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Jean Ebersbach : producteur de plants de pommes de terre

Agriculteur installé à Conteville, Jean Ebersbach fait de la multiplication de plants pour s’assurer une activité toute l’année, ainsi qu’un revenu sûr.

Jean Ebersbach : «On produit nos souches nous-mêmes.»
Jean Ebersbach : «On produit nos souches nous-mêmes.»
© F. G.

«Je suis né dans le plant. Mon père en faisait déjà. C’est beaucoup plus de travail que la production de pommes de terre de consommation. C’est très technique. Il faut épurer, calibrer et stocker, mais c’est bien plus passionnant, d’autant que l’on produit nos souches nous-mêmes», raconte Jean Ebersbach, agriculteur à Conteville.
Une passion qui nécessite de nombreux investissements entre l’achat d’une tamiseuse, d’une planteuse, d’un arracheur, d’un déterreur, d’un remplisseur de caisses, de tapis, d’une station de triage, de chambres froides, de pallox ou encore d’un enjambeur à épurer. Soit un coût total qui dépasse les 800 000 €.
Mais avec un travail de qualité et des prix plus stables, comparativement à la pomme de terre de consommation, la production de plants de pommes de terre assure un bon et régulier revenu chaque année (soit plus de 40 % du chiffre d’affaires pour 40 ha sur les
250 ha de l’exploitation). Les plants certifiés sont rachetés par deux négoces, Huchette et Comptoir du plant, qui imposent les variétés à l’agriculteur.

Techniques culturales
Sur ces 40 ha de plants certifiés de pommes de terre, l’agriculteur applique une rotation de sept à huit ans. «La norme est de quatre ans, mais plus on fait des rotations longues, mieux c’est pour les repousses et pour la qualité sanitaire des plants», explique-t-il. Et, pour encore plus de sécurité sanitaire, avant de se lancer dans la plantation, il fait le point avec son voisin, producteur de plants certifiés de fécule, pour éviter que leurs parcelles ne soient mitoyennes.
L’arrachage se fait à la fin du mois d’août ou début septembre. Viennent ensuite le déterrage, la mise en pallox et le séchage dans un bâtiment ventilé. A partir de fin octobre débute le calibrage suivant les variétés. Suit leur stockage en frigo jusqu’à la mi-avril où commencent alors les expéditions, période aussi des plantations. Et c’est reparti pour un tour. A tout cela s’ajoute des contrôles sanitaires réguliers dans les parcelles, mais aussi après le défanage et lors des stockages des plants, avant que ceux-ci ne soient replantés dans le laboratoire de la station d’Achicourt (une serre de production de base).
En termes de traitement, le désherbage se fait dès la levée des plants, avec un passage d’huile et de l’anti-mildiou, puis tous les quatre jours avec un passage d’insecticides. «Plus la végétation pousse, plus on augmente l’écart entre les traitements, ainsi que les doses d’huile», dit Jean Ebersbach. Un autre traitement est fait lors du défanage, avec du réglone (à deux reprises), suivi d’un spot light. Les plants sont encore traités à l’arrachage contre la fusariose avec du Diabolo.
Sa production ? Des souches classées Super Elite, utilisées par des producteurs de plants qui en refont avec. Seul le surplus est destiné aux producteurs de pommes de terre de consommation. Le rendement moyen est de 25 à 30 tonnes, soit un bon niveau. Mais, cette année, avec la sécheresse, le rendement risque d’être inférieur. Du coup, les négociants pour lesquels il travaille pourraient lui demander de couper des plants pour en replanter et en obtenir plus, ce qui ne le motive guère.
Pour ce qui est des variétés de plants, Jean Ebersbach produit des Bintje, des Challenger, de la Léontine, de la Franceline, de la Bergerac, de la Colomba, de la Royal et de la Barcelona. Seule la Bintje est en variété libre, les autres sont sous le contrôle des négociants. Une fois cela dit, la production de pommes de terre de consommation étant en progression, celle des plants de pommes de terre a donc un bel avenir devant elle.

