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Faire face aux difficultés d’aujourd’hui pour cultiver le colza de demain

Pénalisés depuis quelques années par des attaques de ravageurs d’automne, des phénomènes de résistances et des étés secs défavorables à des levées rapides et homogènes, les rendements du colza sont en baisse, tout comme les surfaces. Pourtant, le marché est porteur et, agronomiquement, le colza reste la principale tête de rotation dans de nombreuses zones productrices.

© D. R.



«La sécheresse à l’implantation est la première fragilité du colza. Il faut un minimum de 10 mm de précipitations pour faire lever un colza et la pluie a manqué cette année, particulièrement dans le Nord-Est de la France», annonce d’emblée Aurore Baillet, de Terres Inovia. Et comme cette situation se répète depuis plusieurs années, la sole colza a fortement diminué, notamment dans les zones de forte production : moitié moins de surfaces dans le Grand Est, - 15 % dans les Hauts-de-France. Au final, 950 000 ha de colza devraient assurer la production nationale en 2021, contre plus d’1,5 million d’hectares aux plus belles années.
L’état des parcelles en cette entrée hiver 2020-2021 montre des situations hétérogènes : des levées précoces avec des précipitations, des levées hétérogènes avec des petits pieds, des levées tardives sans stress et des levées tardives attaquées par les altises. «Beaucoup de doutes sur des colzas mal développés seront levés à la sortie de l’hiver, ce sera le moment de prendre des décisions en fonction de la vigueur de la reprise et du niveau d’infestation par les larves d’altises», conseille Aurore Baillet.
La stratégie sera alors d’ajuster les charges à venir en fonction du potentiel de rendement sortie hiver. Avec un rendement de 15 à 20 q/ha, on couvre les charges opérationnelles et, à 25 q, on couvre aussi celles de structure. «En dessous de 400 g/m2 de biomasse sortie hiver, on limite le rendement et, pour les petits colzas, avec une biomasse de 25 g par plante, on peut espérer atteindre 34 q/ha de rendement.»

Lutter contre les ravageurs
«L’étau se resserre autour des matières actives permettant de lutter contre les ravageurs d’automne et de printemps. D’un côté, des résistances apparaissent et, de l’autre, des produits sont retirés. Au final, il ne reste que peu de solutions», constatent Franck Duroueix et Laurent Ruck, de Terres Inovia. Contre les ravageurs d’automne, le phosmet (Boravi WG) est toujours d’actualité, limité à deux applications par an. La substance active est dans la dernière phase du processus de renouvellement d’approbation et l’Efsa (l’agence sanitaire européenne) semble vouloir proposer une non ré-approbation sur des critères toxicologiques. Pourtant, cette molécule n’est ni une substance active classée CMR de première catégorie, ni un perturbateur endocrinien, ni une substance active candidate à substitution. Le phosmet n’apparaît pas non plus dans l’avis de l’Anses sur les substances préoccupantes d’avril 2020. C’est un dossier politique dont s’est saisi la Fop (Fédération nationale des oléo-protéagineux). Pour garder le Boravi WG, sans lequel on peut s’inquiéter quant à la pérennité des surfaces en colza, les producteurs d’olives, de moutarde de Dijon et de cerises font front commun, Terres Inovia apportant son expertise.
Côté lutte contre les pucerons vecteurs de jaunisse, des variétés tolérantes sont apparues avec un bon comportement mais, en cas de forte pression, seul le flonicamid (Teppeki) est homologué.
Pour aller plus loin, dans la lutte contre tous les coléoptères qui se délectent du colza qui reste en terre onze mois dans l’année, Terres Inovia met en avant la protection intégrée : connaître, anticiper et agir. D’abord, la biovigilance, c’est-à-dire la surveillance des parcelles de colza sur le terrain. À cet effet, les bulletins de santé du végétal sont édités toutes les semaines à partir des observations. Les cuvettes jaunes restent le moyen le plus efficace de repérage des ravageurs. Des modélisations de développement des populations (ProPlant, Expert) sont activés et les seuils d’interventions sont réévalués car la conduite du colza a changé. «Il y a une dizaine d’années, les méligèthes représentaient le ravageur principal. Aujourd’hui, ce sont les grosses altises et le charançon du bourgeon terminal et, demain, ce sera peut-être le charançon de la tige», imaginent Laurent ruck et Franck Duroueix.
Ensuite, la prévention des risques se construit en utilisant les leviers agronomiques, le choix variétal, la préservation des auxiliaires, l’utilisation des composés sémiochimiques (phéromones, kairomones) et de plantes pièges en mélanges ou en bandes. L’épandage d’engrais organiques, l’avancement de la date de semis pour espérer plus de pluies, l’association avec des plantes compagnes, la localisation d’engrais au semis, le roulage de la culture, les plantes pièges plus attractives que le colza pour lutter contre les grosses altises, le biocontrôle et des applications de produits comme le kaolin blanc créant un obstacle chimique, font partie de la panoplie des techniques testées par Terres Inovia grandeur nature. Comme, par exemple, le projet R2D2 sur 1 330 ha et impliquant onze agriculteurs des plateaux de Bourgogne.

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