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Filière betterave : les défis de l’après-quota

Dans sa première campagne après la fin des quotas sucriers, la CGB travaille son plan d’action pour accompagner les planteurs de betteraves dans leurs nouveaux défis, liés à une volatilité plus forte.

La production s’annonce record cette année, en France, soit autour de 44,2 Mt, pour un rendement de 93 t/ha.
La production s’annonce record cette année, en France, soit autour de 44,2 Mt, pour un rendement de 93 t/ha.
© © J.-C. Gütner


«Cette campagne est véritablement la première sans quotas, après cinquante ans de régulation», a souligné Eric Lainé, président de la Confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), lors d’une conférence de presse, le 7 décembre. Une situation qui offre des opportunités nouvelles comme l’export, mais qui rend également les planteurs de betteraves plus vulnérables face à une volatilité accrue des cours.
Pour les accompagner au mieux, la CGB a d’abord relevé le défi de la compétitivité. L’allongement de la durée de campagne, passée de cent jours en moyenne l’année passée à cent trente jours, est une réponse à la nécessité d’amortir les coûts de fonctionnement des usines, qui fermeront cette année leurs portes fin janvier, voire début février, a précisé Pierre Rayé, nouveau directeur de la CGB.
Cette nouvelle organisation nécessite cependant de trouver des ajustements, par exemple pour mieux compenser les pertes de volumes liés à un arrachage plus précoce. «Un jour supplémentaire de fonctionnement d’usine représente un euro d’économisé par tonne de sucre. Il faut partager ces gains de production», indique Pierre Rayé.
Pour assurer les besoins en sucre qui augmentent au niveau mondial, les betteraviers français ont, en tout cas, augmenté les surfaces de 20 % lors de cette campagne, passant de 405 000 ha à 475 000 ha. La production s’annonce record cette année, autour de 44,2 Mt, pour un rendement de 93 t/ha. La France, historiquement premier exportateur de sucre européen, entend bien répondre davantage à la demande mondiale.
Sur les 6,1 Mt de sucre de cette campagne, 1,7 Mt sont destinées, comme l’année passée, à la consommation domestique, 2,4 Mt vers l’Union européenne, avec des incertitudes liées cependant aux accords de libre-échange, qui pourraient donner plus de contingents aux clients français, et au Brexit, car le marché britannique représente 20 % des exports français en Union européenne. Enfin, 1,1 Mt sont destinées au marché international. «La difficulté aujourd’hui est de n’avoir aucun chiffre fiable à donner sur le prix de la betterave», explique Timothé Masson, chargé d’affaires économiques et responsable de l’international à la CGB. L’état actuel du marché indique une betterave à 22 €/t, mais ne reflète que le début de campagne et le marché spot.
Face à une volatilité accrue, la CGB défend le renforcement d’une large palette d’outils de gestion des risques, demandant la mise en place d’une épargne de précaution dans le cadre de la réforme de la fiscalité agricole prévue en 2018, et propose l’expérimentation d’un fonds mutuel sectoriel qui permettrait de constituer une réserve de crise en cas de situation de marché très dégradée.

Le grand défi de l’environnement
Parallèlement, la CGB poursuit ses efforts pour allier compétitivité avec préservation de l’environnement, comme l’illustre son engagement, aux côtés d’une trentaine d’organisations agricoles, dans le «contrat de solutions». Si l’interdiction du glyphosate est un problème pour 25 % des surfaces betteravières, les planteurs sont davantage inquiets de l’interdiction programmée des néonicotinoïdes.
L’absence d’alternative pourrait provoquer une chute de rendement de 10 à 20 % au niveau national, et une perte d’environ 150 M€ pour la ferme betteravière française, alors que l’utilisation de ces produits pour la betterave, qui n’a ni fleur ni pollen, n’impacte pas les pollinisateurs. La CGB demande donc une dérogation d’utilisation la plus longue possible (au moins jusqu’en 2020) pour répondre aux spécificités de la culture betteravière.
Par ailleurs, le bioéthanol offre des perspectives croissantes à la filière betteravière française, qui fournit 50 % des 12 MhL. La période est plutôt propice, puisque le marché des essences retrouve des couleurs depuis 2014, le SP95-E10 étant désormais la première essence française en parts de marché, malgré une présence limitée à 60 % des stations-services.
Plus confidentiel, le superéthanol E85 poursuit néanmoins son essor avec une progression de 20 % de ses volumes vendus, progression qui devrait s’accélérer avec l’homologation imminente des boîtiers E85 permettant, pour 700 €, de transformer la plupart des voitures essence en voitures «flex-fuel», compatibles avec ce carburant. La CGB alerte néanmoins sur certains points qui pourraient nuire à ce développement : l’incorporation en progression de dérivés d’huile de palme hydrotraitée en raffinerie dans les essences, et qui ne répond pas aux exigences environnementales élevées de la production de bioéthanol.
En outre, la directive européenne RED 2 inquiète également la filière puisqu’elle vise à réduire l’incorporation dans les transports des biocarburants de première génération, au profit de la deuxième génération. La CGB souhaite le maintien des biocarburants conventionnels à hauteur de 7 % au moins. Le Parlement européen doit se prononcer sur cette question le 2 février 2018.

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