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Cultures légumières
En visite dans le Pas-de-Calais, Agnès Pannier-Runacher s’explique sur les phytos

La ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, Agnès Pannier-Runacher, était en visite ce vendredi 5 avril dans le Pas-de-Calais. Elle a rencontré les acteurs du monde agricole lors d’une visite au pôle légumes de Lorgies.

La ministre Agnès Pannier-Runacher arrive en seconde position dans la deuxième circonscription du Pas-de-Calais.
Agnès Pannier-Runacher a visité le Pôle légume région nord de Lorgies.
© K. S

Agnès Pannier-Runacher, la ministre déléguée auprès du ministre de l’Agriculture et de la Souveraineté alimentaire, était en visite vendredi 5 avril, à Lorgies au Pôle légumes région nord. Elle a visité les locaux de la station, qui expérimente des solutions de remplacement aux produits phytosanitaires, puis elle a participé à une table ronde avec de nombreux acteurs agricoles du Nord et du Pas-de-Calais. Les échanges ont été intenses entre ces derniers et la ministre, venue défendre la position du gouvernement.

 

Pas d’interdiction sans solution

Les représentants agricoles des filières endives et chicorée, betteraves et pommes de terre, ont notamment interpellé Agnès Pannier-Runacher. Un dénominateur commun : pas d’interdictions de produits phytosanitaires sans solutions alternatives. Les betteraviers sont notamment montés au créneau, à l’image d’Alexis Hache, de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), qui s’indigne d’une «distorsion de concurrence» avec d’autres pays européens où des produits phytosanitaires interdits en France sont autorisés. Si les betteraviers ont obtenu une dérogation pour le Movento pour lutter contre la jaunisse, ils veulent aller plus loin et réclament la ré-autorisation de deux molécules : l’acétamipride et la flupyradifurone. «C’est irréaliste pour 2024, mais cela peut être envisagé pour 2025», répond la ministre.

Chez les endiviers, l’inquiétude règne également. Ces derniers sont confrontés à l’interdiction de deux désherbants chimiques : le Bonalan (retrait prévu en mai), utilisé avant de planter les semis, et le Safari (retrait prévu en août), utilisé lors des semis ; et un insecticide, le Movento (retrait prévu au printemps 2025), qui permet de lutter contre le puceron lanigère. Aujourd’hui, aucune alternative n’a été trouvée alors que l’assolement 2025 se prépare à l’automne. «On va trouver, mais quand ?» s’inquiète Pierre Varlet, directeur de l’association des producteurs d’endives de France, qui ajoute : «C’est une course contre la montre.» En jeu, selon l’Apef, la survie d’une filière emblématique des Hauts-de-France et des milliers d’emplois.

 

Un comité des solutions

Face à ces inquiétudes, Agnès Pannier-Runacher rappelle la mise en place le 15 mars dernier d’un «comité des solutions» qui étudie filière par filière quelle est la situation et quelles sont les alternatives possibles, les attentes et les besoins. «Nous investissons 250 millions d’euros cette année et autant l’année prochaine dans le soutien de la recherche aux pratiques alternatives», continue-t-elle, ajoutant partager elle aussi l’ambition de «ne plus laisser les agriculteurs sans alternatives».

L’objectif est de «diminuer l’utilisation des phytosanitaires de manière ordonnée», continue la ministre déléguée. «Protéger au mieux la santé des Français, la santé des agriculteurs et protéger au mieux la biodiversité de notre pays», tout en donnant aux «agriculteurs les moyens de produire».

«On a exposé les différentes problématiques», commente, de son côté, Lucie Delbarre, la présidente de la FDSEA du Pas-de-Calais. Présente lors de la visite et participante de la table ronde, elle salue la présence de toutes les filières et souligne que les filières endives, plants de pommes de terre ou encore chicorée, sont confrontées selon elle à des «impasses phytos» : «Ça passe par des réhomologations de produits le temps de trouver des alternatives. […] On n’attend plus des paroles, ce qu’on veut maintenant, c’est du concret.»

Face à ce constat, les expérimentations comme celles réalisées au pôle légumes région nord de Lorgies sont l’une des solutions. «Le lieu était bien choisi avec la visite sur ce site expérimental, confirme Lucie Delbarre. Pour bien se rendre compte qu’il faut du temps long pour trouver des alternatives, qu’il faut accompagner financièrement ces structures-là pour qu’elles puissent mettre en place les essais et qu’ils deviennent concluants.» Et la présidente de la FDSEA du Pas-de-Calais de conclure : «Si on veut une souveraineté alimentaire, il faut mettre les moyens.»

 

Betteraves : l’usage accru d’un insecticide autorisé face au risque de jaunisse

Interrogée sur l’antenne de France Bleu Nord, la ministre déléguée à l’Agriculture Agnès Pannier-Runacher a annoncé le 5 avril une dérogation aux betteraviers pour qu'ils puissent davantage utiliser un insecticide permettant de lutter contre les pucerons responsables de la jaunisse de la betterave. «Cette année, les betteraviers pourront désormais faire jusqu’à cinq passages de Movento (spirotétramate ndlr)» au lieu de «deux passages aujourd’hui», en plus de l'épandage d'un autre insecticide, le Teppeki (flonicamide), a indiqué Mme Pannier-Runacher à France Bleu Nord. En raison d’un hiver doux, le risque de jaunisse de la betterave provoquée par les piqûres de pucerons est présenté comme très élevé. «Heureusement qu’on nous accorde cette dérogation, alors qu’on dispose de peu de moyens pour lutter contre les pucerons», s’est insurgé le président de la CGB, Frank Sander. À ses yeux, l’interdiction de l’acétamipride et de la flupyradifurone doit être levée en France, alors que ces deux produits sont autorisés «chez nos voisins européens», entraînant une «distorsion de concurrence». De son côté, l’association Générations futures dénonce cette augmentation, alors que la substance active du Movento «est officiellement classé par l’Union européenne comme étant suspecté toxique pour la reproduction».

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