Fdsea : de la défensive à l'offensive
L’assemblée générale de la Fdsea a rassemblé plus de 200 personnes mardi 19 mai à Amiens.

C’est à l’auditorium du Crédit Agricole que la Fdsea avait donné rendez-vous à ses adhérents, mais aussi aux politiques à l’occasion de l’assemblée générale de la Fdsea de la Somme. Laurent Somon, président du conseil départemental de la Somme, ainsi que des conseillers départementaux étaient d’ailleurs présents. La Fdsea avait invité Christiane Lambert, vice-présidente de la Fnsea, afin qu’elle puisse répondre aux questions des adhérents sur les sujets nationaux. La matinée plutôt «statutaire» a permis de valider les comptes, de présenter le rapport d’activités de Françoise Crété, le rapport moral de Laurent Degenne, et enfin, d’élire la commission statuts et conflits ainsi que le collège départemental. Ci-après un retour rapide sur les principales interventions de la matinée.
ILS ONT DIT
Françoise Crété, secrétaire générale de la Fdsea de la Somme
«Une année de bataille»
«L’année 2014 a été riche en bataille. Bataille dans les champs tout d’abord, contre le climat dans certains cantons de l’ouest du département.
Bataille pour honorer nos factures, trouver des solutions pour boucher les trous quand les trésoreries sont exsangues. Bataille dans les campagnes contre le défaitisme ambiant, pour la valeur ajoutée quand tout pousse à la simplification de nos systèmes.Et enfin bataille pour garder la tête haute, pour garder la fierté de nos métiers et du bon sens paysan quand tout et n’importe quoi est véhiculé dans la nature, par les uns et les autres, et surtout par les médias.
Une chose est sûre, nous les "faiseux" picards, nous sommes des "taiseux", mais nous n’allons pas nous laisser envahir par des casseurs déguisés en donneurs de leçons».
Laurent Degenne, président de la Fdsea de la Somme
«Exaspérés, mais déterminés à lutter»
Exaspérés par la PAC
«Les complications et incohérences de cette PAC sont telles qu’on connaît à présent les lacunes du cabinet du ministre de l’agriculture. Quant à imaginer venir sur le terrain pour s’éclairer, n’y pensons même pas ! Le ministère de l’Agriculture, en poussant à ce point la complexité inutile, montre son mépris pour le monde paysan.
Nous souhaitons des mesures simples, mais qui feront un bien fou :
- revenir à la localisation indicative des parcelles dans les ilots ;
- fusionner culture dérobée et Cipan en SIE ;
- ne pas demander de quel mélange il s’agit puisque par définition, sans mélange ça ne passe pas en SIE ;
- pouvoir déclarer toutes les parcelles susceptibles d’en avoir, charge à l’agriculteur de choisir les emplacements implantés au lendemain de la moisson…
- enfin, oui à des contrôles pédagogiques, non à des contrôles sanction ! Après tout, les corps de contrôle eux-mêmes ne connaissent pas plus les règles.
Des mesures simples, qui n’empêchent pas de respecter les règles, mais qui sont compatibles avec les pratiques aux champs et les cycles des saisons».
Arrêtez les changements
«Quand on gouverne, on résout les causes, et on ne passe pas son temps à maquiller les conséquences ! Toute la complication environnementale provient d’un des rares textes voté à l’unanimité à l’assemblée, les lois Grenelle et Grenelle II : toutes les majorités ont leurs responsabilités, tous les parlementaires aussi.
J’en appelle à madame la préfète pour refondre les objectifs : entre produire, respecter un cahier des charges européen et préserver l’environnement, il y a de la place pour trouver un terrain d’entente, mais de grâce, cessons les changements de cap permanents. Cessons les coups de canifs et les règlements de compte d’un ministère à l’autre…».
Consulter et écouter le monde agricole
«Il faut revenir à des méthodes simples : consultez ceux qui sont représentatifs apporte une double certitude : la première c’est qu’ils sont élus par leurs pairs, la seconde, c’est qu’en tant que professionnels du sujet, ils s‘y connaissent un peu.
Sur les problématiques agricoles, accorder plus d’écoute à des personnes non représentatives ou non concernées qu’aux agriculteurs eux-mêmes, c’est un degré de mépris supplémentaire, c’est même une faute. Réciproquement, imaginez un peu faire une réforme de l’éducation en écoutant davantage les agriculteurs que les profs ou une réforme de la santé en écoutant davantage de paysans que de médecins… Une légitimité, on peut toujours en trouver une : c’est grâce aux aliments sains que nous produisons que l’espérance de vie augmente…».
Utiliser les énergies pour le développement «Côté organisations agricoles, notre énergie est mise au mauvais endroit : l’administration concentre ses énergies sur les contrôles, les organisations agricoles du coup s’occupent principalement du montage des dossiers et le peu d’énergie qui reste est dévolu à la dynamique économique.
L’énergie doit être là pour accompagner, faciliter, sécuriser le développement économique, et non pour le rendre compliqué voire inaccessible».