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Franck Sander, président de la CGB : "il y a encore de l'avenir dans la betterave"

Avec la fermeture des usines de Cagny et d’Eppeville, la CGB met tout en œuvre pour contrer la décision du groupe allemand Südzucker. Le point avec son président, Franck Sander.

© AAP




Où en êtes-vous de vos négociations avec le groupe allemand Südzucker ?

Après une première rencontre à Mannheim, le 12 mars dernier, avec le président du directoire de Südzucker, ainsi que d’autres membres du directoire, force a été de constater que le groupe sucrier était très fermé sur ses positions et sa lecture des marchés. Les discussions ont été très dures, et ils se sont montrés déterminés. Mais nous aussi, nous étions très déterminés, et le restons. La chose positive de ce jour-là, c’est qu’une nouvelle rencontre a été programmée à Strasbourg, le 22 mars.
Lors de cette dernière rencontre, nous avons eu une bonne discussion avec le président du directoire, et nous avons pu confronter notre vision du marché. Pour Südzucker, sa lecture est la suivante : en diminuant la production, il sera sur un marché net importateur. Telle n’est pas notre analyse. Par ailleurs, nous leur avons aussi fait remarquer que leur choix de diminuer de 700 000 t la production de sucre ne tient pas, puisqu’ils augmentent, par ailleurs, leur production, notamment en Allemagne et en Pologne. Quoi qu’il en soit, s’ils ne veulent pas revenir sur leur position, nous leur proposons de reprendre les usines. Une nouvelle rencontre est programmée le 30 avril, à Strasbourg, pour continuer à échanger.

Quelle a été leur réponse à cette proposition de reprise ?
Ils ne nous ont pas répondu, si ce n’est pour nous dire qu’ils appliqueront leur plan tel qu’il a été arrêté. Ma certitude, c’est que notre analyse a toutefois ouvert une brèche dans leur réflexion. D’ailleurs, ils ont décidé de nous revoir, une fois leur conseil d’administration passé, le 23 ou 24 avril prochain.

Quels moyens peut avoir le gouvernement français pour les inciter à céder les usines ?
Des moyens juridiques, environnementaux ou de responsabilité sociale peuvent être activés par le gouvernement. Celui-ci, ainsi que les administrations et les collectivités territoriales défendent la même position que nous. Ils ont d’ailleurs constitué un front commun pour maintenir la pression sur Südzucker. Des pressions financières peuvent être également exercées, voire sur la marque Saint Louis Sucre, dont l’image pourrait être écornée.

Vous évoquez l’option d’une reprise. Quels sont les scénarios ?
Pour le moment, nous avons chiffré les choses, que ce soit le coût de reprise ou le coût de fonctionnement des outils, puis établi un business plan. Mais il est trop tôt pour en parler, car les études sont toujours en cours. Je ne donnerai donc aucun chiffre. Dans tous les cas, après un tour de table, on ira voir les planteurs pour exposer ce business plan. Cela peut aller très vite, même s’il ne faut pas brûler les étapes. Tout est ouvert.

Outre les planteurs que vous sollicitez, d’autres partenaires se montrent-ils intéressés par la reprise des outils ?
Là encore, il est trop tôt pour en parler. On peut néanmoins tout imaginer : une reprise des planteurs, une ouverture du capital, un accompagnement des banques, des industriels autres que sucriers. Ce que je peux vous dire, c’est que tout est pris en compte. Mais quel que soit le scénario qui émergera, il devra prendre en compte le fait que les planteurs restent maîtres de leur outil.

Vous parlez d’une implication des planteurs, mais, sur le terrain, on sent plutôt beaucoup d’hésitation pour eux à franchir ce cap...
Quand Südzucker a fait part de sa décision de fermer les usines, en un rien de temps, on a réussi à mobiliser la moitié des planteurs alors qu’ils étaient au début des semis, ce qui montre bien leur détermination. Une fois cela dit, mettez-vous à leur place. Depuis deux à trois ans, ils ont des prix de betteraves plus bas que bas, et des perspectives de prix qui ne sont pas près de s’améliorer au vu des marchés. De plus, Südzucker a annoncé brutalement les fermetures d’usines, sans même engager une concertation avec eux. La confiance est rompue, et il est aujourd’hui très difficile pour eux de se projeter dans l’avenir. C’est la raison pour laquelle nous avons lancé ce business plan. Celui-ci nous permet de dire qu’il y a encore de l’avenir dans la betterave. C’est ce qui fera la différence.

Quand comptez-vous présenter ce business plan ?
Quand le moment sera venu. Les échanges continuent, pour l’heure, avec Südzucker, avec l’objectif de les convaincre de céder leur outil industriel. Le business plan peut être un argument qui pourrait les faire changer d’avis, soit pour le maintien de l’activité, soit pour la cession des usines. Dans tous les cas, on fera tout pour reprendre ces usines. C’est exactement ce qu’a dit le ministre, à Cagny, le 27 mars dernier (cf. encadré), qui se dit prêt à accompagner les parties prenantes dans leur projet de reprise des usines. Le dossier est en train de mûrir à ce stade, mais il faut aller vite.


Déclaration

Le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume s’est rendu, le 27 mars, sur le site de l’usine sucrière de Cagny (Calvados), menacé de fermeture par Saint Louis Sucre (Südzucker). Il a annoncé «la volonté du gouvernement d’accompagner les parties prenantes dans leur projet de reprise et d’aboutir rapidement à un plan de compétitivité pour la filière betterave», selon un communiqué de presse. Au côté de «plus de cinq cents» planteurs, salariés et élus du territoire venus manifester, le ministre a fait preuve de «sa détermination à faire respecter la règlementation à Saint Louis Sucre. Il serait totalement injuste et incompréhensible de s’opposer à un projet de reprise».

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