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EGA et plans de filières, quelles opportunités pour la région ?

A l’occasion de son assemblée générale le 23 mars, la FRSEA a invité les représentants des filières céréales, lait, pomme de terre, légumes et viande bovine à venir débattre sur les enjeux des plans de filières et les opportunités à saisir en région.

De gauche à droite : Christian Durlin, Yannick Fialip, Laurent Degenne, Cédric Mandin, Benoit Piètrement, Arnaud Delacour, Gilles Psalmon.
De gauche à droite : Christian Durlin, Yannick Fialip, Laurent Degenne, Cédric Mandin, Benoit Piètrement, Arnaud Delacour, Gilles Psalmon.
© D. R.


Au-delà de la gestion de l’actualité et des problématiques réglementaires, le conseil d’administration de la FRSEA a souhaité que la profession prenne toute sa place dans les débats initiés au national à travers les Etats généraux de l’alimentation (EGA) et les plans de filières écrits dans la continuité par les interprofessions.
Afin de planter le décor en quelques chiffres, Hélène Grandclaudon, chef du service Affaires économiques et prospective à la Chambre d’agriculture du Nord-Pas-de-Calais, a présenté les enjeux et défis des filières agricoles et agro-alimentaires en Hauts-de-France. Avec 25 800 exploitations, 2,1 millions d’hectares de SAU, les Hauts-de France sont une petite région agricole comparativement aux autres régions de France. En revanche, avec 67 % du territoire valorisé par l’agriculture, un emploi sur dix généré par l’agriculture et l’agro-alimentaire, les Hauts-de-France sont un géant agricole. Les productions agricoles génèrent un chiffre d’affaires très important (5 808 millions d’euros en 2015, toutes productions confondues).

Le défi de la compétitivité et de la valeur ajoutée
La région est incontestablement un leader au niveau des productions végétales, avec des productions bien supérieures à l’utilisation intérieure.
Sur les productions animales, la région possède des atouts indéniables en matière de production et de consommation en local. Hélène Grandclaudon relève le déficit en matière de transformation. Par exemple, on produit 66 % du poulet consommé en région, mais on abat 18 % de ce qu’on produit, ce qui se traduit, au total, par un déficit de 88 % entre l’abattage et la consommation.
Hélène Grandcaudon a pointé, au niveau des productions végétales, que l’excédent de production et le commerce extérieur agricole et agro-alimentaire ont longtemps été une force. Cependant, cet excédent tend à se réduire. Nous sommes exportateurs essentiellement de produits bruts. On devient de plus en plus importateurs en produits élaborés. Ce constat conduit à s’interroger sur la compétitivité des filières et la valeur ajoutée créée sur le territoire régional.

Segmentation des produits
Les plans de filière sont bâtis sur un socle commun visant à la reconquête de valeur, la répartition de la valeur tout au long de la filière et la réponse aux attentes sociétales. Pour reconquérir de la valeur, la filière laitière propose une meilleure segmentation des produits et l’encouragement de la montée en gamme. «Il convient d’avoir une approche globale des cahiers des charges et éviter de disséminer les messages aux consommateurs», a déclaré Gilles Psalmon, directeur de la Fédération nationale des producteurs de lait.
En filière viande bovine, il s’agit de mettre en avant le savoir-faire français, les labels, et retrouver du prix sur le steak haché, qui valorise une part très importante des avants et mérite d’être rémunéré au juste prix au producteur.
En pomme de terre, la production est extrêmement diversifiée, avec le marché du frais, de la transformation, des plants et de la fécule. «Tous les marchés sont à fournir et, pour cela, nous avons besoin d’une stratégie en région Hauts-de-France et un appui du conseil régional», a déclaré Arnaud Delacour, président de l’Union nationale des producteurs de pommes de terre, lançant ainsi un appel à Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la Région en charge de l’agriculture au conseil régional.

