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Inquiétude sur une chute de la production de semences

L’UFS (semenciers) alerte sur une chute de la production de semence en Ukraine et ses répercussions «pendant probablement deux ans». En France aussi, la filière est «sous tension». 

Semis de betteraves porte-graines.
Semis de betteraves porte-graines.
© François Petorin – FranceAgriTwittos

La récolte 2022 en Ukraine sera d’«au mieux 50 %» des volumes de semences normaux, a indiqué le président Claude Tabel lors d’une conférence de presse le 14 avril. Celle de 2023 sera aussi affectée, d’après lui. Les agriculteurs ukrainiens manquent de semences avec l’invasion russe, sachant qu’un tiers de leurs besoins sont couverts par l’étranger : 75 % des volumes importés de maïs, tournesol ont été livrés (à fin mars), 90 % dans le cas de la betterave, d’après les chiffres de l’UFS. Idem en semences de base, qu’utilisent les agriculteurs multiplicateurs. 70 % d’entre elles ont été livrées jusqu’aux distributeurs, les semences potagères étant les plus affectées avec seulement 50 %. À cela s’ajoutent des incertitudes sur la capacité à produire, vu le manque de carburant, de main-d’œuvre et les conditions de sécurité dans des champs parfois minés. L’Ukraine parviendra «au mieux à 60 % d’une production agricole normale», estime l’UFS aux dires des témoignages sur place et des communications officielles. 

 

Lourdes pertes pour les semenciers français 

Cette situation touche de plein fouet les semenciers français, dont l’activité avec l’Ukraine représente 400 millions d’euros (incluant 100 millions d’euros d’exportations). Le pays est un important débouché pour eux, le deuxième hors Union européenne après la Russie. Ils y sont largement implantés, dans des activités de recherche, production, distribution pour un total de 1 700 collaborateurs. Une enquête de l’UFS chiffre à 20 % leur baisse de chiffre d’affaires avec l’Ukraine, soit 60 millions d’euros de perdu cette année en raison de la guerre. L’impact est d’autant plus violent pour les entreprises très liées à l’Ukraine, certaines y réalisant 30 à 40 % de leur activité globale. 

Le secteur réclame l’aide des pouvoirs publics, dans le cadre du plan de résilience. «Il y a besoin de sécuriser la production de semence dès cette année», a déclaré Claude Tabel. Des agriculteurs s’en détournent, attirés par les prix élevés sur le marché de la consommation. C’est le constat dressé par le vice-président Didier Nury, par ailleurs directeur général de Top Semence : «Depuis quinze jours, trois semaines», des multiplicateurs de semence renoncent à leurs engagements de production. D’après ses indications pour le quart sud-est de la France, l’impact représente «15 à 20 % de dépréciation de surfaces». «Sur le plan de production de (semence de) tournesol au niveau national, on envisageait de faire 18 000 à 19 000 ha, il y a encore quelques semaines, et aujourd’hui nos dernières estimations sont de 16 000 ou 16 500 ha», avance-t-il.

 

L’UFS pour la 3e révolution agricole

Le 25 avril, l’Union française des semenciers a présenté «toutes ses félicitations à Emmanuel Macron», lui rappelant ses engagements, notamment «pour la garantie notre souveraineté alimentaire». C’est dans la «dynamique» de la «troisième révolution agricole basée sur l’innovation robotique, numérique et génétique», que l’UFS entend inscrire son action. Car cette politique permettra, selon les semenciers, «de sécuriser les activités en France, de soutenir l’innovation variétale et de garantir un cadre de production de semences conforme aux exigences qualité». «C’est dans cette perspective que l’UFS souhaite maintenir un dialogue constructif avec les ministères impliqués», indique son président, Claude Tabel. 

 

Mieux payer les multiplicateurs pour maintenir l’excellence française

Dans un communiqué diffusé le 20 avril, l’interprofession semences et plants (Semae) avec la Coopération agricole et la Fédération du négoce agricole (FNA) appellent les opérateurs de la filière à «une juste prise en compte des charges et des prix» à payer aux agriculteurs multiplicateurs, car «c’est sur eux que repose le maintien d’une véritable capacité de production de semences et plants». La hausse des coûts de production de semences est telle que «de nombreux agriculteurs multiplicateurs s’interrogent sur la poursuite de la production de semences ou bien basculer sur de la production de consommation». Selon l’Union française des semenciers, la France devrait perdre environ 15 à 20 % de ses surfaces en semences, notamment en tournesol en 2022. L’an dernier, 18 000 agriculteurs ont multiplié 10 000 variétés de toutes espèces sur 403 000 ha. La France est le leader mondial des semences devant les États-Unis, avec un solde commercial positif de 1,1 milliard d’euros. Elle entend bien le rester. 
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