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Mobilisation
FDSEA et JA ouvrent la chasse aux distorsions de concurrence

Dans la Somme, comme ailleurs en France, FDSEA et JA se mobilisent ce vendredi 26 septembre pour faire entendre leurs voix contre le Mercosur, les Taxes Trump et les importations de produits agricoles qui ne respectent pas les normes appliquées en France.

La période a beau ne pas être propice à mettre de côté les travaux de récolte, les agriculteurs de la Somme répondront ce vendredi 26 septembre à un appel national à se mobiliser «contre le Mercosur, les Taxes Trump et les importations de produits agricoles qui ne respectent pas les normes appliquées en France», a-t-on appris début de semaine auprès de la FDSEA 80. 
Pour son président, Denis Bully, l’enjeu de cette mobilisation est «de peser sur des décisions politiques qui risquent de sceller le sort de pans entiers de notre agriculture dans les années à venir.» Sont visés l’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur, les taxes imposées par l’administration Trump, ainsi que les conséquences de la censure partielle de la loi Duplomb par le Conseil constitutionnel et l’absence de gouvernement pour appliquer les mesures rescapées.

Caddie de la honte
Protéiforme à l’échelle nationale, la mobilisation des agriculteurs dans la Somme prévoit la visite d’une enseigne de grande distribution à Amiens dans le courant de la matinée pour dénoncer la présence dans les rayons de produits alimentaires fabriqués selon des normes et cahiers des charges moins stricts que ceux qui s’appliquent aux produits «origine France». Suivant les recommandations de Raphaël Catteau, membre des JA, la manifestation de ce jour devrait être «visuelle», «pour marquer les esprits et peser médiatiquement». 
Vêtus d’une tenue bleue marine, floquée dans le dos d’une mention «Douane agricole», les représentants de la FDSEA et des JA prévoient d’arpenter les rayons, remplissant au gré de ce qu’ils vont trouver, un «caddie de la honte». Ce caddie, explique Samuel Decerf, animateur de la FDSEA, «c’est tout ce qu’on ne devrait pas voir dans les rayons.» Selon Carine Bouvet, secrétaire générale, la liste de ces produits pourrait être longue, et donc le chariot bien rempli : «œufs, lait, viande, légumes, pâte à tartiner…»
Si certaines enseignes de la distribution misent sur l’origine France, et se vantent d’entretenir de bonnes relations avec le monde agricole, la réalité serait tout autre dans les rayons, selon Marie-Françoise Lepers : «Au-delà des discours, il faut des actes. On se rend bien compte que si on ne rappelle pas de temps en temps aux grandes surfaces leurs engagements, elles ont tendance à oublier…» 

Endiguer le recul de l’agriculture française
Avec le déploiement de sa brigade de «douane agricole», Denis Bully sait qu’il joue sur une corde sensible, mais le choix de l’opération est assumé : «La validation du projet d’accord de libre-échange entre l’UE et le Mercosur par la Commission européenne a été la goutte d’eau», résume le responsable professionnel. «Si cet accord est définitivement entériné, on va se retrouver avec des produits agricoles venant de ces pays entrant en concurrence directe avec nos productions. Ce sont des filières entières qui sont menacées.» Or, pour le président de la FDSEA, certains effets d’un accord entre l’Union européenne et l’Ukraine se seraient déjà fait sentir : «Alors que les contraintes de production ne s’allègent pas sur les agriculteurs français, des milliers de tonnes de produits agricoles rentrent dans les rayons avec les contingents que l’Union européenne a signé avec l’Ukraine. Des œufs, du sucre, de la viande qui ne respectent en rien les contraintes franco-françaises», détaille-t-il. Quant aux conséquences, pas besoin de faire un dessin : «Ces importations qui rentrent en concurrence avec nos productions tirent les cours vers le bas ! Comment peut-on accepter cela ? Et par-dessus tout, personne ne soucie du bilan carbone de ces importations… Si on laisse faire, notre agriculture n’en finira pas de reculer», prévient M. Bully. 

Il y a toujours autre chose à faire !

La FNSEA et Jeunes agriculteurs ont lancé un appel à manifester ce vendredi pour un lot de revendications légitimes et lourdes de sens pour notre profession. Le nerf des revendications tourne autour de l’exposition de plus en plus grande de notre métier à des concurrences commerciales qui n’ont pas à supporter nos propres règles. Mercosur, Ukraine, règles franco-françaises… autant d'éléments qui pénalise lentement mais inexorablement l’agriculture française depuis des décennies. Nous constatons la difficulté économique et morale qu'elle génère des échanges non contrôlés et l’absence de cap d’une société qui interdit certaines pratiques tout en se voilant la face sur ce qu’elle importe. Alors, oui, ça tombe le 26 septembre, et il est certain que, pour un département comme le nôtre, la période actuelle n'est pas idéale pour se mobiliser tant les travaux de toute nature sur nos fermes nous occupent jour après jour, sans compter les heures. Cette semaine, combien de fois a-t-on entendu «il y a autre chose à faire» ?… Que chacun se rassure, je suis tout autant concerné par cet afflux de travail, mais je suis persuadé que chacun peut consacrer deux ou trois heures, voire plus pour influencer des décisions politiques qui pourraient sceller l'avenir de pans entiers de notre agriculture. Alors que des discussions s’accélèrent à Bruxelles sur ces sujets et sur la future Pac et que notre pays dispose de moins en moins de crédibilité financière pour peser et, en tout état de cause, sans ministre de disponible en ce milieu de semaine, il est urgent d'envoyer un signal clair à toute la population, toutes aux administrations et aux élus : il y a autre chose à faire que d’ouvrir les frontières à n’importe quoi et fermer les fermes et les usines agroalimentaires les unes après les autres. Il y a autre chose à faire que d’embraser le pays avec un article de loi qui ne fait que de ramener le marché commun européen à des règles communes. Il y a autre chose à faire que de laisser en friche un ministère au moment où la Pac est sur la table des négociations. Il y a autre chose à faire que de se résigner, car on sait ce qu’il advient quand on ne gère plus l’espace et quand le changement climatique nous promet à la fois des excès d’eau et de chaleur. Soyons tous lucides : la lutte syndicale est un combat sans répit, où l'on encaisse des coups, bons ou mauvais. Elle est déterminante pour défendre nos intérêts et proposer des solutions face à des forces contraires (administrations, élus politiques, médias, ONG...) en permanence sur le qui-vive pour passer l’idéologie avant la souveraineté. Il aura fallu la menace de devoir porter un pull durant l’hiver 2022 dans les bureaux pour qu’on reprenne en quelques mois les rênes d’une politique de souveraineté énergétique. J’espère qu’il y a autre chose à faire que d’attendre un risque de pénurie alimentaire ou de famine mondiale pour reprendre celles de la souveraineté alimentaire. Ce vendredi, au-delà d’une question de disponibilité, c’est pour nous un enjeu de cohérence, de crédibilité et d’unité face à nos interlocuteurs, pour un sursaut de notre ambition agricole pour retrouver notre souveraineté alimentaire nationale.

Denis Bully, président de la FDSEA

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