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Elevage laitier : organiser son travail et celui de ses salariés

Souvent pointée en élevage, la charge de travail est un facteur déterminant pour l’avenir de l’exploitation. Etre maître de son temps, savoir le gérer, organiser son travail et celui de ses salariés, c’est là tout l’enjeu des éleveurs d’aujourd’hui.

La masse de travail dépend de la taille du troupeau.
La masse de travail dépend de la taille du troupeau.
© D. R.

Ce volet social, organisation du travail et gestion des salariés, les éleveurs engagés dans le projet EuroDairy l’ont rapidement identifié à l’occasion des travaux menés sur la résilience* des exploitations d’élevage. Des bilans travail ont été réalisés à partir de la méthode Cap Eleveur, issu du projet Vivre de l’élevage en Picardie dans les fermes pilotes.
Les fermes pilotes suivies sont sur des modèles très différents, de l’exploitation individuelle herbagère à la grande exploitation avec des salariés, ce qui permet d’étudier la diversité des pratiques mises en place.  Sur les huit exploitations, sept ont des salariés, représentant de 10 à 100 % de la main-d’œuvre. Le nombre d’heures réalisées est évidemment différent comparé à d’autres exploitants (1 850h/an contre 3 500h/an en moyenne). Idem pour la gestion du temps et l’efficacité du temps travaillé. En général, il n’y a pas de temps mort dans la journée d’un salarié, et il peut être plus spécialisé par tâche qu’un exploitant.
Dans le bilan travail, deux types de travaux sont étudiés : le travail d’astreinte (tâche non reportable de type traite, alimentation) et le travail de saison (travaux des champs). Deux stratégies peuvent être identifiées. La première est la réduction du travail d’astreinte par des investissements, de l’organisation afin de libérer du temps pour le travail de saison et des engagements extérieurs. Par exemple, chez Vincent Delargillière, dans l’Oise, la salle de traite EPI 2*10 lui permet de traire en 1h15. La seconde est de se consacrer à l’élevage et de déléguer les travaux des champs. C’est le cas du Gaec Fournier dans la Somme, qui délègue depuis plus de vingt ans les travaux des champs à une ETA (Entreprise de travaux agricoles)  afin de se consacrer à l’élevage.

Gestion des salariés
A la SCL Lait Pis Carde, exploitation suivie dans le cadre du projet EuroDairy, la gestion des salariés est la problématique majeure de l’élevage. Ici, toute la main-d’œuvre est salariée de la société, soit au total vingt-deux personnes à temps plein. Il faut gérer à la fois le temps de travail des salariés et leurs niveaux de qualification. Pour un même poste, trois salariés sont nécessaires pour assurer l’amplitude d’une journée et pallier aux absences ou congés.
La masse de travail, liée à la taille du troupeau, est importante. Le nombre de vêlages par jour peut, par exemple, s’étendre de quatre à douze. Chaque jour, onze personnes sont indispensables pour assurer le travail sur le troupeau, soit un responsable sanitaire, un responsable veau, un responsable alimentation et les deux équipes de traite.

Organisation de la traite
La salle de traite rotative tourne 10h30 par jour, 14h avec le lavage. Deux équipes de quatre trayeurs réalisent les trois traites journalières. Ce choix permet de disposer de deux équipes de traite, qui se relayent pendant la deuxième traite. A cela s’ajoute un bénéfice sur la production des vaches laitières. Une équipe de traite est composée de quatre  salariés, un premier qui gère les mouvements des lots des 150 animaux, un second dédié à la préparation de traite (soin mamelle), un troisième pour le branchement de la griffe, et un dernier qui a un rôle de vérification et de trempage.
Toutes les tâches sont écrites sous la forme de protocoles mis en place avec les personnes affectées à la mission. Cela permet d’intéresser le personnel aux activités de l’élevage. La formalisation des consignes permet que, quel que soit le salarié, la tâche soit effectuée de la même manière pour une constance de résultat.

Entretenir
la motivation
La SCL Lait Pis Carde compte trois postes de responsable sanitaire (reproduction, santé….) pour l’élevage, tous formés par la SCL.   «Par rapport aux pays voisins, il n’est pas envisageable de faire faire plus d’heures aux salariés et de les rémunérer en conséquence, même s’ils nous le demandent», explique Michel Welter, gérant de l’élevage. Et de poursuivre sur la problématique de l’intéressement des salariés au travail : «Si on veut mettre “une carotte” au travail bien réalisé, il faut alors en regard “un bâton”, et là nous ne sommes plus dans le management actuel qui se veut positif et motivant». Ici, l’objectif principal est davantage de donner la possibilité aux salariés de progresser. «On leur doit la considération et prendre le temps de les faire progresser», ajoute-t-il.
Les échanges des éleveurs du groupe mettent l’accent sur le besoin de se former à cette nouvelle compétence, à la fois sur le volet administratif, mais surtout sur le volet ressources humaines, afin que la main-d’œuvre salariale soit pérenne sur les exploitations et pas considérée comme un risque.
*La résilience est définie selon le groupe opérationnel Eurodairy comme  la capacité d’adaptation face à des aléas à assurer la pérennité de l’exploitation laitière via des facteurs sociaux, économiques et environnementaux.

Pour plus d’informations sur le projet EuroDairy : www.hautsdefrance.chambres-agriculture.fr (rubrique Techniques et productions)

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