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Et si on essayait les Cipan en semis tardif ?

Pendant des années, les Cultures intermédiaires ont été considérées comme coûteuses, et surtout comme une contrainte réglementaire liée à la problématique zones vulnérables. Mais progressivement, l’opinion générale évolue et les services rendus par les Cultures intermédiaires prennent le pas sur leur coût et les contraintes d’implantation avec, en toile de fond, un intérêt particulier porté par les agriculteurs pour l’Agriculture de conservation.

Parcelle d’essais de féveroles, Oneux.
Parcelle d’essais de féveroles, Oneux.
© D. R.

Pas toujours simple d’anticiper sa date de semis au plus près de la moisson
Le choix des espèces, les conditions et les densités de semis sont des sujets largement travaillés depuis plusieurs années. Chacun comprend tout l’intérêt de semer tôt ses couverts pour permettre un développement rapide. Malgré tout, plusieurs participants du GIEE sols vivants Ponthieu font le constat qu’en bordure maritime, il n’est pas toujours évident de semer au plus tôt ses couverts, pour des raisons d’ordre climatique (moissons tardives comme en 2021) ou organisationnel. En effet, le mois d’août est particulièrement chargé en travaux agricoles, entre la récolte de la paille pour les éleveurs, la récolte du lin ou encore les semis de colza, réalisés en priorité.

Même minimale, une couverture des sols l’hiver est mieux que rien du tout
En marge de ces contraintes d’organisation, les récentes modifications d’assolement conduisent de plus en plus souvent à des intercultures courtes entre deux cultures de printemps. C’est précisément le cas dans une situation de succession pommes de terre puis lin ou betteraves puis pommes de terre ou orge de printemps. Par conséquent, en l’absence de couverts, la récolte du précédent laisse bien souvent beaucoup de terre fine en surface, en particulier l’hiver, sans résidus végétaux capables de freiner les phénomènes d’érosion.
Si pour bon nombre d’agriculteurs, laisser ses sols nus pendant l’hiver sur une courte période reste tolérable, pour les agriculteurs du GIEE sols vivants Ponthieu, il faut s’évertuer à couvrir «a minima» ses sols en hiver. Ce n’est plus à prouver, les Couverts d’interculture protègent les sols des effets de la pluie, apportent une biomasse végétale en début de printemps et stimulent l’activité biologique du sol.

Le GIEE teste le développement des couverts
Accompagné par la chambre d’agriculture, le GIEE sols vivants Ponthieu a mis en place un essai Cipan le 20 octobre dernier chez Thierry Fernandez, agriculteur à Oneux. L’essai teste dix espèces pures et deux mélanges pour déterminer les couverts capables de se développer en jours courts, sans grande sensibilité au gel et capables de reprendre un développement végétatif en sortie d’hiver. Le prix de semis de ces espèces sera évalué ainsi que leur facilité d’implantation.

N° modalité     Espèce
1                       Vesce velue
2                       Pois d’hiver
3                       Féverole d’hiver à petit PMG
4                       Trèfle Incarnat
5                       Moutarde variété Carla
6                       Moutarde variété précoce
7                       Lentille
8                       Avoine brésilienne
9                       Seigle forestier
10                     Seigle fourrager
11                     Mélange : lentille + pois + féverole + avoine brésilienne
12                     Mélange : pois + avoine + moutarde

La biomasse de chaque modalité sera évaluée ainsi que l’azote fournit pour les meilleures modalités. Cet essai est en place jusqu’à la culture suivante, c’est-à-dire un semis de maïs.
Nos premières constatations :
- après le semis, les levées ont été longues (de quinze jours à un mois selon les espèces) ;
- en ce début février, compte tenu des conditions hivernales relativement pluvieuses, du faible niveau de gel et de températures journalières plutôt élevées : aucun couvert n’est gelé ;
- croissance de l’ensemble des couverts très faible depuis la mi-décembre à l’exception des seigles ;
- après un démarrage intéressant, les moutardes sont peu développées ;
- les pois sont peu développés comme le trèfle incarnat ;
- seigles et féveroles sont à ce jour les plus prometteurs ;
- malgré des densités de semis rehaussées, la couverture du sol semble trop faible en général.
Évaluation comparative des différentes modalités à suivre en ce début de printemps.

 

Témoignage de Serge Ducrocq, agriculteur à Gorenflos et membre du GIEE sols vivants du Ponthieu

Serge Ducrocq, agriculteur à Gorenflos.
Pourquoi s’engager au sein d’un GIEE sols vivants ?
Je me suis toujours poser beaucoup de questions sur le potentiel de rendement de mes terres, notamment avec une rotation intégrant des cultures qui impactent fort le sol : pommes de terres, chicorées, betteraves et lin. J’estime que le potentiel ne progresse plus, il tend plutôt à régresser. Dans cette situation, si je peux réfléchir et appliquer des solutions, je suis preneur. Le GIEE ne travaille pas précisément sur l’agriculture de conservation mais sur toutes les pratiques qui améliorent la durabilité de nos systèmes de cultures, qu’il s’agisse d’un travail sur les couverts, de nos pratiques culturales ou la maîtrise des interventions phytosanitaires.
 
Quels couverts utilisez-vous pour couvrir vos sols ?
Après plusieurs années de test, un mélange m’apporte entière satisfaction. Je le compose d’avoine brésilienne, de phacélie, de deux sortes de trèfles, d’un peu de moutarde d’abissinye et de tournesol. Je cherchais avant tout un mélange simple à réaliser, facile à semer pour un coût raisonnable et qui s’adapte à toutes mes cultures de printemps.
Au final, ce mélange représente un poids de semences de 15 kg/ha, plutôt raisonnable en autonomie de semis. Je peux rouler entre 12 et 14 km à l‘heure avec un Rubin en 6 m, je ne sème pas moins de 5 ha/h.
 
Comment semez-vous ce mélange, et à combien vous retient-il ?
Là aussi, j’ai testé différents systèmes de semis. En ce moment, je sème en direct avec mon Rubin. J’ai réadapté une veille trémie frontale avec une tête de répartition qui fait tomber les graines juste devant le rouleau de rappui, ce qui améliore les conditions de semis.
Le semis me revient à 38 E/ha, je ne sais pas si c’est cher, mais j’estime que c’est une charge raisonnable au regard des enjeux qui pèsent sur mes sols l’hiver.
 
Comment travaillez-vous au sein du GIEE ?
Comme tous mes collègues du GIEE, j’ai choisi une parcelle sur laquelle focaliser tous mes efforts. Elle est dorénavant conduite en deux parties. La première est témoin de pratiques plus historiques, et la seconde me permet de tester diverses techniques. Par la suite, j’évaluerai avec le groupe s’il y a réellement une amélioration entre les deux.
L’an dernier, nous avons réalisé un profil cultural des deux parties avec Agro-Transfert. Le diagnostic présente une bonne structure de sol. J’ai prévu de planter des pommes de terre de façon classique d’un côté et une implantation avec tamisage de l’autre.
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