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Eolien : un impact palpable sur la biodiversité

Si les éoliennes se vantent de produire une «énergie verte», elles peuvent cependant être mortelles pour certains oiseaux et chiroptères.

Certains rapaces, comme le busard Saint-Martin, seraient les premières victimes des éoliennes au regard de leurs effectifs de population, principalement impactés en période de nidification.
Certains rapaces, comme le busard Saint-Martin, seraient les premières victimes des éoliennes au regard de leurs effectifs de population, principalement impactés en période de nidification.
© © D. R.


Altération des habitats, dérangement, mortalité par collision ou par barotraumatisme. Ceci n’est pas une guerre, mais bien l’impact que peuvent avoir les éoliennes sur la faune, principalement sur les oiseaux et chiroptères. Pour preuve : l’étude des suivis de mortalités réalisés en France de 1997 à 2015, par la LPO (Ligue pour la protection des oiseaux).
Selon elle, les éoliennes ont tendance à modifier localement le comportement de la faune et peuvent entraîner une perte de territoire de vie, notamment pour les oiseaux. A ceci s’ajoutent les risques de collision des oiseaux avec les pâles, ce qui entraîne une surmortalité des espèces locales, mais aussi des espèces migratrices et hivernantes. En ce qui concerne les chiroptères, outre la collision directe, la rotation des pâles induit une dépression brutale de la masse d’air environnante au passage des pâles.
«Si les passereaux migrateurs constituent le premier cortège d’oiseaux impacté par les éoliennes en valeur absolue, certaines espèces d’oiseaux nichant en France - et en particulier les rapaces diurnes - sont, sans aucun doute, les plus impactés relativement à leurs effectifs de population», précise l’étude. Les rapaces ? Ceux-là même prédateurs des ravageurs de cultures, tels que campagnols, lapins, pigeons… Ainsi les faucons, milans, et busards seraient indéniablement les premières victimes des éoliennes au regard de leurs effectifs de population, principalement impactés en période de nidification.
Toujours d’après l’étude, la mortalité directe due aux éoliennes est au moins deux fois plus importante dans les parcs situés à moins de 1 000 m des zones de protection spéciale (zones Natura 2000 au titre de la directive Oiseaux). La Somme en compte d’ailleurs trois : Estuaires picards Baie de Somme et d’Authie, Marais arrière-littoraux picards, autour de Rue, et Etangs et marais du bassin de la Somme, d’Abbeville à Amiens. «Elle y affecte bien plus qu’ailleurs les espèces inscrites à l’annexe I de la directive Oiseaux, mais également celles considérées comme menacées sur la liste rouge des oiseaux de France métropolitaine, tels le faucon crécerellette, le milan noir, le busard cendré, la mouette mélanocéphale, l’aigrette garzette, l’avocette élégante, la bondrée apivore, l’œdicnème criard, la cigogne blanche, etc.»

Un exemple dans la Somme
Dans la Somme, par exemple, l’étude réalisée en 2016 pour le projet de parc éolien de douze aérogénérateurs, dans les communes de Montagne-Fayel, Quesnoy-sur-Airaines et Riencourt (projet toujours en cours), a permis d’identifier onze espèces de chiroptères et cinquante-sept espèces d’oiseaux en période de reproduction sur l’aire d’étude rapprochée. Parmi elles, quarante-deux sont protégées et dix sont patrimoniales. Quelques comportements à risque ont été mis en évidence : l’alouette des champs vole à hauteur des pâles en période de parade et les busards profitent des ascendances thermiques sur les boisements pour s’élever dans le ciel, ce qui augmente le risque de collision. Mais les plus susceptibles d’être impactés sont l’œdicnème criard en période de reproduction, le busard cendré en période de reproduction, le busard Saint-Martin presque toute l’année et les chauve-souris pipistrelles.
L’auteur de l’étude rappelle que «si ce projet est autorisé, ce plateau agricole ouvert comportera trente-huit éoliennes en exploitation et cette zone est proche d’un couloir migratoire d’après le SRCAE de Picardie. Trois éoliennes sont implantées à moins de 200 m des espaces boisés».

Un protocole de suivi pour référence
Tous les parcs ne sont cependant pas aussi meurtriers les uns que les autres. Lors de l’étude, 37 839 prospections documentées ont permis de découvrir 1 102 cadavres appartenant à 97 espèces d’oiseaux. Et l’estimation de la mortalité réelle varie de 0,3 à 18,3 oiseaux tués par éolienne et par an. Certaines implantations sont bien moins gênantes que d’autres.
Les projets éoliens doivent donc maîtriser les impacts environnementaux et respecter les objectifs de la stratégie nationale pour la biodiversité. A cet égard, la LPO, les professionnels de l’éolien et l’Ademe travaillent depuis dix ans sur l’intégration environnementale des parcs éoliens et l’évaluation des impacts, vis-à-vis des oiseaux et chauve-souris, sur terre et en mer. L’avifaune est désormais observée pendant toute la durée de vie d’un parc éolien, suivant le protocole de suivi environnemental des parcs éoliens terrestres, révisé en avril 2018.

 

 

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