Création de valeur
«En céréales, une tonne sur deux est exportée, a rappelé Benoît Piètrement, secrétaire général adjoint de l’Association générale des producteurs de blé. Nous avons besoin urgemment d’un retour de compétitivité, dans nos exploitations et nos filières. Pour cela, un travail sur les infrastructures de transport est indispensable : le Canal Seine-Nord doit aboutir et le transport ferroviaire doit être rénové. Nous avons également une carte à jouer sur la transformation et la chimie verte, via le Pôle IAR, pour redonner de la valeur à nos produits», a-t-il ajouté.

Réponse aux attentes sociétales
Partie importante de l’ensemble des plans de filière, les interprofessions ont souhaité intégrer dans leurs engagements une meilleure réponse aux attentes sociétales. La filière légumes, bénéficiant d’une image positive d’un point de vue nutritionnel et santé, travaille sur la communication autour des pratiques. En effet, consommés à l’état brut ou presque, les légumes sont très sensibles aux questions médiatiques liées aux produits phytosanitaires. Selon Christian Durlin, «nous devons travailler sur la segmentation, comme cela est initié dans la filière endive, par exemple, mais également se réapproprier la communication sur nos produits et nos pratiques. Nous devons défendre nos modèles et lutter contre les distorsions vis-à-vis des pays limitrophes qui utilisent, parfois sur nos terres, des molécules interdites en France».

Jouer collectif
En clôture de débat, Yannick Fialip a rappelé que la volonté des plans de filières doit être associée à une certaine cohérence politique : il n’est pas envisageable de parler de montée en gamme d’un côté, et signer les accords du Mercosur de l’autre.
En définitive, Laurent Degenne a indiqué que «de nombreuses idées des plans de filières sont transposables en Hauts-de-France : le développement de la bioéconomie, la réponse aux marchés à la fois locaux et internationaux, la relocalisation de la valeur à travers la transformation sont autant de challenges à relever. Pour cela, nous devons «chasser en meute» et jouer collectif au niveau des OPA, mais aussi avec l’administration et les politiques». Balle prise au rebond par Marie-Sophie Lesne, et Luc Maurer, de la Draaf Hauts-de-France, qui souhaitent pleinement s’associer à ces ambitions.

Ils ont dit

Yannick Fialip, président de la FDSEA de la Haute-Loire et vice-président de la commission économie de la FNSEA
«Les plans de filières ont permis de mettre autour de la table tous les acteurs des filières et d’initier une réflexion globale autour de la reconquête de valeur. La montée en gamme est un axe intéressant. Attention, cependant, à ne pas se concentrer uniquement sur la production «premium», tous les marchés sont à pourvoir et doivent trouver une juste rémunération.»

Cédric Mandin, secrétaire général de la Fédération nationale bovine
«Nous produisons en France de la viande de qualité, issue du troupeau allaitant que nous devons mettre en avant en organisant la promotion du «made in France». Des marchés sont à conquérir à l’export.»

Benoît Piètrement, secrétaire général adjoint de l’Association générale des producteurs de blé
«Pour retrouver de la visibilité dans nos activités, il faut retrouver de la compétitivité sur nos exploitations et dans toute la filière, d’où la logique et l’intérêt de ces plans de filières. Notre objectif est de retrouver 15 €/t de compétitivité sur toute la filière (production, collecte, transformation).»

Arnaud Delacour, président de l’Union nationale des producteurs de pomme de terre
«Nous devons satisfaire tous les marchés. Pour cela, nous avons besoin d’accompagnement sur la construction et la rénovation de bâtiments, sur la faisabilité et le financement de projets industriels.»

Christian Durlin, administrateur à la FRSEA et à la FNSEA
«En filières légumes, les attentes sociétales sont fortes, nous sommes capables d’y répondre et d’expliquer nos pratiques. Nous avons également des marchés à conquérir à l’international. Concernant les Etats généraux de l’alimentation, j’ai un regret : le manque de propositions concernant la compétitivité des exploitations.»

Gilles Psalmon, directeur de la Fédération nationale des producteurs de lait
«La création de valeur doit revenir à l’amont. Pour cela, le plan de filière fait des propositions intéressantes en matière de segmentation. Par ailleurs, un guide de bonnes pratiques devra donner un cahier des charges concernant les pratiques commerciales entre la production et la transformation, d’une part, la transformation et la distribution, d’autre part.»

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