pour Charles Objois, un autre agriculteur samarien, «il faut arrêter de mettre des règles à tout-va et réfléchir plutôt à une manière de subventionner des matériels innovants». Une position partagée au moins par l’Agence de l’Artois Picardie qui a rappelé son engagement auprès de collectifs d’agriculteurs pour les accompagner dans le changement des pratiques et l’investissement dans de nouvelles techniques.


Covid-19 : ces mesures «d’urgence» prises par l’Agence de l’eau Artois-Picardie

Si la continuité des services d’eau et d’assainissement a bien été assurée pendant la période de confinement liée à l’épidémie de Covid-19, «certains chantiers ont néanmoins été arrêtés ou différés», constatait le 18 mai dernier l’Agence de l’eau Artois-Picardie. C’est pourquoi cette dernière a adopté quatre mesures d’urgence pour que les projets à vocation environnementale puissent être mis en œuvre et que les engagements financiers pouvant générer de l’emploi dans le secteur de l’eau et de la biodiversité soient accélérés. La première de ces mesures - elles sont valables jusqu’au conseil d’administration suivant qui examinera plus globalement l’ensemble des mesures qui pourraient être proposées jusqu’à fin 2020 - consiste en la mise en place d’aides pour la gestion des boues d’assainissement non hygiénisées dans le contexte du Covid-19. Pour être considérées comme hygiénisées, les boues doivent avoir été chaulées, séchées thermiquement, compostées, méthanisées et avoir fait l’objet d’analyses prouvant l’hygiénisation. L’Agence de l’eau peut ainsi désormais attribuer des aides aux collectivités et aux vidangeurs pour prendre en charge les surcoûts liés à la gestion des boues non hygiénisées, notamment les boues liquides : transport supplémentaire, traitement par une unité mobile de déshydratation ou en centre de compostage...
La seconde mesure adoptée est l’augmentation des aides pour les acteurs économiques non agricoles. Ainsi, rappelle l’Agence, «en complément d’autres mesures comme l’absence ou l’annulation des appels de redevances de l’agence au 1er semestre 2020, il est proposé de faire évoluer les taux d’aide jusqu’au plafond des aides publiques autorisées». Pour l’Agence de l’eau Artois-Picardie, l’aide allait jusque 40 % en équivalent subvention des coûts admissibles. Elle pourra désormais atteindre 50 % pour les aides octroyées aux moyennes entreprises et 60 % pour les aides octroyées aux petites entreprises.
Fixé initialement à 30 000 €, le plafond des participations financières qui peuvent être attribuées directement par le directeur général est porté à 100 000 €. Cela devrait permettre «de réagir de façon plus rapide aux sollicitations de maîtres d’ouvrage qui souhaitent réaliser des travaux». Enfin, le taux de l’acompte au démarrage des travaux (sur production d’un ordre de service ou d’un état des dépenses engagées) sera porté à un versement de 80 % de la participation financière. Cette modalité est validée pour l’ensemble des acteurs, incluant notamment les activités économiques et les associations et pour tous les montants de participation financière.

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