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Hauts-de-France : une région de grosse production de plants de pommes de terre

La pomme de terre a le vent en poupe. Avec une augmentation de 5 % des surfaces de pommes de terre de consommation, les besoins de plants de pommes de terre croissent naturellement. Concrètement, dans la région Nord telle que définie par le Gnis - à savoir les Hauts-de-France, la Normandie et une partie de la Brie-Champagne - les surfaces de plants sont passées de 13 408 ha en 2016 à 14 260 ha en 2017. Si le nombre de producteurs (ou multiplicateurs) de plants de pommes de terre n’a pas augmenté par rapport à l’année précédent, soit 275 dans les Hauts-de-France, la taille des exploitations, elle, a grandi.
Outre le dynamisme de la filière pommes de terre de consommation, c’est surtout l’industrie de transformation qui est à l’origine de cet essor. Parmi les industriels à la recherche de pommes de terre à transformer, et tirant le marché vers le haut, se trouvent notamment McCain et des Belges pour la production de frites, ainsi que Roquette pour la fécule. «On a, par conséquent, des surfaces de pommes de terre de transformation qui progressent au détriment des surfaces dédiées à l’export ou à la pomme de terre de consommation», indique Jerry Fromont, inspecteur au Gnis (Groupement national interprofessionnel des semences, ndlr).
Autre pays particulièrement intéressé par les terres des Hauts-de-France : la Hollande. A la suite des sols contaminés empêchant de produire des pommes de terre parfaites en termes de qualité et sur le plan sanitaire, la Hollande a délocalisé ses productions dans notre région, ainsi que certaines de ses filiales. C’est ainsi que HZPC Hollande a créé la filière HZPC France. Idem avec Desmazières filiale d’Agrico ou encore Meijer Hollande avec sa filiale Meijer France.
Autre acteur de taille, et nouveau venu dans le domaine de la pomme de terre, qui s’intéresse  désormais de près au tubercule, mais plus connu jusqu’ici dans la filiale betteraves : Florimond Desprez, actionnaire de Germicopa.
«Ces délocalisations et ces nouveaux acteurs dans la filière pommes de terre sont aussi les raisons de son dynamisme. Je pense que cet essor actuel ne va pas s’arrêter là. Il y a encore de la marge en termes de développement, même si cette marge n’est pas connue, sauf des industriels», commente Jerry Fromont. Enfin, si la filière se porte bien dans les Hauts-de-France, c’est aussi pour sa production de qualité tant sur les plans sanitaires que variétaux.

Des plants sous haute surveillance
Si la réglementation sur les plants certifiés, issue elle-même de la réglementation européenne, est des plus strictes, c’est d’abord et avant tout parce que la semence est sensible aux maladies. «La certification des plants de pommes de terre répond aussi à une exigence variétale», ajoute l’inspecteur du Gnis. Ainsi, les multiplicateurs de pommes de terre doivent être enregistrés et reconnus au Comité Nord pommes de terre.
Avant même que des pommes de terre ne soient plantées dans les champs, des prélèvements de terre sont réalisés dans toutes les parcelles pour s’assurer qu’il n’y a pas de présence de nématodes à kyste. Ensuite, les producteurs de plants de pommes de terre certifiés font l’objet de contrôles réguliers (tous les dix jours, ndlr) par parcelle, et dès qu’un lot est prêt à partir, avant d’être mis en sac, un nouveau contrôle en parcelle est effectué.
Reste que le taux d’utilisation des plants certifiés est, aujourd’hui, de l’ordre de 87 % à 88 %. Traduction : plus de 13 % de producteurs de pommes de terre n’utilisent pas des plants de pommes de terre. Certes, «les producteurs ont la possibilité de produire leurs propres semences, mais à condition qu’ils répondent aux exigences sanitaires et au volet d’obtention en faisant leur déclaration auprès de la Sicasov (Société d’intérêt collectif agricole des obtenteurs de variétés végétales)», précise Jerry Fromont. Pour ceux qui ne répondent pas à cette double exigence, ils s’exposent à des contentieux.

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