Aller au contenu principal

Gérer les adventices grâce au faux-semis… sous conditions

Avec des résistances de plus en plus fréquentes et des réductions de solutions chimiques, la lutte contre les adventices est un vrai casse-tête. La technique agronomique du faux-semis est donc séduisante. À condition de bien la maîtriser.  

Pour Hervé Georges, de la CA80, le faux-semis est une solution agronomique très intéressante, alors que le problème adventices se tend un peu partout. Dans cette parcelle, le ray-grass est devenu résistant.
© A. P.

«Plus on pratique les faux-semis, plus il y a de mauvaises herbes dans la parcelle.» Voilà quelques années qu’Hervé Georges, conseiller en productions végétales à la Chambre d’agriculture de la Somme, entend cette rumeur circuler en plaine. «Si la technique échoue parfois, c’est qu’elle est mal contrôlée. Cette solution agronomique présente pourtant un gros intérêt, alors que le problème adventices se tend un peu partout. Les cas de résistance sont de plus en plus nombreux, et les molécules chimiques de moins en moins à être autorisées.»
Vous avez dit faux-semis ? Entendez par là un travail superficiel du sol qui a pour objectif de stimuler la levée des adventices en interculture, puis de les détruire avant l’implantation de la culture. «Dans la Somme, des agriculteurs engagés en mesures agro-environnementales (MAE) de réduction de l’utilisation de produits phytosanitaires les pratiquent de plus en plus», note le spécialiste. Lui-même est engagé dans le projet Adventurh que pilote Agro-transfert ressources et territoire, pour une meilleure maîtrise des adventices (cf. encadré). Le faux-semis y a toute sa place. 

Clés de réussite

Des critères de réussite sont à suivre à la lettre. Premièrement : anticiper le passage mécanique. «Il faut s’y prendre suffisamment tôt, au moins trois semaines avant la date prévue pour les semis.» Il s’agit souvent de faux-semis réalisé à l’automne, mais il peut aussi être envisagé au printemps. Celui-ci demande une préparation du sol fine et superficielle, pour établir un bon contact terre-graine favorisant la levée des adventices. Le rappuyage est ensuite primordial. «Peu importe le matériel utilisé, du moment que le résultat est là», assure Hervé Georges. Lui conseille généralement un passage de déchaumeur assez rapide, pour une terre bien affinée, puis un passage de rouleau plombeur, plus lentement, pour bien rappuyer. «Cela implique deux passages, donc plus de consommation de gasoil et plus de temps, mais le résultat est meilleur.» Une bonne pluie sera aussi un facteur favorable à la levée. Si plusieurs outils de travail du sol sont utilisés, Hervé Georges recommande de commencer par celui qui offre un travail plus profond et de terminer par celui qui sera le plus superficiel. «Les agriculteurs ont tendance à faire l’inverse.»
Une fois les adventices bien levées, tout n’est pas gagné. «Un bon faux-semis doit être bien détruit. En cas de repiquage, ça peut être catastrophique. Pour cela, le glyphosate reste le produit le plus efficace.» Si les conditions sont bien sèches, une destruction mécanique peut également être envisagée, «à l’aide d’outils à dents de type vibrodéchaumeurs et cultivateurs à trois ou quatre rangées de dents», donne pour exemples Arvalis.

Encore des questions

Hervé Georges pointe néanmoins un point faible de la technique : «Une forte pluie après un faux-semis peut compromettre les semis, car la terre n’aura plus assez de portance pour y entrer.» Des questions restent aussi en suspens. «La physiologie des mauvaises herbes n’est plus la même aujourd’hui qu’il y a dix ans. Nous observons par exemple de plus en plus de vulpins au printemps. Les problèmes de chénopodes dans les colza sont aussi récents.» Des interrogations sur la levée de la dormance des graines, propre à chaque espèce, planent aussi. Or, si la dormance n’est pas levée, la technique du faux-semis est inefficace. Mieux connaître ces plantes offrira une meilleure efficacité des mesures agronomiques. C’est tout l’objet du projet Adventurh.

 

Adventhur, l’aventure contre les adventices

Les agriculteurs ont besoins de leviers agronomiques pour lutter efficacement contre les adventices. Agro-Transfert ressources et territoires pilote dans ce cadre le projet partenarial de R&D Adventhur (2020-2024). Un diagnostic a d’abord été conduit en 2019 en Hauts-de-France. Il a permis de préciser les problèmes de gestion des adventices rencontrés. Trois catégories ont émergé : les résistantes (vulpin, ray-grass…), les récurrentes (chénopode, mercuriale) et les adventices à préoccupations grandissantes (morelle noire, datura…). Des connaissances renouvelées sur les déterminants biologiques des adventices, des références nouvelles sur les leviers de gestion, et des solutions pour accompagner l’adoption des leviers agronomiques par les exploitations agricoles doivent en découler.
Sous-titre
Vous êtes abonné(e)
Titre
IDENTIFIEZ-VOUS
Body
Connectez-vous à votre compte pour profiter de votre abonnement
Sous-titre
Vous n'êtes pas abonné(e)
Titre
Créez un compte
Body
Choisissez votre formule et créez votre compte pour accéder à tout {nom-site}.

Les plus lus

Qualipom événement pommes de terre
Qualipom’ 2025 : la filière pomme de terre se donne rendez-vous le 26 juin à Villers-au-Flos

Le salon régional dédié à la pomme de terre revient pour une 10ᵉ édition très attendue, le 26 juin 2025 à …

Safer Hauts-de-France foncier Xavier Flinois Benoît Thilliez
Un jeune agriculteur à la tête de la Safer Hauts-de-France

Benoît Thilliez, 38 ans, a été élu à l’unanimité à la présidence de la Safer Hauts-de-France où il succède à Xavier Flinois,…

moratoires gibier d'eau Pannier-Runacher chasse Willy Schraen CNCFS
Les chasseurs de gibier d’eau très remontés contre leur ministre de tutelle

Alors que les scientifiques européens recommandent la prudence sur seulement trois espèces d’oiseaux migrateurs, le ministère…

plaine en fête Saint-Valery-sur-Somme baie de somme
Plaine en fête à Saint-Valery : cap sur 15 000 visiteurs fin août

Les Jeunes Agriculteurs de la Somme préparent activement le grand rendez-vous agricole de l’été, les 30 et 31 août 2025, face…

taureau accident prévention Corrèze insémination
Une stagiaire de 19 ans tuée par un taureau sur une exploitation

Jeudi 26 juin à Masseret (Corrèze), une jeune femme en formation avec un inséminateur a perdu la vie après avoir été…

Lors du repas champêtre, l’association a vendu une quarantaine de kilos de pommes de terre.
Récoltée à la main, cette pomme de terre ne se déguste qu’en baie de Somme

L’association des paysans du sud de la baie de Somme a marqué le lancement de la campagne de sa pomme de terre primeur en…

Publicité
Titre
Je m'abonne
Body
A partir de 9.90€/mois
Liste à puce
Accédez à tous les articles du site Action Agricole Picarde
Consultez les versions numériques de l'Action Agricole Picarde et du site, sur tous les supports
Ne manquez aucune information grâce aux newsletters de l'Action Agricole Picarde