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Françoise Crété : l’esprit d’équipe

Cela fait déjà un mois que Françoise Crété a été élue présidente de la Fdsea 80. Derrière la syndicaliste chevronnée, quelle est la personne ?

Françoise Crété, présidente de la Fdsea de la Somme.
Françoise Crété, présidente de la Fdsea de la Somme.
© AAP

S’il y avait un adage permettant de résumer la personnalité de la nouvelle présidente de la Fdsea 80, il serait celui-ci : «Seul, on est rien». Un esprit d’équipe nourri sans doute en grande partie par son histoire personnelle. Issue d’une famille de sept enfants, elle a toujours fait avec et pour les autres. Et ce mode de fonctionnement ne l’a jamais quitté, pas plus que l’esprit du rural que lui a inculqué sa famille. Un esprit synonyme, pour elle, de «proximité, lien social, simplicité et liberté». Et un esprit qui ne se nourrit jamais de chimères, car «tu as les pieds dans les bottes et les mains dans la terre. Tu ne décroches jamais de la réalité de la vie», commente-t-elle.
Le sens des réalités, Françoise Crété l’a donc eu très tôt. «Mon père était un fermier qui élevait vingt vaches sur 42 ha. J’aimais bien cette ambiance rurale et agricole. Je m’y identifiais totalement au point que, très tôt, j’ai su que je voulais faire la même chose», raconte-t-elle. Logique avec elle-même, elle fait un bac agricole. Si l’été, elle vit les marchés avec ses oncles et ses tantes, puis est aussi animatrice dans des camps de vacances, elle ne dévie pas pour autant de son objectif : l’agriculture. Pas plus que de son désir de fonder une famille rapidement et d’avoir des enfants. Thierry Crété lui permet de se réaliser personnellement et professionnellement. Elle le suit dans la Somme, où ils se marient et fondent leur famille. Ensemble, ils travaillent aussi à la ferme.

Sur tous les terrains
Ce petit bout de femme d’1,63 m  déborde de trop d’énergie pour s’en tenir cependant à ces seuls objectifs. Cette fonceuse de nature, qui conduit pied au plancher sa C15 au milieu de sentiers envahis par de hautes herbes, s’engage partout où cela fait sens pour elle. A l’école, tout d’abord, où sont ses enfants, mais aussi au sein des JMR (Jeunesses du monde rural), puis des CMR (Chrétiens du monde rural), au comité des fêtes de sa commune, aux JA. Chaque fois, elle y met la même énergie. «Quand on fait les choses, on les fait à fond et ensemble», déclare-t-elle. Et sans crainte, surtout, même si elle ne sait pas toujours où cela peut l’emmener. Le plus important, pour elle, est de partager ses réflexions avec les autres et d’apporter ensemble des solutions, si possible, à toutes les interrogations qui peuvent émerger dans la vie personnelle, comme professionnelle.
Après avoir sillonné le territoire, à son arrivée dans la Somme, puis avoir été agent de TVA, elle travaille avec son mari dans la ferme de ses beaux-parents, avant de s’installer en Gaec avec lui en 1993. Face à la montée des discours autour du bio et du dénigrement systématique de l’agriculture conventionnelle, elle décide de monter une ferme pédagogique. «J’aime mon métier et j’avais envie de le dire, comme de contrecarrer tous ces discours de dénigrement autour de l’agriculture alors qu’elle est respectable à bien des niveaux», Tout en gérant sa ferme, elle accueille donc les enfants pour leur expliquer son métier, la liberté qu’il confère, comme le rôle essentiel de l’agriculture dans le monde rural.

Préparer l’avenir
Eduquer les enfants - «j’aurais pu être instit», dit-elle - c’est bien, mais cela ne lui suffit pas. Il faut aussi convaincre les adultes. Pour ce faire, le syndicat peut être un bon chemin. «J’ai aussi rejoint le syndicat, puis accepté d’être présidente cantonale, car j’avais une vision de l’agriculture sur le territoire. Je pouvais aussi apporter des choses, d’autant que j’avais un pied de chaque côté, soit dans le milieu agricole et hors de celui-ci, grâce à mes activités à l’école, au caté, et dans d’autres associations», explique-t-elle. De présidente cantonale, elle passera secrétaire générale, avant de devenir présidente de la fédé.
Dans chacun de ses mandats, Françoise Crété reste «les pieds dans les bottes et les mains dans la terre», pour reprendre son expression. Mais encore ?
L’agriculture, selon elle, doit être envisagée à partir de ses deux facettes : la rentabilité économique d’un côté, et, de l’autre, sa nécessaire intégration dans le territoire. «C’est l’agriculture qui donne vie au rural, relève-t-elle. On connaît notre territoire depuis longtemps, on y est enraciné, et on sait ce qu’on peut lui apporter. Ce à quoi nous devons travailler, c’est à une forme d’agriculture qui soit cohérente pour demain. Comme dans mes autres engagements, ce qui m’habite, c’est travailler pour l’avenir. La fédération peut porter cela, comme mettre en avant le travail de l’homme plus que le capital.»
Les défis à relever sont multiples, notamment sur l’organisation des fermes, leur transmission, le goût du métier, l’installation des jeunes... Mission impossible ? «Il faut garder  le sens du plaisir dans nos métiers et que l’homme et son projet soient au cœur de l’exploitation. C’est ce que je défends et défendrai toujours.»

Dates clés

• 1983 : Mariage avec Thierry Crété. Elle quitte son Pas-de-Calais natal pour s’installer avec son mari à Camps-en-Amiénois.
• 1983, 1987 et 1989 : Naissance de Coralie, Blaise et Perrine.
• 1993 : Elle s’installe comme agricultrice, éleveuse de vaches, sur 20 ha, et avec un contrat de 100 000 litres de lait.
• 2006 : Elle est élue présidente cantonale de Molliens-Dreuil à la Fdsea de la Somme.
• 2009 : Installation du robot de traite. 60 vaches.
• 2010 : Elle est élue secrétaire générale de la Fdsea de la Somme.
• 2 juin 2015 : Elle est élue présidente de la Fdsea de la Somme. Elle est aussi membre du bureau de la Frsea Picardie, de la Chambre régionale d’agriculture de Picardie, de celle de la Somme, et présidente du comité élevage de la Chambre d’agriculture de la Somme.
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