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Jean-Alexandre Trogneux perpétue la tradition familiale

Trente-trois ans que l’Amiénois enchante nos papilles, comme le firent ses parents, grands-parents, arrière et arrière grands-parents. Histoire d’une entreprise familiale qui n’a pas pris une ride.

© AAP


Si la Maison Jean Trogneux n’est pas aussi connue que la cathédrale d’Amiens dans le monde, il n’y a pas un pays où celle-ci n’expédie ses macarons et chocolats. Pour la petite histoire, le PDG de Louis Vuitton à Tokyo s’en fait expédier régulièrement. La Chine les découvre. Plus près de nous, en Europe, les Allemands et les Anglais se les arrachent. En d’autres termes, la Maison Jean Trogneux s’exporte bien. La gourmandise, il est vrai, n’a pas de frontières.
Impossible aussi d’échapper aux macarons et chocolats de cette famille de confiseurs chocolatiers depuis cinq générations. A toutes les entrées de la ville d’Amiens, un panneau y fait référence. Dans la ville même, pas moins de sept magasins. Entre les vitrines aussi alléchantes les unes que les autres, et les senteurs de chocolat et d’amande, impossible de résister à la tentation de rentrer, puis de goûter et partager ses petites merveilles avec les êtres qui vous sont chers. Les Amiénois et Samariens ne s’en privent jamais.
En ces fêtes de fin d’année, on les voit se bousculer dans les magasins pour acheter macarons et chocolats. En ce moment, ce ne sont pas moins de 30 000 macarons qui sont produits par jour, dans la fabrique juste en face de La Poste. A l’évidence, la réputation de cette Maison n’est plus à faire. Il n’empêche. Jean-Alexandre, issue de la cinquième génération de la famille Trogneux, ne ménage jamais sa peine, courant du matin au soir pour satisfaire sa clientèle et inventer de nouveaux produits à partir de recettes traditionnelles.

Une passion tardive
Si le prénom a une quelconque influence sur le devenir d’un homme, le confiseur chocolatier a, comme Alexandre le Grand, parcouru le monde et le goût de la conquête. Au début des années 1980, après cinq années d’études supérieures dans la finance, il veut partir à New York pour devenir trader à Wall Street. C’est alors l’époque de l’arrivée des socialistes à la tête du pays. Reprendre une entreprise en France était alors considéré par beaucoup comme une pure folie. «Tout le monde foutait le camp, se souvient-il, car on croyait qu’il y allait avoir la révolution. La révolution n’a pas eu lieu.» La sienne commençait, sans qu’il ne s’en aperçoive.
Son projet de partir est contrarié par son grand-père, qui lui demande de le remplacer quelques mois, le temps de se remettre d’une maladie. Lui opposer une fin de non-recevoir est impossible. «Il était mon meilleur ami. Il avait une ouverture d’esprit incroyable, une grande classe et une écoute rare. Puis, dans la famille, la tradition était que seul un garçon pouvait reprendre l’entreprise. J’étais le seul fils. Je n’y ai pas échappé», raconte-t-il.
Le défi est de taille pour lui. «Il ne faut pas croire que c’est facile de reprendre l’entreprise familiale, car vous colle à la peau l’image de l’enfant à papa. C’est terrible. Il faut se battre plus que les autres. En plus, hormis la gestion d’une entreprise, je ne connaissais rien au métier. J’ai donc entrepris un tour de France des chocolatiers durant une année pour l’apprendre», dit-il. C’est ainsi que la passion commence à naître en lui.
Curieux de nature, Jean-Alexandre se passionne assez rapidement pour la création, la fabrication, la mise au point des recettes, l’emballage, la commercialisation, la finance, la gestion et le management de l’entreprise. Outre le chocolat, qu’il goûte dès 6h du matin, ses voyages, ses découvertes culinaires, les expositions d’art contemporain, tout l’inspire pour créer de nouvelles saveurs à partir des recettes traditionnelles de son grand-père, qu’il a gardées.
De celui-ci, il a également gardé une façon de travailler les produits sans colorant ni conservateur, et l’état d’esprit familial de l’entreprise. De fait, sa porte est toujours ouverte à ses cinquante salariés Chez les Trogneux, il n’est pas rare que le chef d’entreprise se transforme en banquier, conseiller logement, social, juridique… pour ses employés.

Une réinvention permanente
L’homme est partout, et il aime ça. Et toujours à l’affût des dernières tendances, modes et actualités pour adapter ses produits à l’air du temps, aux goûts et aux besoins de ses clients. «C’est ce qui fait que les produits ne sont jamais les mêmes d’un jour à l’autre», note-t-il.
A l’affût, il l’est tout autant pour de nouveaux projets. «Après le lancement du site Internet, en 2000, qui nous a permis de vendre dans le monde entier, la prochaine étape que j’envisage est de vendre des macarons en bocaux. Nous sommes en phase de test pour pouvoir réaliser ces bocaux, qui permettraient de conserver les macarons durant une année, sans pour autant avoir recours à des conservateurs», explique-t-il. Si ouvrir d’autres magasins n’est pas facile, il a cependant le projet d’en ouvrir un à Paris. «Je lorgne depuis quelque temps un emplacement, mais le coût est déraisonnable pour l’instant», dit-il.
Comme il est au travail, il est de même dans la vie. «Avec mon épouse, on fait en sorte de s’organiser toujours quelque chose le week-end pour partir, voir et goûter des choses singulières. Il faut que ça bouge et que ce soit chamboulant», confie-t-il. Ensemble, ils courent d’un lieu à l’autre, d’un restaurant à l’autre, d’une exposition ou d’un concert à l’autre pour ne jamais cesser de se nourrir. Le seul moment où il ne court pas ? Quand il fait de la plongée sous-marine avec ses enfants et son épouse.

Chiffres clés

- 45 tonnes de cacao venant de toutes les zones tropicales du monde sont utilisées
- Plus de 15 tonnes de noisettes et fruits secs
- 70 tonnes de produits finis par an
- 800 produits différents, donc 800 recettes différentes
- Plus de 2 millions de macarons vendus en 2015
- 7 points de vente, le 8e est sur Internet

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