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Alimentation animale
Éric Masset : «La luzerne est une plante d’avenir»

Eric Masset est agriculteur dans la Marne, à la tête d’une exploitation de 200 hectares sur laquelle il cultive 30 hectares de luzerne. Membre du bureau de la coopérative de déshydratation SunDeshy, il a été choisi pour présider le Congrès mondial de la luzerne.

Eric Masset, agriculteur dans la Marne.

Le syndicat européen des luzerniers a chargé La Coopération Agricole Luzerne d’organiser, du 3 au 6 novembre à Reims le 4ème congrès mondial de la luzerne. Pourquoi la Coopération Agricole Luzerne s’est-elle portée candidate ?


Après le premier congrès mondial de la luzerne qui s’est déroulé à Bengbu en Chine, le deuxième à Córdoba en Argentine, le troisième à San Diego, il y a trois ans aux Etats-Unis, nous avons souhaité que le 4ème congrès se tienne en Europe. Mes collègues européens m’ont demandé si la France pouvait l’organiser. Reims et la Champagne Ardennes ont été choisies parce que nous sommes ici au cœur de la zone de production française de luzerne dans une région où se trouve implantée 80 % de la production nationale. Ce qui permet sur trois jours et demi d’échanges et de visites sur le terrain de découvrir facilement la filière de la luzerne déshydratée. A ce congrès plus de 30 pays seront représentés et 500 participants attendus, des acteurs économiques (coopératives agricoles, représentants des grands bassins de production mondiaux), chercheurs, agriculteurs, industriels et décideurs publics. Tous viendront débattre des leviers d’une alimentation animale respectueuse du climat, de la biodiversité, source de solutions pour la compétitivité des filières élevage.

Pouvez-vous en dire plus sur les thèmes de ce congrès ?


Ce congrès est avant tout un congrès scientifique dont toutes les sessions ont été validées par Christian Huyghe, directeur scientifique de l’Inrae. Ce sont donc essentiellement des scientifiques et des opérateurs du monde entier qui se rencontreront et débattront sur les travaux de recherche et les réflexions propres à chaque pays. Y sera évoqué notamment la qualité de la luzerne et les attentes des acheteurs dans l’alimentation animale et donc l’amélioration des variétés pour y parvenir. Autre dossier, celui de l’usage de l’eau et ses différents enjeux dans les différents pays, entre ceux qui irriguent comme les pays du sud de l’Europe et ceux qui ne le font pas, l’Europe du Nord. Seront évoqués également l’importance de la luzerne, une plante magique, pour ses apports en protéines dont le monde a tant besoin et surtout son intérêt environnemental, notamment par rapport au soja. La plante n’a pas besoin d’apport d’azote car elle est capable de le fixer dans l’air, ni de trop de produits phytosanitaires et elle constitue un excellent précédent pour les cultures suivantes. Autre intérêt, grâce à son enracinement profond elle améliore la structure des sols.

Précisément on a reproché à la luzerne d’être gourmande en énergie fossile pour sa déshydratation. Quelles sont les actions que vous comptez mettre en avant en la matière ? 


Nous avons choisi d’articuler les différentes présentations autour du concept des limites planétaires. Il s’agit d’une analyse globale des impacts environnementaux provoqués par les activités humaines. Neuf ont été identifiés qui mettent en péril l’écosystème planétaire et on estime que pour six ou sept d’entre eux ces limites sont déjà dépassées. Pour chacun d’eux nous allons dire quels sont les bénéfices de la luzerne pour revenir dans les limites. Ainsi nous aurons à cœur de présenter les expériences que nous avons menées en France et qui nous ont permis de réduire nos émissions de gaz à effet de serre de Eric Masset, agriculteur dans la Marne.94 %. C’est d’abord en remplaçant l’énergie fossile, le charbon, par des plaquettes de bois ou une autre source d’énergie que nous avons réussi à réduire l’impact carbone de nos activités. Nous visiterons d’ailleurs deux usines de déshydratation dont l’une utilise le bois pour remplacer l’énergie fossile et l’autre le réseau de chaleur d’un site d’incinération des ordures ménagères à Chalons en Champagne l’été, quand l’hiver il chauffe les bâtiments administratifs de la ville. Et ce n’est pas tout. L’autre voie que nous avons privilégiée pour réduire nos impacts est de rentrer le moins possible d’eau dans les usines qu’il faut éliminer ensuite. Il y a 20 ans, on amenait de la luzerne directement après la fauche alors qu’elle ne contenait que 20 % de matière sèche. Aujourd’hui nous sommes plutôt à 50 % après avoir laissé sécher la luzerne par le vent et le soleil dans les champs. Cela est le plus grand levier pour diminuer la consommation d’énergie et décarboner la filière. Grace à l’analyse du cycle de vie nous pouvons dire aujourd’hui que la luzerne a un avantage carbone, et ce d’autant plus qu’elle n'a pas besoin d’apport d’engrais azotés.

Quelles sont les retombées que vous attendez de ce congrès ? 


Ce que j’en attends, c’est d’avoir une idée de ce que sera l’avenir de la luzerne. On va parler des variétés et quels choix il faut faire par rapport à la demande des acheteurs et donc des besoins des éleveurs. Faut-il plus de protéines ? Plus de fibres ? Seront certainement évoquées les variétés qu’il conviendra de développer pour faire face au changement climatique. Ne serait-il pas opportun d’avoir des variétés qui durent plus longtemps qui permettraient certainement de produire plus ? J’attends aussi d’avoir connaissance d’expériences menées dans d’autres pays pour économiser l’énergie et dont nous pourrions nous inspirer.   

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