Santé animale
Influenza aviaire : l’Europe à nouveau sous tension
De nouveaux foyers en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne et en Belgique ravivent la crainte d’un hiver difficile pour la filière avicole.
De nouveaux foyers en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne et en Belgique ravivent la crainte d’un hiver difficile pour la filière avicole.
L’influenza aviaire hautement pathogène H5N1 regagne du terrain sur le continent européen. Alors que la France a relevé, le 21 octobre, le niveau de risque à « élevé », les foyers se multiplient chez nos voisins : Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, Belgique. Les autorités redoutent une nouvelle vague épidémique, à la veille de la période hivernale.
Au Royaume-Uni, la grippe frappe dans le nord du pays
Outre-Manche, la situation s’aggrave rapidement. Le 25 octobre, plusieurs cas d’influenza aviaire hautement pathogène (IAHP) ont été confirmés dans des fermes du Yorkshire et de Cumbria. Le lendemain, trois nouveaux foyers étaient signalés : un élevage plein air de 32 000 poules pondeuses près de Cynwyd (Denbighshire), un autre touchant 32 000 volailles à Penrith, et un troisième regroupant 68 000 poules à Bedale, dans le North Yorkshire. Tous les élevages ont été dépeuplés et des zones de protection (3 km) et de surveillance (10 km) ont été instaurées.
Le ministère britannique de l’Agriculture recense déjà 81 cas entre 2024 et 2025, dont huit nouveaux depuis le début d’octobre. Un chiffre qui laisse craindre une saison aussi tendue que celle de l’hiver dernier.
En Allemagne, propagation « très rapide » près de Berlin
En Allemagne, la vigilance est maximale. Le 25 octobre, les autorités ont ordonné l’abattage de 130 000 canards et poulets après la détection de foyers d’IAHP près de Berlin. « Nous constatons une augmentation très rapide des infections », a déclaré le ministre fédéral de l’Agriculture Alois Rainer lors d’un point presse.
L’Institut Friedrich-Loeffler (FLI) met également en garde contre la contamination de la faune sauvage, notamment les grues, « particulièrement touchées pour la première fois ».
Les experts craignent que la migration automnale favorise une « propagation supplémentaire, éventuellement généralisée » du virus. Le FLI a d’ailleurs réévalué à “élevé” le risque de nouvelles épizooties.
En Espagne, 2,6 millions de poules pondeuses perdues
Le sud de l’Europe n’est pas épargné. Selon la lettre d’information publiée le 27 octobre par l’Itavi, l’Espagne a perdu 2,6 millions de poules pondeuses entre le 1er juillet et le 20 octobre. La région d’Olmedo concentre six foyers majeurs dans de grands élevages, totalisant à elle seule deux millions d’oiseaux abattus.
« La moitié des exportations espagnoles d’œufs est destinée à la France », rappelle l’institut, qui anticipe une rétraction de l’offre européenne d’œufs dans les prochains mois.
Depuis le 1er juillet, 4,8 millions de volailles ont été victimes du virus à travers l’Europe, avec une circulation « active dans la faune sauvage, notamment en Europe de l’Ouest », souligne encore l’Itavi.
En Belgique, confinement obligatoire des volailles
Chez nos voisins belges, deux foyers de H5N1 ont été détectés le 22 octobre, en Flandre occidentale et dans la province de Liège. Le gouvernement a réagi en durcissant son dispositif sanitaire.
Depuis le 23 octobre, le confinement de toutes les volailles est obligatoire dans les élevages commerciaux et enregistrés, avec interdiction d’utiliser de l’eau de pluie ou de surface non traitée pour l’abreuvement.
« La grippe aviaire constitue une menace sérieuse pour nos élevages et notre économie », a rappelé David Clarinval, ministre fédéral belge de l’Agriculture. « La meilleure façon de protéger nos animaux reste la mise en œuvre de mesures préventives, telles que l’obligation de confinement. Ces mesures ont déjà démontré leur efficacité par le passé. »
Un automne sous haute surveillance
Alors que la saison migratoire bat son plein, la vigilance s’impose à travers toute l’Europe. Si les pays d’Europe de l’Est avaient été durement touchés l’hiver dernier, le virus semble cette année se concentrer sur l’Ouest du continent.
Les autorités vétérinaires européennes redoutent désormais un effet domino entre les zones touchées, alimenté par la faune sauvage et les conditions météorologiques automnales.
Pour les professionnels, l’enjeu est clair : éviter une nouvelle crise économique et sanitaire dans une filière déjà fragilisée par les précédentes épizooties.